Après six refus bancaires, ce jeune Breton trouve les financements pour entreprendre

Avant de lancer Carrosse, en juin 2022, un service de location de voitures connectées implanté en Bretagne, Nathan Rospars s'est intéressé aux laveries automatiques, aux distributeurs de pizzas, aux boxes de stockage et aux stations de lavage automobile. En clair, à des business flexibles qui ne nécessitent pas une présence à temps plein.

L'envie de devenir entrepreneur lui est venue sur les bancs de l'école, lorsqu'il planchait sur les cours d'économie et de management à l' Ecole de commerce de Rennes. « J'ai toujours voulu entreprendre, être libre et responsable de mes succès et de mes échecs », confesse le dirigeant de 24 ans, qui cumule avec son statut d'entrepreneur un contrat à temps plein de responsable commercial au sein de la société de logiciel de gestion Organilog. Une façon pour lui de tester une nouvelle idée entrepreneuriale sans prendre de risques majeurs.

« En sortie de crise Covid, les loueurs classiques étaient en pénurie totale de voitures. Il y avait un vrai créneau pas développé sur les villes de 50.000 habitants », estime l'entrepreneur qui a réalisé une étude de marché début 2022 et s'est appuyé sur SNCF Open Data pour connaître la fréquentation de plusieurs gares bretonnes. « J'ai constaté que beaucoup de gens descendaient à Auray pour se rendre sur l'île de Quiberon, plutôt que Lorient ».

Un crédit bancaire difficile à obtenir

Pour s'implanter sur ce marché émergent, il mise dès le début sur la digitalisation. Il propose notamment de tout réaliser depuis son smartphone, de la réservation du véhicule à la prise en main, sans avoir à interagir avec un employé. Nathan Rospars a ainsi passé un partenariat avec la plateforme Getaround, qui apporte la solution du boîtier connecté et un référencement de ses véhicules sur la plateforme.

« Les clients, essentiellement des touristes et voyageurs d'affaires réguliers, sont guidés une heure avant la location. Ils reçoivent les coordonnées GPS du véhicule, stationné sur un parkings à proximité des différentes gares et le déverrouille avec leur téléphone. Un agent s'assure de la propreté des voitures », explique le fondateur de Carrosse, implanté à Quimper, Auray, Vannes et Saint-Malo.

Son premier financement, il l'obtient en avril 2022, un prêt de l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique) d'un montant de 7.000 euros, lui permettant d'acquérir sa première voiture d'occasion. Lorsqu'en revanche, il approche les banques pour solliciter un crédit de 15.000 euros, il essuie refus sur refus, six au total. « Une entreprise de véhicules de prêt connectés, ça ne leur disait rien », ajoute Nathan Rospars. L'entrepreneur ne s'est pas découragé. Il rassemble au total près de 100.000 euros auprès d' investisseurs entrant au capital de la société, un mix de « love money » provenant de la famille, des amis, d'un ancien collègue et de connaissances plus éloignées.

Une gestion quotidienne pas si simple

Habitué à gérer le développement de son entreprise en décalé le soir et le week-end principalement, Nathan Rospars avoue avoir sous-estimé quelques difficultés liées à la gestion des véhicules, qui nécessite de la disponibilité pour les contrôles techniques et de la réactivité en cas de panne. « Même si cela reste rare, il faut dans ce cas résoudre le problème tout de suite. Cela peut arriver le dimanche ou le lundi à 9 heures du matin. Certains agents peuvent prendre le relais. Lorsqu'ils ne sont pas disponibles, je m'en occupe à la fin de la journée après mes horaires de bureau », explique-t-il.

Cette double vie ne freine pas les ambitions de ce jeune entrepreneur. La société dispose aujourd'hui d'un parc de 20 véhicules, de la citadine au modèle familial. Des voitures achetées essentiellement en lot, via un réseau de professionnels et de garages partenaires pour bénéficier de tarifs plus attractifs.

« Plus vous disposez de véhicules, plus l'activité devient rentable. Lorsqu'une voiture a été emboutie l'année passée, j'ai mis six mois avant de toucher les fonds de l'assurance, une période pendant laquelle le véhicule ne tourne pas. Il est donc essentiel d'avoir une flotte importante pour lisser les risques et les frais d'entretien », conseille Nathan Rospars qui prévoit de boucler l'année 2023 sur un chiffre d'affaires de plus de 200.000 euros.

« Carrosse gagne de l'argent depuis le début de l'année. J'empoche environ 45 % de ce que le client va payer. Le reste étant reversé à la plateforme et à l'assurance et aux frais d'entretien », explique-t-il. L'entrepreneur envisage d'acquérir d'ici le printemps prochain 5 à 10 véhicules supplémentaires dont des modèles hybrides.