[go: up one dir, main page]

"Homme augmenté" : "Ça n’est plus de la science-fiction", détaille le psychiatre Raphaël Gaillard

Le normalien et psychiatre Raphaël Gaillard est l'auteur de "L'Homme Augmenté" (chez Grasset). - Jean-François Paga
Le normalien et psychiatre Raphaël Gaillard est l'auteur de "L'Homme Augmenté" (chez Grasset). - Jean-François Paga
vidéo
Le normalien et psychiatre Raphaël Gaillard est l'auteur de "L'Homme Augmenté" (chez Grasset). - Jean-François Paga
Publicité

Raphaël Gaillard, normalien et psychiatre, directeur du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’hôpital Saint-Anne et de l’Université Paris Cité, est aussi l'auteur de “L’homme augmenté” (Grasset).

C’est une vision du monde de demain. Dans son livre, le psychiatre Raphaël Gaillard dresse le portrait robot de “l'homme augmenté”, l'idée “que nous puissions associer l'homme à la machine, que nous puissions augmenter l'homme en le mettant en interface avec la machine, le robot donc, l'ordinateur”. “Pas seulement son squelette, ce qu'on appelle l'exosquelette, pas seulement sa force physique, mais son organe le plus fantastique, celui qui nous définit, celui qui fait que nous sommes cette espèce particulière, celle des sapiens : son cerveau”, précise-t-il, ajoutant que ce que l’on veut aujourd’hui “démultiplier” est bien “la puissance du cerveau” humain.

C’est notamment le projet d’un Elon Musk : “Il nous dit que l'intelligence artificielle explose, est extrêmement puissante aujourd'hui, le sera encore plus demain, et que notre seule chance à nous humains d'y faire face, c'est de nous hybrider avec l'intelligence artificielle”, explique Raphaël Gaillard. “Ça n’est plus de la science-fiction”, ajoute-t-il d’ailleurs. “Par exemple, on soigne tous les jours des patients qui ont une maladie de Parkinson avec des électrodes intracérébrales qui viennent contrôler le tremblement très invalidant” cite-t-il en exemple de “réalité du soin”. .

Publicité

“D'ailleurs, quand on soigne, ce n’est jamais très facile de définir la limite entre la réparation et l'augmentation. Si je restaure votre audition que vous n'aviez plus, est-ce que je ne vais pas la rendre meilleure que ce qu'elle était avant ou par rapport à la population générale ?” Ce qui reste dans la science-fiction, précise-t-il, “c’est cette idée qu'on pourrait augmenter globalement le cerveau, qu'on pourrait le mettre à jour instantanément comme on met à jour un ordinateur. Or, votre cerveau, c'est 85 milliards de neurones et il n'y a pas un port USB qui permet d'accéder à l'ensemble”.

"Il faut aller vers la technologie, mais il faut s'y préparer"

Cette augmentation peut d’ailleurs avoir des effets secondaires. Par l’usage de drogues, notamment : “Prendre des psychostimulants, au bout d'un moment, ça vide tous vos neurotransmetteurs.” Ou bien à cause de “l’effet Google” qui fait que “lorsqu’on sait qu’une connaissance est entreposée quelque part, on n'a pas besoin de la retenir”. “De même qu'avec mon smartphone, je sais que j'ai tous les téléphones portables de la Terre, et bien, par conséquent, je n'ai plus à retenir un seul numéro de téléphone portable.”

Toutefois, précise Raphaël Gaillard, “au fond, déléguer, externaliser, affaiblir notre mémoire, on l'a déjà connu dans notre histoire : ça s'appelle le livre (...) grande hybridation de l’humanité”. Il pose la question de la préparation à cette hybridation : “Il faut aller vers la technologie, mais il faut s'y préparer. Et la meilleure façon de s'y préparer, c'est de faire ce qui a réussi à l'échelle de l'humanité, la grande hybridation, la grande augmentation de l'homme par l'écriture et la lecture.”

L'équipe

pixel