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Mahamadou Sangaré, avant-centre U19 au PSG : "C'est ça, la dalle d'un attaquant ! "

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Le PSG a accepté d'ouvrir la porte de son centre de formation à France Bleu Paris, pour une série d'interviews de jeunes U19 qui seront diffusées une fois par mois jusqu'à la fin de la saison. Rencontre avec Mahamadou Sangaré, prolifique avant-centre de dix-sept ans originaire de Bamako, au Mali.

Mahamadou Sangaré, avant-centre, le 2 avril 2024 au Campus PSG de Poissy Mahamadou Sangaré, avant-centre, le 2 avril 2024 au Campus PSG de Poissy
Mahamadou Sangaré, avant-centre, le 2 avril 2024 au Campus PSG de Poissy © Radio France - Pia Clemens

Depuis qu'il est arrivé en France, le jeune avant-centre de dix-sept ans Mahamadou Sangaré affole les compteurs. Buteur dès les premières minutes de son tout premier match avec le Racing Colombes 92, puis meilleur buteur du championnat national U17 avec le FC Montrouge la saison dernière, Mahamadou a inscrit 23 buts en 24 matchs depuis qu'il a signé au centre de formation du Paris Saint-Germain, à l'été 2023.

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Aujourd'hui, il partage son quotidien entre les entraînements avec le groupe U19 coaché par Zoumana Camara et les cours qu'il suit au sein du Campus PSG de Poissy pour valider un bac pro commerce. Pia Clemens s'est rendue au Campus le 2 avril dernier pour recueillir son histoire, qui commence sur un terrain de football sablonneux de Bamako et a (déjà) tout d'une véritable success story.

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Son profil sur le terrain

Je peux aussi évoluer sur les côtés mais mon poste préférentiel, c'est numéro neuf. Je pourrais améliorer mes capacités de dribble sur le côté droit du jeu mais c'est vrai que je préfère toujours la patte gauche. Je suis un peu moins doué de la tête. Je n'aime pas trop [prendre des ballons de la tête], mais quand ça vient, j'y vais et je me donne à fond.

Son enfance au Mali et son arrivée en France

Je suis né au Mali, à Dionkoulané [au nord du pays, le long de la frontière avec la Mauritanie, dans le désert du Sahel] mais j'ai passé presque toute mon enfance en ville, à Bamako. J'ai commencé le foot au quartier, comme tous les petits à Bamako. Je partais tout le temps jouer avec des potes au quartier et c'est comme ça que tout a commencé. Sur un terrain avec du sable. Et les gens me disaient tout le temps que j'étais doué. Mais moi, je ne me posais pas de questions, je voulais juste jouer au foot. Jusqu'à ce que le jour venu, mon père me ramène ici pour pouvoir évoluer en tant que joueur de foot.

En fait, je vous explique. Moi, mon père, de base, ce n'est pas un fan de foot. Il n'aime pas du tout le football. Il était grave exigeant envers moi. Il voulait que je fasse des études, et surtout des études coraniques. Et ma mère, elle, était un peu tolérante. C'est comme ça qu'au final, au fil du temps, ils ont vu que c'était ce que j'aimais faire le plus. Du coup, ils me laissaient faire. Jusqu'à ce jour où mon père m'a dit : "Si c'est ce que tu aimes faire le plus, viens, je t'emmène en France et tu continueras là-bas." Donc j'ai débarqué à Cergy, mais je partais m'entraîner à Colombes [au Racing Colombes 92]. C'était mon premier club, ici en France.

"Je me rappelle de mon premier entraînement : j'ai tout donné. Les gens étaient choqués."

Je m'en rappelle comme si c'était hier. Quand je suis venu le premier jour, les gens disaient : "C'est un Malien, il vient d'arriver et on va voir ce qu'il a dans le ventre". Je me rappelle de mon premier entraînement : j'ai tout donné. Les gens étaient choqués, ils ont dit : "Woaw, lui c'est vraiment un talent". Le lendemain, on devait aller faire un match amical à Lille et les coaches me convoquent et me mettent titulaire. Le lendemain de mon essai. Au bout d'une minute, je marque un but, et à la fin on gagne. Le coach m'a félicité et m'a dit : "C'est vrai que tu as fait un beau match. Je pense que tu as gagné des points. Donc il faut continuer comme ça et travailler."

Mahamadou Sangaré et Pia Clemens
Mahamadou Sangaré et Pia Clemens © Radio France - Fabrizio Habibou

Les axes d'amélioration sur lesquels il a travaillé avec ses coaches de Colombes et de Montrouge

Moi, j'étais un peu libre sur le terrain. J'aimais beaucoup décrocher et toucher le ballon. Donc je décrochais tout le temps. Et ils me demandaient de plus travailler sur le jeu dos au but, en pivot, parce que c'était mon point faible. Et là je pense que si je travaille là-dessus, ça va mieux. Mais je jouais en club au Mali, dans un petit club à côté de chez moi. Et je peux dire que c'est là-bas que j'ai appris à jouer au football. C'est là-bas que j'ai fait presque toutes mes classes. Avant mon arrivée en France.

La réaction de son père quand il a terminé meilleur buteur du championnat national U17 avec le FC Montrouge

Franchement, c'est incroyable. Au début, il ne me croyait pas. Il disait : "Ca ne va pas le faire, le foot ce n'est pas pour toi". Et après, au fil du temps, il s'est rendu compte que c'était vraiment quelque chose pour moi. Il me laissait faire. Et quand j'ai fini meilleur buteur à Montrouge, il était content pour moi. Il m'a félicité et il m'a même fait un petit cadeau. C'est vrai, c'était important pour lui.

Son acclimatation au PSG, qui s'entraîne encore au Camp des Loges lorsqu'il arrive à l'été 2023

Au début, c'était un peu compliqué, mais vu que je connaissais la plupart des joueurs parce que j'avais joué contre eux à Montrouge (et que je leur avais mis des buts !)... Du coup, ça a un petit peu facilité mon intégration.

Les jeunes qui l'ont le mieux accueilli dans le groupe

Presque tout le monde, mais je dirais plus [Ibrahima] Diaby, vraiment, avec aussi Serif Nhaga et Tony Mendy. Ce sont mes meilleurs potes ici, au Paris Saint-Germain. Et maintenant, tout va bien.

Pourquoi il a été si souvent utilisé par Zoumana Camara cette saison [24 matchs joués sur les 25 possibles]

[Rires] Il faudra poser la question au coach, mais je pense que c'est le travail. Tous les jours à l'entraînement, on donne tout pour être performant le weekend. Le coach me dit de travailler, tout le temps. De travailler, d'être à l'affût, à l'écoute et aussi d'aider mes partenaires sur le terrain. De donner tout pour au final ne pas avoir de regrets.

Ses statistiques, qui sont excellentes en matière de buts inscrits [23 buts en 24 matchs] mais quasiment vierges du côté des passes décisives

C'est vrai que cette saison, je n'ai fait que deux passes décisives, je crois [au moment de l'enregistrement de l'interview, le 2 avril 2024]. Mais après le reste, c'est que devant le but, hein ! J'ai trouvé ma place devant le but. C'est mon poste préférentiel. Donc même si je ne fais pas de passes décisives, le plus important pour un attaquant, c'est de marquer des buts ! Comme on dit, quand on est attaquant, il faut être égoïste ! [Rires] Mais si j'ai un partenaire à côté de moi qui est bien démarqué, je préfère le décaler et qu'il marque aussi des buts. C'est important.

Sa personnalité, sachant que ses anciens coach le décrivent comme un jeune très attentif à ce qu'on lui dit, calme, souriant et concentré sur le travail.

C'est vrai que je suis une personne calme. Je ne parle pas beaucoup. Le plus important pour moi, je pense que c'est le travail. Je travaille juste, et je pense que le reste va venir tout seul. Je n'ai pas envie de montrer que je suis le plus fort... On est là pour jouer au foot. Le plus important, c'est d'être une bonne personne et de donner le meilleur de soi-même.

Son coach Zoumana Camara

"J'ai appris beaucoup de choses avec le coach, tactiquement mais aussi techniquement. Il nous permet de nous perfectionner sur le terrain, et même en dehors. C'est un très bon entraîneur."

Je ne connaissais pas forcément sa carrière quand je suis arrivé. Il a joué au PSG [2007-2015], je pense que c'était un grand défenseur. Et il a joué aussi à Marseille, si je ne me trompe pas [2000-2002]. Après, c'est normal qu'il soit exigeant avec nous parce qu'il a travaillé avec de grands entraîneurs [Au PSG, il a été l'adjoint de Carlo Ancelotti, Laurent Blanc et Unai Emery]. C'est énorme. Donc si aujourd'hui il est avec nous, c'est une bonne chose pour nous. C'est un coach exigeant, et un très bon entraîneur. J'ai appris beaucoup de choses avec lui, notamment tactiquement, mais aussi techniquement. Il nous permet de nous perfectionner sur le terrain, et même en dehors. Donc c'est un très bon entraîneur. Franchement, il n'y a rien à dire.

Sa relation avec le football européen pendant son enfance au Mali

Je regardais tout le temps du foot à la télé, avec ma famille, même s'ils n'étaient pas trop fans ! [Rires]. Je les ai contaminés et aujourd'hui, ils regardent tous du foot, donc c'est bien. A l'époque, j'avais des clubs de coeur mais... je vais les garder pour moi ! [Rires] Ce n'était pas le PSG en tout cas [Il sourit].

L'intérêt des autres clubs lorsqu'il devient meilleur buteur du championnat U17 avec Montrouge

C'est vrai que quand la saison [2022-2023] a commencé, j'ai reçu des sollicitations dès le début. Des clubs professionnels qui voulaient me faire signer. A ce moment-là, moi, je ne me prenais pas la tête. Je voulais juste jouer au football, m'entraîner et être performant chaque weekend. Et à la fin de la saison, on allait faire un point et choisir le club où je signerais.

Pourquoi il a choisi le PSG

C'est vrai que le PSG, c'est un grand club, un club historique. Du coup, à la fin de la saison, on a parlé avec ma famille et on a décidé d'opter pour le PSG. Au final, c'est moi qui ai choisi le PSG parce que tout le monde sait que c'est un grand club et que pas mal de grands joueurs ont été formés ici, avec un excellent centre de formation.

Son lien avec les couleurs rouge et bleu

Je me dis tout le temps que j'ai eu de la chance de signer au Paris Saint-Germain. Parce que ça ne fait même pas cinq ans que je suis en France et j'ai eu pas mal de clubs qui voulaient me faire signer, notamment le PSG. Et pour moi c'est une chance de signer avec le Paris Saint-Germain parce que c'est le plus grand club de France. Donc avec ce logo, quand on porte ce maillot, ça donne envie de tout donner sur le terrain. Donc c'est bien.

Son endroit préféré sur la Terre

Je dirais... la Mecque [il sourit]. Je rêve d'y aller.

Son plat préféré

C'est le thieb au poulet, un plat africain. J'aime trop. Je peux manger ça tous les jours. Ma mère aime faire ça, et j'aime bien. J'en mange chaque weekend. C'est bien gras mais vu qu'on a un jour de repos... on peut se le permettre ! [Rires]

Son meilleur souvenir depuis qu'il est arrivé au Paris Saint-Germain

Mon meilleur souvenir, c'est la Youth League. J'ai joué cinq matchs, pour un but. C'était un peu compliqué cette année parce qu'on avait un groupe jeune, avec beaucoup de joueurs qui sont partis. Donc ça nous a manqué énormément. Mais malgré la frustration, la Youth League est un bon apprentissage pour nous, qui va nous servir dans le futur. Et cette année, il y a moyen de faire quelque chose. Je pense qu'on peut aller chercher le championnat [Au moment de l'enregistrement de l'entretien, les U19 du PSG ont déjà été éliminés en Youth League, mais aussi en Coupe Gambardella]. Ce serait énorme. Il reste quatre matches. On va essayer de tout donner pour les gagner et, pourquoi pas, se qualifier en playoffs [Depuis l’entretien, les U19 ont engrangé trois victoires en trois matchs. Ils sont premiers du groupe A en championnat, à une journée de la fin. Ils sont d'ores et déjà qualifiés pour les quarts de finale].

La musique qu'il écoute avant un match

Moi, avant les matchs, j'écoute le Coran tout le temps, tout le temps. Ca me permet de me mettre dans mon mood pour, au final, être bien sur le terrain. Ca m'apaise. Et quand je suis apaisé sur le terrain, je donne tout. Je n'ai plus envie de m'arrêter. C'est ça, la dalle d'un attaquant ! [Rires]

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