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Au coeur du dilemme qu’a le Canadien avec Matvei Michkov et le 5e choix au repêchage

SKA Hockey Club player, Matvei Michkov (No.39) seen in action during the Kontinental Hockey League, regular season KHL 2022 - 2023 between SKA Saint Petersburg and Dinamo Minsk at the Ice Sports Palace. (Final score; SKA Saint Petersburg 3:2 Dinamo Minsk) (Photo by Maksim Konstantinov / SOPA Images/Sipa USA)(Sipa via AP Images)
By Arpon Basu
Jun 5, 2023

Le scénario doit sembler étrangement similaire pour l’état-major du Canadien.

Pour la deuxième année consécutive, il est confronté à la possibilité de repêcher un joueur que de nombreux fans du Canadien réclament à cor et à cri. Et pour la deuxième année consécutive, il semble très possible qu’il ne choisira pas ce joueur.

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Le Canadien détient le cinquième choix de la séance de repêchage, plus tard ce mois-ci, et le phénomène russe Matvei Michkov sera probablement assis là, attendant d’être réclamé.

L’an dernier, Jeff Gorton et Kent Hughes étaient allés à l’encontre de l’opinion publique en choisissant Juraj Slafkovský au lieu de Shane Wright avec le tout premier choix. Cette décision a prouvé que Gorton et Hughes n’avaient pas peur d’irriter les partisans.

Seraient-ils prêts à le faire deux années de suite, à leurs deux premiers repêchages à la tête du Canadien ? Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Mais il est difficile de ne pas percevoir l’impression négative qu’a le Canadien de l’ensemble de la situation entourant Michkov.

J’ai l’impression que le problème n’est pas tant le fait d’avoir à attendre son arrivée que le manque de contrôle que le Canadien aurait sur le développement du joueur pendant trois ans. C’est un état-major qui croit fermement au modèle de développement qu’il a mis en place. Faire confiance à une autre organisation – en l’occurence le SKA Saint-Pétersbourg de la KHL – pour assurer le développement de Michkov à sa place, surtout que le SKA sait que le joueur finira par partir, ne me semble pas être quelque chose que le Canadien apprécie particulièrement. On pourrait penser que ce n’est pas si différent de l’embauche d’un joueur destiné à un collège américain ou à une équipe professionnelle européenne, mais pour ces cas-là, le Tricolore a des camps de développement auxquels les joueurs peuvent participer, certains d’entre eux participent même à des camps d’entraînement, et le personnel de développement des joueurs peut faire des visites régulières et entamer un dialogue avec les entraîneurs de leurs jeunes protégés sur la façon dont ils progressent.

Rien de tout cela n’arriverait avec Michkov.

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Mais parfois, le talent d’un joueur l’emporte sur toutes ces préoccupations. Michkov est-il l’un de ces talents ? Je ne le savais pas, et honnêtement, je ne le sais toujours pas. Mais j’en ai une meilleure idée maintenant, après avoir regardé plusieurs vidéos de Michkov, quatre de ses matchs dans la VHL (la version russe de la Ligue américaine), huit de ses matchs dans la KHL, et deux de ses matchs de séries éliminatoires dans la MHL, la ligue junior de Russie. Cet exercice est très similaire à celui que j’ai fait avec Wright avant le repêchage de la saison dernière, avec les mêmes mises en garde. Je ne suis pas un recruteur. Je ne prétends pas avoir une quelconque expertise dans l’évaluation des joueurs. Ce qui suit est simplement mon opinion sur un joueur très controversé avant ce repêchage.

La seule différence, dans ce cas-ci, c’est que j’évalue ce joueur à travers la même lentille que plusieurs équipes de la LNH, car très peu de dépisteurs ont pu observer Michkov sur place durant son année de repêchage en raison des restrictions sur les voyages en Russie qui sont actuellement en vigueur. Même le co-directeur du recruteur amateur du Canadien, Nick Bobrov, qui est pourtant Russe, n’a pu se rendre dans son pays natal cette saison, d’après ce qu’on m’a dit.

Mais contrairement à la situation qui prévalait il y a un an, nous disposons maintenant d’une base d’informations sur la façon dont la direction du Canadien et son équipe de recruteurs pensent, compte tenu de la décision qu’ils ont prise de repêcher Slafkovský au lieu de Wright, et plus généralement de certaines des décisions qu’ils ont prises en matière de personnel des joueurs.

Examinons donc Michkov en tant que joueur avec ce que nous montrent les vidéos pour voir s’il y a suffisamment d’éléments pour faire oublier l’incertitude qui l’entoure, de l’attente minimale de trois ans avant son arrivée (il faut insister lourdement sur le mot « minimale ») à l’énorme inconnue que représentent les ambitions militaires de la Russie au cours des trois prochaines années. Mais aussi, et c’est peut-être la partie la plus importante, comment Michkov s’intègrerait au Canadien en fonction de ce qu’il valorise en tant qu’organisation.

La valeur du sang-froid

Michkov a joué trois matchs pour le SKA Saint-Pétersbourg et n’a eu que très peu de temps de glace. Il a été cédé en VHL et a dominé en marquant 10 buts en 12 rencontres. Saint-Pétersbourg a alors décidé qu’il perdait son temps dans la VHL et elle a organisé un prêt pour qu’il aille jouer à Sotchi, une équipe de bas de classement dans la KHL qui serait en mesure de fournir à Michkov les minutes dont il avait besoin pour faire face à une compétition de qualité. À première vue, cela montre à quel point le SKA a à cœur le développement de Michkov, car c’était la meilleure chose à faire pour lui.

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Son premier match avec Sotchi s’est déroulé contre le Red Star Kunlun (nous y reviendrons dans un instant), mais son deuxième a eu lieu contre Ak Bars Kanan, une puissance de la ligue. Ce qui est ressorti de ce match, et de presque tous ceux que Michkov a disputés contre certaines des meilleures équipes de la ligue, c’est qu’il ne s’est pas démarqué. Et, comprenons-nous bien, c’est un point positif. Michkov a continué à jouer son jeu, à faire des jeux, et n’a pas semblé le moindrement sorti de son élément. Il avait l’air d’être à sa place, même s’il venait d’avoir 18 ans quelques semaines auparavant et qu’il évoluait dans la deuxième meilleure ligue au monde. C’est ça, le sang-froid.

C’est lors de ce match contre Kazan que Michkov a marqué son premier but dans l’uniforme de Sotchi.

C’est à propos que son premier but ait ressemblé à cela, même s’il s’agit du seul but en supériorité numérique qu’il a marqué de toute sa saison en KHL, car Michkov tire abondamment de cet endroit en supériorité numérique, et il le fait de différentes façons, en créant des angles de tir grâce à son côté insaisissable et en battant de vitesse les adversaires qui veulent bloquer son tir grâce à une dégaine très rapide. J’ai compilé ses tentatives de tirs dans toutes les situations sur un échantillon aléatoire de cinq matchs, plus tard dans sa saison en KHL – on parle de 42 tentatives de tirs en cinq matchs – et voici à quoi cela ressemblait.

Même si Michkov a rarement marqué depuis le cercle gauche (c’est l’un des deux buts qu’il a inscrits à partir du cercle gauche au cours de la saison), il a généré beaucoup d’attaque en envoyant des rondelles au filet. En fait, trois de ses 11 mentions d’aide dans la KHL sont survenues à la suite d’un tir, que ce soit sur une déviation ou un retour de lancer.

Le volume de tirs effectués par Michkov est, d’une certaine manière, une autre mesure de son sang-froid. Il n’était pas timide et ne s’en remettait pas à ses coéquipiers plus âgés. En fait, ses coéquipiers de Sotchi s’en remettaient souvent à lui, lui refilant la rondelle en zone offensive, de sorte que l’attaque passait souvent par lui. Pour un joueur de son âge, c’est remarquable.

Un autre exemple de son sang-froid est apparu le 8 janvier, lors de son premier match contre le SKA Saint-Pétersbourg, l’équipe qui n’avait pas de place pour lui. Imaginez ce que ce match pouvait signifier pour lui, à Saint-Pétersbourg de surcroît, à quel point il pouvait avoir envie de bien jouer, et à quel point toutes ces émotions auraient pu paralyser un jeune homme de 18 ans dans cet environnement hostile.

Au cours de la première période de ce match, avec toutes ces émotions qui le traversaient, Michkov a fait ceci.

Michkov a inscrit un but et ajout une mention d’aide lors de ce match. C’est de loin le meilleur match que je l’ai vu jouer. Encore une fois, le sang-froid.

On n’insistera jamais assez sur l’excellence de Michkov en zone offensive. Ses touches sont raffinées, son tir du poignet est mortel, mais surtout, sa prise de décision est incroyablement précise. Il sait ce qu’il va faire avec le disque avant de le recevoir. Même s’il pourrait les utiliser plus souvent, il voit souvent ses coéquipiers à découvert avant qu’eux-mêmes ne se rendent compte qu’ils le sont. Son jeu de jambes et son jeu de lames font de lui une cible très insaisissable et, en espaces restreints, il a une rapidité d’exécution aussi efficace que trompeuse. Il n’y a aucune raison de croire que Michkov ne sera pas un jour un joueur très productif dans la LNH en raison de son arsenal d’outils offensifs.

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Mais il y a un certain contexte à sa production.

Tout d’abord, sa production record. On a beaucoup mentionné que le taux de succès de Michkov cette saison était historique pour un joueur de son âge. Ses 20 points en 27 matchs avec Sotchi, sur une moyenne de points par match, sont supérieurs à ceux d’Alex Ovechkin à son année de repêchage. Mais il faut garder à l’esprit que Michkov a eu une chance inouïe d’obtenir un temps de glace significatif, en jouant dans des situations importantes au sein d’une équipe terrible, ce dont d’autres espoirs russes n’ont pas nécessairement bénéficié. Michkov a joué dans une équipe où il était souvent sur la glace et où il avait souvent la rondelle. À son crédit, il en a tiré le meilleur parti.

Par ailleurs, huit de ses 20 points – soit 40 % de sa production – ont été obtenus en deux matches contre le Red Star Kunlun, l’avant-dernière équipe de la KHL. Michkov a obtenu 12 points lors de ses 25 autres rencontres, ce qui est encore très bon pour un joueur de la KHL admissible au repêchage, mais pas aussi épatant que le total qu’il a obtenu à la fin de la saison.

Mais aussi bon soit Michkov en zone offensive, il y a deux autres territoires sur une patinoire.

Avoir la tête à l’attaque… tout le temps

Certains vont peut-être lever les yeux au ciel, mais jouer sans la rondelle est un élément important de l’identité d’un joueur et de ce qu’il peut apporter à une équipe.

Regarder Michkov jouer en zone défensive m’a rappelé le joueur de baseball Ted Williams, qui était parfois vu en train de travailler son élan alors qu’il jouait au champ extérieur pour les Red Sox de Boston. Michkov est peut-être physiquement là en zone défensive, mais son esprit semble constamment concentré à l’autre bout de la glace. Il ne s’éloigne que rarement de la ligne bleue défensive et ne s’engage que rarement dans des batailles pour sortir le disque de la zone. Ce n’est tout simplement pas son truc. Et il est constamment en train de foncer en dehors de la zone pour prendre l’adversaire à contre-pied sur une contre-attaque, souvent bien avant que son équipe se soit assuré de la possession de la rondelle.

Le problème avec Michkov, c’est qu’il est très facile de concocter une vidéo de faits saillants parce qu’il fait souvent des jeux extraordinaires. Pour le plaisir, en voici un, une feinte incroyablement trompeuse pour se libérer d’un couvreur et sortir de la zone.

En voici une autre, où Michkov réalise des jeux de niveau élite qui, à deux reprises au cours de la même présence, vont presque mener à un but (c’est lui qui fait la passe immédiate à partir de la bande pour un tir sur réception dans l’enclave, à la fin du clip).

Parfois, c’est aussi subtil qu’une petite feinte vers l’intérieur avant de dévier doucement vers l’extérieur et se libérer de son marquage pour marquer sur une déviation.

Et parfois, ce n’est pas subtil du tout.

Je pourrais continuer comme ça.

Mais l’affaire avec Michkov, c’est qu’il est tout aussi facile de créer une vidéo de « faits saignants », si vous voulez. On le voit désengagé en zone défensive, tanguer vers la zone offensive, ne pas faire ce qu’il faut pour que son équipe récupère le disque et pour que lui puisse faire ce qu’il fait le mieux, c’est-à-dire jouer avec la rondelle en zone offensive. Il a tendance à laisser les autres s’occuper de cette tâche-là à sa place, ce qui est correct. Plusieurs francs-tireurs font cela.

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Il est juste rare de voir quelqu’un qui adhère à ce point à cette division du travail.

Le fait que la plupart des recruteurs de la LNH n’aient pas pu se rendre en Russie pour le voir jouer en direct lui porte préjudice, car la plus grande limite du recrutement par vidéo est qu’on ne voit pas ce qui se passe en dehors de l’écran, et il y a des moments dans sa propre zone où Michkov n’est tout simplement pas à l’écran, et où on se demande ce qu’il fait.

Ici, par exemple, Michkov quitte la zone avant que Sotchi ne se soit emparé du disque et il lui faut neuf secondes pour revenir dans l’écran, à la toute fin de la séquence.

Ou bien ici, où l’on voit quatre chandails foncés travailler en zone défensive pendant cinq secondes avant l’arrivée de Michkov (bien qu’il récupère la rondelle à son arrivée). Il convient de noter que le joueur qui est tombé juste devant Michkov au début du clip est le premier attaquant à se replier.

Que faisait Michkov? S’est-il coincé dans le défenseur adverse après l’avoir fait trébucher au début du clip? Peut-être? Qui sait?

Et ici, dans un match de la VHL, Michkov sort du banc au tout début de la séquence alors que l’équipe adverse se dirige vers sa zone défensive avec la rondelle. Regardez combien de temps il faut pour qu’il apparaisse à l’écran.

Qu’est-ce qui lui a pris tant de temps? C’est une question à laquelle on peut répondre en voyant le match sur place, mais qu’on ne peut tout simplement pas élucider sur vidéo. Mais lorsque des moments comme celui-ci commencent à s’accumuler sur vidéo, lorsqu’on se demande de plus en plus fréquemment ce qui se passe hors de l’écran, Michkov commence à perdre un peu le bénéfice du doute.

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Un niveau de compétition à taux variable

Le soir du tirage au sort en vue du repêchage, on a demandé à Hughes ce qu’il valorisait le plus chez un espoir. Sa réponse peut nous guider ici.

« On apprécie certainement le sens du hockey et le caractère, deux qualités qui reviennent sans cesse. L’esprit de compétition en est un autre, a dit Hughes. Mais c’est intéressant, je pense que lorsque vous constituez une équipe, il y a une différence entre le repêchage et la construction d’un alignement, pour ainsi dire. Au repêchage, on accorde de l’importance au sens du hockey, mais ça ne veut pas dire que si un joueur apporte certaines qualités à un niveau si particulier par rapport aux autres, le joueur qu’on repêche sera nécessairement le joueur de hockey le plus intelligent ou celui qui a nécessairement le plus de caractère parmi tous les joueurs disponibles. Mais ce sont certainement des qualités auxquelles on accorde de l’importance et qu’on recherche chez tous les joueurs qu’on choisit. »

Michkov a un sens du hockey qui lui sort par les oreilles. Il voit des choses sur la glace qu’on ne peut tout simplement pas enseigner, des schémas en défense, des lignes de passe ou du travail dans l’espace. Il est difficile de parler du caractère de Michkov, car c’est quelque chose qui ressort en grande partie des conversations avec le joueur et avec ceux qui l’entourent, ce que je n’ai pas fait et que le Canadien, en grande partie, ne pourra pas faire non plus. Michkov, comme tous les espoirs russes, ne sera pas présent au Combine de cette semaine.

Le niveau de compétition, cependant, est quelque chose qu’on peut voir sur vidéo, et après avoir regardé Michkov évoluer à trois niveaux différents du hockey russe cette saison, une chose qui est ressortie est que sa compétitivité avait tendance à varier en fonction de la ligue dans laquelle il jouait. Dans la KHL, son niveau de compétition n’était certes pas constant, mais il était souvent très élevé. Il avait l’air d’un joueur motivé et faisait parfois des choses qui n’étaient pas dans ses habitudes, comme un repli intensif pour récupérer le disque.

En dehors de ses matchs dans la KHL, cependant, c’était une autre histoire. Pendant qu’il accumulait des statistiques prolifiques dans la VHL, il semblait souvent désintéressé en zone défensive, essayant à peine et, à la fin de cette longue séquence, ne se souciant même pas qu’il y avait quelqu’un juste à côté de lui prêt à dégainer de l’enclave.

Ça a été la même chose lors des séries éliminatoires de la MHL à la fin de sa saison. On a souvent eu l’impression qu’il avait mieux à faire. D’un côté, il a donc montré qu’il avait ce talent, mais de l’autre, il n’a choisi de le montrer que lorsque cela lui convenait.

La construction d’un alignement

Une partie intéressante de la citation de Hughes est qu’il affirme qu’il y a une différence entre le repêchage et la construction d’un alignement, ce qui est une façon saine de voir les choses. En général, on ne peut pas savoir à quoi ressemblera la formation lorsqu’un joueur repêché sera prêt à jouer, et il est donc sage de ne pas en tenir compte.

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Dans ce cas-ci, cependant, je crois que le Canadien doit effectivement se pencher sur son groupe d’attaquants, et plus particulièrement sur la présence de Cole Caufield au sein de son top-6. D’ici le début de la saison, à moins qu’un imprévu ne se produise et que les pourparlers ne dérapent, Caufield aura en poche un long et lucratif nouveau contrat. Il est un buteur à l’échelle de la LNH, il l’a prouvé avec 53 buts à ses 123 premiers matchs en carrière, et il jouera un rôle important avec le Canadien pendant longtemps.

Hughes a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait rien contre les joueurs de petite taille, mais qu’il ne fallait pas en avoir trop. Est-ce que le fait d’avoir deux joueurs de petite taille dans son top-6 serait un de trop ?

Le choix de Slafkovský par le Canadien l’an dernier était basé sur plusieurs facteurs, mais l’un d’entre eux était la croyance que le gabarit vous aide à gagner dans les séries éliminatoires de la Coupe Stanley. C’est une croyance bien ancrée au sein de l’état-major du Canadien, et quand on regarde les 20 équipes qui ont atteint une finale d’Association au cours des cinq dernières années, on voit que c’est une croyance fermement enracinée dans la réalité.

Michkov est répertorié à 5’10, même si plusieurs dépisteurs le considèrent plus près de 5’9. Mais nous utiliserons tout de même ses 5’10 comme référence, car Michkov ne serait pas le premier joueur de hockey à bénéficier de mensurations généreuses. Voici les joueurs de 5’10 ou moins qui ont joué plus de la moitié des matches de séries pour un finaliste d’association au cours des cinq dernières années, y compris cette année.

Petits joueurs en finale d'Association
Équipe
  
Année
  
Joueurs
  
2019
Brad Marchand
Noel Acciari
Torey Krug
Matt Grzelcyk
2019
Aucun
2019
Jaden Schwartz
2019
Aucun
2020
Andrew Cogliano
2020
Aucun
2020
Yanni Gourde
Tyler Johnson
2020
Jonathan Marchessault
2021
Cole Caufield
Brendan Gallagher
Paul Byron
2021
Aucun
2021
Yanni Gourde
Tyler Johnson
2021
Jonathan Marchessault
2022
Alex Newhook
Andrew Cogliano
2022
Kailer Yamamoto
Derek Ryan
Josh Archibald
2022
Tyler Motte
2022
Aucun
2023
Seth Jarvis
2023
Max Domi
2023
Ryan Lomberg
2023
Jonathan Marchessault

On parle de 25 joueurs au sein de 20 équipes en cinq ans, et de 23 attaquants. Sur ces 23 attaquants, seulement 10 ont terminé les séries dans les six premiers au chapitre du temps de glace moyen parmi les attaquants de leur équipe, et ça n’a jamais été deux attaquants de la même équipe. Cela représente 10 attaquants sur 120 (six attaquants par équipe sur 20 équipes). En fait, il s’agit de 10 occasions réparties en seulement sept attaquants si l’on tient compte des joueurs qu ont été là plus d’une fois : Brad Marchand, Jaden Schwartz, Yanni Gourde (deux fois), Jonathan Marchessault (trois fois), Caufield, Kailer Yamamoto et Seth Jarvis.

Finalement, un seul des 25 joueurs du tableau ci-dessus, soit Yamamoto, a joué à moins de 170 livres. Michkov, lui, est répertorié à 148 livres.

Il est donc raisonnable de penser qu’avoir deux attaquants sous-dimensionnés dans son top-6 n’est pas une recette pour réussir en séries éliminatoires. Étant donné que Caufield est assuré d’un rôle de top-6 à Montréal dans un avenir prévisible, il s’agit là d’un enjeu véritable.

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Mis à part cela, il y a d’autres similitudes entre Michkov et Caufield qui placent le Tricolore dans une position où il devrait décider entre les deux. Martin St-Louis a mentionné à plusieurs reprises qu’il ne peut pas enseigner à Caufield comment marquer plus de buts, mais qu’il y a d’autres aspects de son jeu qu’il doit améliorer pour devenir un joueur de hockey complet. Ce sont des aspects très similaires chez Michkov, et St-Louis est en mesure de travailler sur ces questions avec Caufield sur une base quotidienne. Le Canadien ne serait pas en mesure de travailler sur ces questions avec Michkov avant au moins trois ans, sinon plus, et il devrait faire confiance à une autre organisation pour faire ce travail à sa place alors que celle-ci n’a aucun intérêt à long terme à le faire.

Conclusion

Il y a tellement de points d’interrogation avec Michkov à l’extérieur de la patinoire, mais il y en a presque autant à propos de son jeu sur la glace. Lorsque vous combinez les deux, vous obtenez une armée de drapeaux rouges que le Canadien doit prendre en considération.

Lorsque vous essayez de construire une équipe pour lutter et idéalement gagner une Coupe Stanley, il y a des aspects qui vont au-delà du talent pur qui entrent en jeu. Caufield a un don pour marquer des buts, et Michkov semble posséder le même don d’une manière très différente. Mais leurs faiblesses sont très similaires. Trop semblables.

Michkov est un ailier marqueur de petite taille, extrêmement talentueux, mais un ailier marqueur tout de même. Il a un niveau de talent qu’une équipe ne peut pas avoir en trop, mais il correspond à un profil de joueur qu’une équipe ne peut pas avoir en trop grand nombre si elle espère survivre aux séries et gagner la Coupe Stanley.

La philosophie du Canadien semble tenir compte de cette réalité. Il s’agit plus d’une question de construction de formation que de talent, car Michkov ne manque pas de talent.

Mais comme l’a dit Hughes après le tirage au sort du repêchage, repêcher Michkov est en fin de compte une évaluation risque/récompense.

« J’ose croire que si vous considérez Michkov et un autre joueur que vous jugez très, très comparable en termes de talent et de potentiel, alors ces facteurs vont probablement peser lourd contre lui, a dit Hughes ce soir-là. Mais on n’est pas encore au stade où je peux dire qu’on pense qu’il y a d’autres joueurs égaux à lui, ou qu’il est égal à eux d’ailleurs. »

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C’est à ce calcul que se résume ce choix. Le Canadien croit fermement en sa propre capacité à développer des joueurs, et choisir Michkov reviendrait essentiellement à sous-traiter cette capacité à quelqu’un d’autre. Il croit fermement en ce qu’il faut pour gagner en séries éliminatoires, et Michkov ne correspond pas à ce profil. Le fait que personne n’ait le moindre contrôle sur la façon dont Michkov sera utilisé ou développé en Russie au cours des trois prochaines années ajoute au risque. Il faudrait donc que les récompenses soient considérables.

Quand on a autant de talent que Michkov, les récompenses peuvent en effet être considérables parce qu’il a le potentiel pour devenir une star de la LNH et marquer beaucoup de buts. Mais si l’on tient compte de tous les éléments, il est difficile d’imaginer un scénario dans lequel le Canadien estimerait que le calcul risque/récompense penche en faveur de Michkov au cinquième rang du repêchage.

(Photo: Maksim Konstantinov / Sipa USA via AP Images)

 

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Arpon BasuArpon Basu

Arpon Basu est rédacteur en chef d’Athlétique Montréal et The Athletic Montreal. Il a travaillé pendant six ans pour la LNH comme directeur de la rédaction de LNH.com et comme collaborateur avec NHL.com. Il couvre le sport, particulièrement le hockey, à Montréal depuis 2000. Follow Arpon on Twitter @ArponBasu