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«J'ai toujours fait les choses à l'excès», les confidences de la championne de France d’ultra-trail Blandine L'hirondel

Blandine L'hirondel avec le drapeau français. Blandine L'hirondel avec le drapeau français.
Blandine L'hirondel avec le drapeau français. Cyrille Quintard FFA

PORTRAIT – Après des mois de doutes, Blandine L'hirondel a remporté les Championnats de France de trail long. Une prestation rassurante avant d'entamer une saison charnière où affiche ses hautes ambitions, aux Championnats d'Europe et à l'UTMB.

Ses larmes qui montent, son petit saut signature en franchissant la ligne d'arrivée, deux signes exprimant le soulagement de Blandine L'hirondel au moment de remporter les Championnats de France Trail long 2024. Une course de 58 km dans la Drôme où, kilomètres après kilomètres, la fatigue s'est jointe à la satisfaction d'un niveau retrouvé, après les doutes traversés ces derniers mois. Un bon début dans une saison de renouveau pour la traileuse française dont l'automne et l'hiver n'ont été guère réjouissants

Quelques semaines après son admirable troisième place à l'UTMB en août 2023, la traileuse de 33 ans constatait une fracture de fatigue au calcanéum. Une blessure loin d'être anodine, «Je n'ai pas laissé assez de temps à mon corps de récupérer ». Un os fragilisé qui lui a «mis un coup sur le plan physique, mais aussi mental. Il n'y a rien qui vaut plus que la santé, et je me suis rendu compte que le sport de haut niveau avait mis ma santé entre parenthèses», poursuit la gynécologue obstétrique aujourd'hui installée à Mendes. La conclusion d'une année dans laquelle l'athlète aura enchaîné «des hauts et des bas, cette année 2023 a été plutôt mitigée.»

Une victoire pour le renouveau

Après des mois d'incertitudes, Blandine L'hirondel a finalement repris l'entraînement mi-janvier : «J'ai voulu prendre le temps pour soigner cette fracture et mon état général». Elle s'est mise à courir cinq minutes, puis une heure fin janvier. Une remise en jambes tardive laissant peu de temps pour se préparer aux Championnats de France prévus début avril. Une période durant laquelle elle a «beaucoup douté» et eu «du mal me jauger face au niveau de forme des autres», surtout avec l'augmentation du niveau général du trail à l'échelle nationale et internationale.

Élue athlète de l'année par la Fédération française d'athlétisme en 2022, Blandine L'hirondel savait également l'importance de ces championnats nationaux qui conditionnaient sa participation aux prochains Championnats d'Europe à Annecy, du 31 mai au 2 juin prochain. D'où sa grande fierté et sa joie lors de sa victoire dans la Drôme, où elle s'est imposée avec 6 minutes d'avance sur Julie Roux et 14 sur Adeline Martin.

Avant ces doutes hivernaux, la championne du monde avait déjà exprimé un besoin de nouveauté, symbolisé par son changement d'entraîneur. Après des années de collaboration avec Philippe Propage avec qui elle «s'entend toujours très bien, c'est un très bon entraîneur», elle souhaitait «une nouvelle approche de l'entraînement, plus scientifique», en choisissant ‍Lilian Gugliero comme coach.

Elle qui deux ans auparavant déclarait ne pas être un profil endurant s'est d'ailleurs bien acclimatée aux longues distances. Alors qu'elle n'avait jamais réalisé une course au-dessus de 100 kilomètres, elle a obtenu avec brio la 3e place de l'UTMB 2023. «J'ai aimé la distance et la discipline», glisse-t-elle. Cette performance a mené à une nouvelle réflexion concernant ses ambitions.

Une personnalité voyageuse

En regardant en arrière, rien ne prédestinait la traileuse à ce destin sportif hors du commun. Passé par la danse et la gymnastique, Blandine L'hirondel n'a jamais baigné dans un environnement exposé au sport. Au contraire, elle suit d'abord des études chronophages de médecine. Après la validation de ses six premières années à Caen, elle choisit d'effectuer sa spécialisation à la Réunion. «Quand j'ai choisi la Réunion, je ne savais même pas qu'il y avait des petites montagnes autour, ce que je regardais c'était les pool-parties, les petits rhums et les soirées entre internes».

Au fur et à mesure des bivouacs, «chargés comme des mules de rhum et d'alcool», la Normande découvre ses bonnes capacités physiques quand le terrain s'élève, «à chaque fois j'attendais les autres alors que j'étais la plus chargée». Durant ces sorties, elle croise régulièrement des coureurs et intègre un groupe avant de prendre son premier dossard. Les résultats suivent, la notoriété commence à monter.

Passée par Bordeaux, Bayonne, sans oublier l'Espagne et Mayotte, Blandine l'hirondel s'est beaucoup déplacée lors de ses études de médecine. C'est finalement à Mendes qu'elle a posé ses affaires. Un véritable coup de cœur : «J'ai vraiment accroché (avec la Lozère), je suis quelqu'un qui aime vraiment me retrouver en calme dans la nature.»

L'heure des choix

La double championne du monde a «toujours fait les choses à l'excès». Son emploi du temps conserve la marque de ce tempérament. «J'ai deux passions, la gynécologie obstétrique et le trail». En 2022, elle choisit d'exercer son métier a mi-temps afin de permettre une pratique optimale du trail a haut niveau. Depuis 2023, elle s'est même lancée dans les médias avec une participation au podcast La bande à D+, avec des personnalités que «J'admire beaucoup dans le trail (…). Ce n'est pas du tout une contrainte, on s'amuse bien.»

Malgré cette forte activité, la Mendoise a décidé de se restreindre en cette année 2024. «J'ai fait quelques erreurs l'année dernière, j'étais rentrée dans une spirale où on commence un peu à sous-performer car on est fatigué donc on a envie de se rassurer avec des compétitions mais comme on sous performe, on veut se raccrocher à une course derrière alors qu'il faut juste s'arrêter et se reposer.»

Pour cela, elle a décidé de se concentrer sur 3 courses pour cette saison allégée. En plus des Championnats de France, la femme de 33 ans se tourne vers deux objectifs, les Championnats d'Europe et l'UTMB où elle souhaite améliorer son chrono de 2023 (ndlr : 24h22m50s). « Ce qui est important, c'est que je sois performante. Le niveau devient tellement élevé qu'on doit être à 100%.» Bien que son futur soit incertain, Blandine L'hirondel conserve une attirance pour une course en particulière, le Grand Raid de la Réunion. La course mythique de l'île sur laquelle elle a débuté le trail il y a maintenant 8 ans. Pourquoi pas «dans un an», là où tout a commencé ?


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3 commentaires
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    Bravo !

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    Le sport drogue

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