À voir sur Arte.tv : quatorze courts métrages prometteurs dans la course aux César 2022

À quelques semaines de la cérémonie des César, Arte propose de savourer quatorze des films présélectionnés dans les catégories meilleur court métrage de fiction et d’animation. Émouvants, surprenants, exigeants ou décalés, ils témoignent de la vitalité du format. Découvrez trois pépites.

Romance, jalousie, ultraviolence… « Love Hurts », court métrage d’Elsa Rysto (2020), détourne les codes de la romcom adolescente américaine Romance, jalousie, ultraviolence… « Love Hurts », court métrage d’Elsa Rysto (2020), détourne les codes de la romcom adolescente américaine

Romance, jalousie, ultraviolence… « Love Hurts », court métrage d’Elsa Rysto (2020), détourne les codes de la romcom adolescente américaine Arte

Par Cécile Marchand Ménard

Publié le 25 décembre 2021 à 18h00

Une Palme d’or, un prix du jury au Festival du film d’animation d’Annecy, un autre au Festival de Sundance et même le prix de la presse Télérama au dernier Festival du court métrage de Clermont-Ferrand… Jusqu’au 30 mars prochain, Arte propose de découvrir ou revoir en ligne quatorze films, parmi les vingt-quatre courts de fiction et les douze courts d’animation présélectionnés pour les César 2022.

Précédemment diffusés dans Court-circuit, le magazine du court métrage de la chaîne franco-allemande, et récompensés à travers le monde, ces films témoignent d’une création riche, inventive, exigeante et surprenante. À Souvenir, souvenir (Bastien Dubois), Les Mauvais Garçons (Élie Girard), Le Sang de la veine (Martin Jauvat) ou encore La Maison (pas très loin du Donegal) (Claude Le Pape), déjà salués par la rédaction de Télérama, s’adjoignent dans cette sélection trois pépites qui seront peut-être récompensés lors de la cérémonie du 25 février prochain.

 

La grâce d’une maquilleuse funéraire

Une femme se souvient avoir été privée, alors qu’elle était enfant, d’un dernier moment auprès de proches décédés. Quelques années plus tard, elle est devenue maquilleuse funéraire et magnifie, soigne et libère les corps avant leur dernier voyage. Comme une manière de panser ses plaies du passé.

Élaboré autour d’un texte interprété par Saâlla Kittar et sublimé par une musique originale de Pierre Caillet, le court métrage délicat de Marine Blin interroge notre rapport aux corps défunts et au processus de deuil. Dans une première partie douce, marquée par une animation au pastel, la cinéaste formée à l’école de la Poudrière privilégie des motifs mouvants, vaporeux, symboles d’une mémoire lacunaire. Au temps présent, dans une deuxième partie plus réaliste, les hommes et les femmes dont prend soin la protagoniste nous apparaissent à travers son regard. Une main, un sein, une bouche. D’un trait plus précis, au crayon, Marine Blin capture avec pudeur, poésie et finesse les dernières images de défunts et le caractère précieux des derniers moments passés à leurs côtés.

Ce qui résonne dans le silence, de Marine Blin (2020).


L’âpre combat d’une précaire

« Je suis bouleversé par la dignité des hommes et des femmes à essayer de tenir debout et particulièrement lorsqu’ils sont confrontés à un monde injuste », témoignait dernièrement Maxime Roy, réalisateur du court Des gens bien, invité dans un épisode de Court-circuit, le magazine du court métrage d’Arte. Deux ans après Beautiful Loser (2018) et un an avant son adaptation longue Les Héroïques (2021), le cinéaste filmait avec sensibilité le combat d’une femme pour rester à flot. Au chômage, enceinte de huit mois, elle lutte contre les pressions constantes de sa mère, de son compagnon, de Pôle emploi et contre une précarité qui semble inévitable.

Dans des plans étirés parfois de longs moments, Maxime Roy souligne les émotions de Clara Ponsot, interprète juste, qui évite l’écueil du larmoyant et du misérabiliste. Avec un regard naturaliste, le cinéaste capture la dureté d’un système qui ne laisse aucune chance aux plus démunies.

Des gens bien, de Maxime Roy (2020).


Un “teenmovie” bien noir

« Attention, ce programme comporte des scènes déconseillées au public jeune ou sensible. » Et pour cause, avec Love Hurts, Elsa Rysto réunit les univers de La Folle Journée de Ferris Bueller (John Hughes, 1986) et de… Fight Club (David Fincher, 1999), dans ce qu’elle qualifie de « dark teenmovie ». Son moyen métrage surprenant mêle cours de lycées, bandes de potes, romance, jalousie et ultraviolence totalement irréaliste.

Sérieuse, assidue et réservée, Sam tombe sous le charme de Troy, adolescent s’adonnant à des bagarres dont il ne ressent pas les effets. Elsa Rysto emprunte les codes de la romcom adolescente américaine (le nom du héros, une bande-son mielleuse), pour mieux les détourner. À la frontière des genres, les codes de la masculinité exacerbée apparaissent notamment d’autant plus ridicules. Noée Abita (Slalom), sensible, rencontre Andranic Manet, étonnant en ado inadapté. Leur duo convaincant et curieux touche. Mais tout semble basculer dans une scène finale au ton résolument plus sérieux, qui tranche avec la glamourisation de la violence de mise tout au long du film.

Love Hurts, d’Elsa Rysto (2020).


À voir
César 2022 : découvrez sur Arte 14 des courts et moyens métrages en lice.

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