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De la théorie à la pratique, ce conseiller en création d'entreprise devient entrepreneur

Les spécialistes de la création d'entreprise font-ils de bons entrepreneurs ? Thomas Brembor, ex-conseiller BGE, tente le pari avec Ecoland. Un défi qui remodèle sa vision de l'entrepreneuriat. Il fait partie des Talents BGE 2023, opération dont Les Echos Entrepreneurs sont partenaires.

Thomas Brembor et sa compagne, Perrine Poiteaux, ont créé, en 2020, Ecoland, à Palluel (Pas-de-Calais), un projet entre tourisme, pédagogie et recherche.
Thomas Brembor et sa compagne, Perrine Poiteaux, ont créé, en 2020, Ecoland, à Palluel (Pas-de-Calais), un projet entre tourisme, pédagogie et recherche. (Vincent Colin)
Publié le 31 oct. 2023 à 14:00

Un ancien conseiller en création d'entreprise qui connaît sur le bout des doigts l'art délicat du business plan, les arcanes du montage financier et les méandres des statuts juridiques fait-il un bon créateur ? Peut-être. Est-ce pour autant plus simple ? Pas sûr. C'est en tout cas l'expérience grandeur nature que tente un trentenaire dans le Pas-de-Calais.

Thomas Brembor a derrière lui trois années d'expérience comme conseiller à la création d'entreprise pour BGE. Im donnait même des cours à la création d'entreprise au sein du master entrepreneuriat à l'université d'Artois, à Arras. Lorsqu'en 2020, il se lance dans l'aventure de la création, il semble donc très bien armé. Les surprises seront tout de même au rendez-vous.

Du baroudeur à l'universitaire

Thomas Brembor a pourtant plus d'un atout en poche. Educateur jeunesse, il passe une dizaine d'années à parcourir le monde, organisant des séjours touristiques en mode aventure pour le compte d'importants comités d'entreprise. Expérience qu'il met à profit pour un public aux revenus plus modestes via la création d'une association, Amis Go.

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« Puis j'ai décidé de reprendre mes études via un master économie gestion et entrepreneuriat, explique-t-il. Et c'est un ancien prof qui m'a recruté pour devenir conseiller BGE, à Arras. Je pouvais y cumuler mon expérience en animation et en entrepreneuriat au service des créateurs. » Mais une idée tourne dans la tête du jeune homme : « J'avais vécu un an en Australie et c'est là que j'ai pris conscience du dérèglement climatique, des enjeux d'expériences autour des énergies et modes d'habitats alternatifs, résilients. »

En février 2019, il répond à un appel à projet sur le thème du Vivre ensemble en 2030, pour lequel il met pour la première fois sur le papier ses idées, sous le nom de code d'Ecoland. Et gagne ce concours d'innovation.

Entre tourisme et éducation environnementale

Soutenus par la région Hauts-de-France, Thomas et sa compagne, Perrine Poiteaux, ont alors l'écoute d'élus locaux pour trouver le lieu idéal pour tenter l'expérience : « Le maire de Palluel a mis à notre disposition un terrain de camping municipal à l'abandon. »

Après une année de montage technique et juridique, Ecoland voit le jour dans cette commune du Pas-de-Calais. Un projet ambitieux et multifacettes entre tourisme, pédagogie et recherche.

Côté tourisme, Ecoland, c'est un lieu d'accueil avec six hébergements insolites : construction innovante à partir de terre de type super-adobe, tiny house, tipi, yourte : « Ce lieu, sur plus d'un hectare, se veut une clé d'entrée ludique sur la question de l'habitat de demain, où le public peut passer quelques nuits, se restaurer, se divertir. » Un restaurant à forte tendance végétarienne et bio complète l'offre de loisirs, aux côtés de concerts réguliers.

Outre les hébergements atypiques, Ecoland propose un service de restauration avec avec une vue sur le marais du Grand Clerc, à Palluel.

Outre les hébergements atypiques, Ecoland propose un service de restauration avec avec une vue sur le marais du Grand Clerc, à Palluel.DR

Le volet pédagogique, pour les écoles, les entreprises, les particuliers, permet de découvrir la permaculture, l'éco-habitat, la construction d'un four solaire, etc. L'ensemble est porté par l'association Graines d'Evolution que Thomas Brembor a créée en parallèle de sa SARL.

Enfin, Ecoland, c'est aussi un projet de recherche permettant notamment d'accompagner des porteurs de projet dans le domaine des low-techs. « Je vais d'ailleurs entamer une thèse sur le thème des perspectives de résilience d'un point de vue technique et d'organisation sociale », confie Thomas.

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De la théorie à la pratique de l'entrepreneuriat

En trois ans, les premiers résultats sont là. Le concept se rode et les demandes viennent de partout en France pour dupliquer le projet, et pourquoi pas en franchise. Raison pour laquelle Thomas Brembor reste discret sur les chiffres. Tout juste sait-on qu'il a dû investir entre 500.000 et un million d'euros, et que l'entreprise qui réalise quelques centaines de milliers d'euros de chiffre d'affaires, est rentable. Le tout fonctionne avec l'équivalent de 3 à 4 salariés hors saison, et 8 temps pleins en été, plus quelques extras selon les événements organisés.

Le projet, ambitieux, a toutefois causé quelques nuits blanches à l'entrepreneur. « C'est sans nul doute l'aspect financement qui a été le plus compliqué, et qui m'a le plus dérouté, reconnaît-il. J'avais pourtant le soutien de BGE et de la région, qui subventionnait 20 % des investissements corporels mais j'ai dû passer par deux banques pour boucler le financement. Une autre m'avait donné son feu vert… pour dire non un mois avant le début du chantier, alors que nous avions déjà payé sur fonds propres le matériel nécessaire. »

Heureusement, la situation se débloque et le chantier peut démarrer. « Je pense honnêtement que je n'aurais pas pu avancer sans mon ancienne expérience BGE, avoue l'entrepreneur. Par exemple, nous avons lancé un chantier participatif, mais j'avais tout de même besoin d'artisans. Devant la difficulté d'obtenir des devis rapides et raisonnables, j'ai fait appel à mon réseau, des artisans que j'avais aidé à monter leur entreprise ! »

Transmettre son expérience

Autre surprise : la gestion du temps : « On n'est jamais assez prêt sur le temps que l'on devra accorder à l'entreprise. Entre le chantier, la comptabilité… pendant trois ans, on a vécu quasiment à 100 % pour Ecoland… et dormi sur place ! »

Aujourd'hui, Thomas Brembor envisage de mener, en parallèle de sa vie d'entrepreneur, un nouveau rôle de conseiller à la création : « Il me faut encore un peu de temps pour digérer mon expérience et trouver comment la transmettre le plus efficacement, estime-t-il. Mais je n'accompagnerai que des porteurs de projets dans le domaine des éco-lieux, afin d'être au diapason de leur projet, de parler avec mes tripes et de les avertir des vraies difficultés d'une telle démarche. Alors que j'avais réfléchi au concept pendant des mois, il nous a fallu trois ans pour l'affiner, régler l'offre. La gestion d'imprévus est fondamentale. »

Pour l'entrepreneur, une belle preuve de reconnaissance, c'est aussi l'obtention du label Talents BGE 2023 !

Valérie Talmon

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