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Aliaksandr Marko - stock.adobe.c

IIoT : les fournisseurs cloud prennent les rênes du marché (Gartner)

Dans son Magic Quadrant 2024 consacré aux plateformes IIoT, Gartner décrit un marché pleinement infusé par les fournisseurs cloud, en premier lieu Microsoft et AWS.

Le 29 avril dernier, Gartner a publié son Magic Quadrant dédié aux plateformes IIoT. Son analyse du marché, arrêté au mois de février 2024, place Microsoft, AWS et Software AG en tant que leaders de cette catégorie.

Le Français Braincube (83 millions d’euros levés en novembre 2023) est seul dans le groupe des challengers, tandis que PTC, Siemens, ABB et Univers sont rassemblés chez les visionnaires. Exosite, AVEVA, Litmus, Rockwell Automation, Eurotech, Davra, Cognite, Losant, XCMG Hanyun et Rootcloud sont les acteurs de niche de ce carré magique.

Lors du précédent Magic Quadrant consacré aux plateformes IIoT, publié en décembre 2022, le cabinet d’analystes n’avait nommé que deux leaders, Microsoft (Azure IoT) et Software AG (Cumulocity IoT). Cette année, ils sont rejoints par AWS, qui était challengers depuis deux années de suite. BrainCube, lui, était un acteur de niche. Hitachi sort de ce rapport puisque l’IIoT n’est plus sa priorité, selon Gartner.

D’autant que le cabinet élève la barre concernant les capacités obligatoires « must have » de ces plateformes IIoT. Elles doivent pouvoir gérer des flottes d’équipements, s’intégrer avec les machines, les protocoles de communications, les systèmes OT (historiens, SCADA, MES, etc.) et IT (ERP, CRM, MRP, etc.), ingérer les données en provenance de ces systèmes et équipements, tracer leurs origines et leur mouvement, tout en incluant des fonctions de gouvernance et de sécurité. Enfin, selon Gartner, une plateforme IIoT doit avoir des fonctions analytiques, afin de visualiser les données, de les trier et d’y appliquer si possible du machine learning.

Par ailleurs, le Gartner identifie des fonctionnalités standards dont ces suites devraient disposer. Idéalement, elles offrent la possibilité de concevoir des applications et de les gérer, de contrôler et d’auditer la sécurité de leurs composants, une architecture « edge to cloud » et une couche d’acquisition qui ne se limite pas à la récupération des données IT-OT-IoT, mais qui permet de « les agréger, les analyser, les contextualiser et les visualiser ».

L’IIoT en cours de standardisation

L’année dernière avait marqué la consécration des efforts de Microsoft sur le marché. Le fait qu’il soit rejoint cette année par AWS démontre que les fournisseurs cloud deviennent des acteurs incontournables de l’IIoT. Il y a plusieurs raisons à cela.

Le Gartner explique d’abord que la génération précédente de déploiements IIoT a été menée par de grands groupes, qui ont investi des moyens conséquents afin de bâtir des solutions personnalisées, qu’ils sont amenés à monétiser. C’est particulièrement vrai dans le secteur de l’énergie. « Cela a permis aux fournisseurs de plateformes IIoT de se concentrer sur le développement de leur technologie au lieu de répondre aux besoins des clients en matière de solutions commerciales », écrivent les analystes.

Or le marché a changé. Désormais, les industriels traditionnels recherchent des solutions basées sur des plateformes IIoT afin de répondre « aux objectifs du groupe et des sites ». « Ces entreprises n’ont pas le même niveau de ressources et d’expertise que les primo-adoptants ont pu allouer aux solutions IIoT », signalent les analystes de Gartner. « Elles ont besoin que les plateformes IIoT soient plus simples à déployer, à l’échelle mondiale, et qu’elles disposent d’un ensemble localisé de partenaires de déploiement sur lesquels elles peuvent s’appuyer ».

Ces industriels sont très attentifs à l’équilibre entre le coût total de possession (TCO) et le retour sur investissement (ROI). Un rapport effectué, selon Gartner, à tous les échelons, de la direction générale, en passant par les achats puis les responsables de sites ainsi que dans les DSI IT et OT.

Les entreprises déjà équipées poussent les éditeurs et les fournisseurs à mieux intégrer leurs équipements et leurs logiciels. La nécessaire interopérabilité des systèmes avait forcé certains industriels, dont Renault et Terega, à développer leurs propres solutions s’appuyant sur les standards et briques du marché.

C’est en partie grâce à la nécessaire intégration de différents systèmes IT-OT que les fournisseurs cloud ont pu s’imposer, alors qu’ils peinaient à entrer sur ce marché il y a quatre ans encore. De fait, la grande majorité des spécialistes du domaine, dont Rockwell Automation, Braincube, PTC, Software AG, Siemens, ABB ou encore Aveva ont au moins deux partenaires cloud, sinon trois. Évidemment, Microsoft et AWS sont les deux cloudistes les plus cités.

Les industriels présents internationalement ont également compris qu’ils avaient besoin d’un control plane pour gérer des systèmes parfois disparates sur différents sites. D’où l’importance grandissante, pour le cabinet d’analystes, des architectures Edge-To-cloud qui permettraient d’automatiser les mises à jour, d’appliquer des couches de sécurité supplémentaires et de décider quand et où les modèles d’IA peuvent être déployés.

Plus d’applications verticalisées

Dès lors, un phénomène d’interdépendance se crée entre les écosystèmes IT, OT et cloud. « Les fournisseurs de plateformes IoT et OT collaborent avec les hyperscalers pour pallier les insuffisances de leur infrastructure cloud dans leurs offres IIoT », écrivent les analystes de Gartner. « Les fournisseurs cloud se distinguent par leur capacité à prodiguer les meilleures solutions IIoT, que ce soit directement aux usagers finaux ou par le biais de partenariats et/ou en marque blanche avec les éditeurs IIoT et fournisseurs OT ».

Certains éditeurs IIoT et acteurs OT, les plus spécialisés, s’appuient de plus en plus sur les fournisseurs cloud afin de proposer des solutions verticalisées, comme des applications de maintenance prédictive, de gestion de flottes, d’analytique, d’IA ainsi que de mesures de l’empreinte carbone et de la consommation d’énergie. « Presque tous les fournisseurs figurant dans ce Magic Quadrant ont mis l’accent sur l’ajout de capacités qui feront progresser les objectifs de leurs clients en matière de développement durable », signale le Gartner.

Les défis d’interopérabilité et de sécurité demeurent

Dans cette nouvelle donne, Gartner perçoit que la vision AWS en matière d’offres verticalisées est plus avancée que celles de Microsoft qui mise davantage sur l’intégration d’Azure IoT avec ses services SaaS, dont Microsoft Dynamics 365. Tous deux ont compris l’importance des partenariats avec les écosystèmes IT/OT/IIoT, mais sont réputés pour la complexité et les coûts importants de leurs gammes de services, prévient le cabinet.

Et si le rapprochement des fournisseurs favorise l’émergence de plateformes hébergées dans le cloud, connectées à des équipements IoT, supportant des applications verticalisées, les entreprises doivent encore être très attentives aux notions d’interopérabilité des données et de sécurité.

Deux efforts qui réclament des compétences en interne et aussi de s’assurer que les fournisseurs sont, de même, proactifs en la matière. Ce ne fut pas toujours le cas par le passé. En Union européenne, les réglementations (Data Act, NIS 2, etc.), bien que contraignantes, devraient encourager une meilleure prise en compte de ces deux aspects par les acteurs en présence.

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