La surexposition des enfants aux écrans n’est pas prête de faiblir. Un foyer français compte en moyenne plus de dix terminaux. Soit trois smartphones, deux téléviseurs, deux ordinateurs, une tablette, une console portable et une montre connectée selon le Baromètre du numérique que réalise annuellement le Credoc, pour le compte de l’Arcep ou de l’Arcom, sur les usages du numérique en France.
Au niveau individuel, 87% des Français âgés de 12 ans et plus sont équipés d’un smartphone et d’un ordinateur. Les équipements numériques plus récents comme les objets et les enceintes connectées continuent de se diffuser : 37 % des répondants disposent d’au moins un objet connecté – pour la santé, la sécurité ou la domotique – et 29 % d’une enceinte connectée.
Au-delà des méfaits de l’hyperconnexion sur la santé physique et mentale, cette profusion pose un enjeu environnemental quand on sait que l’empreinte carbone du numérique est avant tout liée à la fabrication de ces appareils. Ainsi, sur l’ensemble des terminaux présents au sein d’un foyer, près d’un quart sont conservés sans être utilisés. Soit environ 70 millions d’appareils qui pourraient être reconditionnés ou recyclés.
Une conscience environnementale s’éveille
L’étude note toutefois que les utilisateurs sont de plus en plus attentifs à l’empreinte environnementale du numérique. En 2023, 21 % des répondants ont déclaré détenir un smartphone acheté reconditionné ou d’occasion. La proportion s’élève même à un tiers chez les plus jeunes (18-24 ans).
A défaut, 66 % des consommateurs veillent à accroitre la durée de vie de leurs équipements, 49 % à limiter leur nombre et 77 % à réduire l’électricité qu’ils consomment. Parmi les écogestes les plus fréquents cités, on trouve le nettoyage régulier des boîtes mails et la mise en veille de la box internet.
Avec l’extinction progressive de l’ADSL, la part des abonnés à la fibre ou au câble a bondi de 11 points en un an pour atteindre 67 % de la population. Cette part augmente même de 14 points dans les communes rurales où désormais près d’un abonné internet sur deux utilise la fibre.
La navigation mobile gagne les seniors
Que font les Français de cette connexion internet ? Massivement utilisées par les adolescents (94 %), les messageries instantanées de type WhatsApp, Messenger ou Telegram progressent nettement chez les plus de 40 ans. De même, les personnes âgées (70 ans et plus) se sont mises à naviguer sur internet via leur mobile. Elles sont près de 60 % à le faire contre moins de 20 % en 2017.
Après une croissance ininterrompue entre 2016 et 2022, la proportion d’abonnés à un service de vidéo à la demande (VAD) marque le pas et n’augmente que d’un point en 2023. En revanche, il y a de plus en plus de lecteurs réguliers de la presse en version numérique. Ils représentent 60 % de la population, soit 4 points de plus en trois ans. 23 % des Français s’informent même uniquement en ligne.
Pour la première fois, la part d’acheteurs en ligne connait une nette baisse. 73 % des Français ont recours à l’e-commerce contre 77 % un an plus tôt. On peut y voir un effet post-Covid et un retour aux commerces physiques. En revanche, le numérique explose dans le domaine de la santé. Nos concitoyens sont de plus en plus enclins à utiliser les nouvelles technologies pour contrôler leur état de santé, transmettre des informations à leur médecin ou téléconsulter
Un nouvelle fracture sociale
12 % des Français ont déjà utilisé des outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT, Google Gemini, Midjourney ou Dall-E dans le cadre de leur vie professionnelle ou de leurs études et 16 % dans leur vie privée. Sans surprise, la proportion est plus élevée chez les cadres et professions intellectuelles supérieures mais aussi chez les habitants des grands centres urbains.
Le numérique n’est pas sans danger. Un quart des Français se déclare victime d’actes de cybermalveillance de type escroquerie, fraude, harcèlement ou injures en ligne. Si les dispositifs de signalement de contenus inappropriés sur les réseaux sociaux et plateformes de partage de vidéos sont particulièrement utilisés par les jeunes adultes (84 %), ils le sont très peu par les adolescents (25 %).
La généralisation des usages numériques crée aussi un nouvelle fracture au sein de la société. Le manque de maîtrise empêche un quart des Français d’utiliser pleinement les apports du numérique. Là encore, cet « illectronisme » est directement corrélé avec le niveau de diplôme. Et si les Français diplômés se « débrouillent » seuls en cas de difficulté, les autres préfèrent appel à leurs proches.
