[L’instant tech] Chez PwC, l’industrie 4.0 comme outil de décarbonation et de relocalisation
Une petite ligne de production factice, installée dans les locaux de PwC de Neuilly-sur-Seine, illustre l’approche de l’entreprise de conseil dans ses projets industriels : la décarbonation et la relocalisation par les outils numériques.
L’installation peut paraître saugrenue dans des locaux de bureaux, en plein Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Sur un petit circuit fermé, un véhicule à guidage automatique (AGV) prend et dépose des racks en continu, passant devant un robot six axes qui répète inlassablement, dans le vide, les mêmes mouvements. Des lettres lumineuses surplombent l’installation : Industry lab. C’est ici que PwC donne à voir ses projets et technologies déployés dans l’industrie. De plus en plus orientés vers la décarbonation et la relocalisaton. Des sujets dans l’air du temps.
Inauguré le 1er décembre, cet espace vise «à sensibiliser les collaborateurs du groupe et inviter les clients à la réflexion», présente Stéphane Loubère, associé chez PwC. Dans le hall de l’immeuble, des installations du même genre illustrent les travaux du groupe dans la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle ou encore la blockchain et les NFT. Autant de sujets sur lesquels mise l’entreprise pour sa «nouvelle équation», stratégie lancée à l’été 2021 en réponse, selon un communiqué émis à l’époque, «aux profondes évolutions que traverse le monde: disruption technologique, changement climatique, fractures géopolitiques, conséquences de la pandémie de Covid-19…»
Une solution basée sur l'approche japonaise du Karakuri Kaizen
Décarbonation et relocalisation sont ainsi entrés au cœur des projets industriels de PwC. «Nous avons commencé à y travailler quelques années avant l’arrivée du Covid, grâce au 4.0, en cherchant à rattraper le retard français sur l’Allemagne, relate Evrard Dauger, responsable industrie 4.0 du groupe. Il s’avère que c’était le bon moment.» L’entreprise accueille notamment des doctorants sur l’automatisation, la cybersécurité et les jumeaux numériques dans un partenariat avec les Arts & Métiers ParisTech.
Censée accueillir l’assemblage de dodécaèdres en plastique, la ligne tourne à vide ce jour-là à cause d’un problème technique. «Normalement, ce robot dépile les pièces et les transfère à l’assemblage, pointe Stéphane Loubere, associé de PwC. Il n’y a aucun moteur sur le reste de la ligne d’assemblage : toute la transitique est opérée par des jeux de poulies.» L’installation, basée sur l’approche du karakuri kaizen, est fournie et développée par le français AIO, spécialiste de la question. «C’est une technique assez astucieuse, apparue au Japon dans les années 1950 et qui émerge en France, surtout dans l’automobile, depuis une dizaine d’années», raconte l’associé, qui assure que la plupart des solutions portées par PwC sont made in France.
«La contrainte carbone et sobriété est intégrée à toutes nos solutions depuis quelques années», expose Stéphane Loubere. Et reçoit un coup d’accélérateur avec la crise énergétique. «Les retours sur investissement d’un projet d’économie d’énergie étaient encore de 10 à 15 ans l’année dernière, rappelle-t-il. Là, nous arrivons à cinq ans, une durée compatible avec les délais industriels.»
Cockpit carbone et approvisionnements locaux
L’entreprise a ainsi développé un outil qui permet «d’estimer le bilan carbone du scope 3 d’un produit à partir de sa nomenclature», présente le partner. Une autre, baptisée carbon cockpit, mesure en deux semaines l’empreinte carbone totale de l’infrastructure informatique d’une organisation. Et permet ensuite d’en suivre l’évolution pour mieux la maîtriser, en réalisant notamment la simulation de scénarios d'optimisation.
Dans la même veine, un autre produit permet «d’identifier une alternative française, ou à minima plus locale, de sourcing d’un produit», continue-t-il. Un projet, mené avec des régions, PME et ETI aurait ainsi permis de trouver «des alternatives locales avec un surcoût d’à peine 10% par rapport à un approvisionnement étranger». Une solution de proximité qui permet, selon l’associé, «de sécuriser les approvisionnements, de co-concevoir avec ses fournisseurs et de réduire son bilan carbone».
Des priorités qui sont aussi au cœur de l’offre de conception de site industriel, qui intègre autant la décarbonation, la cybersécurité et la formation. Sans oublier les désormais inévitables technologies de l’industrie 4.0. Dans l’espace de démonstration sont d’ailleurs présentés différents cas d’usages déployés chez des clients : de la simulation d’une attaque informatique à l’outil de transmission des connaissances en réalité augmenté, en passant par le contrôle mains-libres d’un pont roulant et l’impression 3D.
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