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Sur le point de naître, Sanofi-Aventis se prépare à relever d'importants défis

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Publié le 30 juil. 2004 à 01:01

Un nouveau géant pharmaceutique français et mondial devrait bientôt voir le jour. L'OPA-OPE de 55 milliards d'euros lancée par Sanofi-Synthélabo sur Aventis va se clore, comme prévu, aujourd'hui, à 23 heures, après le feu vert donné par les autorités américaines de la concurrence à l'opération mercredi soir. Sanofi-Synthélabo ne pouvait boucler son offre, qui doit s'achever simultanément en France, aux Etats-Unis et en Allemagne, sans avoir obtenu au préalable l'autorisation de la Federal Trade Commission (FTC). Sans surprise, cette dernière a demandé, à l'instar de Bruxelles, les cessions de l'antithrombotique Arixtra et de l'anticancéreux Campto _ dont les ventes sont déjà programmées _, ainsi que l'abandon du droit de redevance d'Aventis sur un traitement contre l'insomnie en développement (Estorra).

Une fois connu le résultat de l'OPA, le 12 août, Sanofi-Aventis, le futur numéro trois mondial de la pharmacie, devrait naître officiellement. Il s'agira d'une belle victoire pour Jean-François Dehecq, le PDG de Sanofi-Synthélabo, sept mois après l'OPA, d'abord hostile, qu'il a lancée le 26 janvier sur le groupe d'Igor Landau.
Après avoir bataillé, les deux laboratoires sont parvenus à un accord le 25 avril, sous la pression du gouvernement français et la menace d'une entrée dans la bataille du suisse Novartis. Alors que l'opération financière s'achève, la partie est encore loin d'être gagnée pour Jean-François Dehecq. Après avoir marié Sanofi et Synthélabo en 1999, ce capitaine d'industrie de soixante-quatre ans, à la carrure de rugbyman, doit relever ce qui paraît être le plus grand défi de sa carrière : intégrer un groupe deux fois plus grand que le sien, qui était un concurrent direct. D'autant que l'OPA hostile a laissé des traces et que les cultures des deux entreprises sont très différentes. Pour ce faire, le futur patron de Sanofi-Aventis, dont le mandat s'achève en 2007, veut aller très vite. La future société doit être opérationnelle au 1er janvier 2005, soit cinq mois à peine après la clôture de l'offre, un objectif jugé « très ambitieux » par les consultants.

Sur le terrain, le travail d'intégration des deux laboratoires a déjà commencé. Le directoire du futur groupe, dominé par des hommes de Sanofi, a été nommé, ainsi que le conseil d'administration. Les prochaines nominations, celles des responsables de pays, devraient avoir lieu fin août, début septembre. Des groupes de travail, réunissant des représentants des deux laboratoires et dirigés par Sanofi, sont chargés de l'organisation du nouvel ensemble. Au-delà des difficultés d'intégration, la principale inconnue concerne les synergies, sachant qu'un objectif de 1,6 milliard d'euros est visé en 2006.

Nouvel ensemble
La France est en première ligne. Les deux laboratoires y emploient environ 29.000 personnes au total, soit un quart de l'effectif du futur groupe. Le siège d'Aventis, basé à Strasbourg, est condamné, celui du nouvel ensemble étant à Paris. Les syndicats craignent qu'ensuite des usines, des centres de recherche et les réseaux de visiteurs médicaux soient affectés.

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« En général, dans la pharmacie, de 10 % à 15 % des effectifs sont supprimés dans les trois ans qui suivent une fusion », s'inquiète un syndicaliste d'Aventis. Cependant, Jean-François Dehecq s'est engagé, lors de la bataille boursière, à ne procéder à aucun licenciement sec en France. La question des synergies est d'autant plus cruciale pour le futur ensemble qu'il sera fortement endetté, du fait du relèvement de l'offre de Sanofi, et que ses principaux médicaments sont menacés par la concurrence des génériques.

Les brevets du plus important médicament de Sanofi, l'antithrombotique Plavix, sont contestés par deux fabricants de génériques, qui ont déposé aux Etats-Unis une demande en vue de le copier. Un troisième « génériqueur », l'indien Cipla, prévoit de faire de même. La justice américaine devrait rendre une décision sur ce dossier durant le premier semestre 2005. D'autre part, son deuxième médicament le plus important, le somnifère Stilnox, tombe dans le domaine public en 2006. Du côté d'Aventis, ses deux médicaments vedette, l'antihistaminique Allegra et l'antithrombotique Lovenox, sont attaqués par des « génériqueurs » qui souhaitent les copier. Un troisième médicament, le traitement contre l'ostéoporose Actonel, est également menacé.

NATHALIE HALPERN

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