TÉMOIGNAGES - Ils racontent leur départ à la retraite
Alors que le gouvernement prépare pour 2020 sa réforme des retraites, France Bleu a rencontré cinq jeunes ou futurs retraités. Agricultrice, médecin, institutrice, commerçant et ancien joueur de rugby : ils racontent ce moment charnière où une vie s'arrête pour en commencer une autre.
Le plus jeune de nos "retraités" a 35 ans, contraint d'arrêter sa carrière de rugbyman professionnel pour des raisons des santé. Le plus ancien a soufflé ses 80 bougies avant de se décider à fermer sa boutique de prêt-à-porter. Notre médecin attend un remplaçant pour partir, l'agricultrice, elle, les a trouvés, et va devoir apprendre à regarder les autres travailler sur l'exploitation où elle vit toujours. Quant à notre institutrice, elle raconte avec émotion son dernier jour de classe dans l'école où elle a elle-même été élève.
Christiane Dessapt, directrice d'école primaire, 60 ans
Jusqu'aux dernières grandes vacances, Christiane Dessapt était la directrice de l'école élémentaire de Lezoux. A 60 ans, elle termine sa carrière d'enseignante dans l'école où elle était elle-même élève.
"En quarante ans et six mois, il y a eu des doutes, il y a eu des périodes un peu difficiles parce qu'on a quand même des doutes, on fatigue mais de là à remettre en question ce choix de métier, jamais. [...] J'ai eu l'occasion de rencontrer des enfants qui ont vécu des drames dans leur vie, qui ont vécu des moments extrêmement difficiles pendant leur scolarité, ceux là, on ne les oublie pas, et je pense encore à eux aujourd'hui."
Et la retraite ? "Pour moi c'est une vie avec un rythme différent. J'aimerais avant tout prendre le temps de faire les choses. C'est ce qui me manquait le plus".
Edouard Bonduelle, médecin, 64 ans
Le Docteur Edouard Bonduelle, est médecin généraliste depuis 35 ans à Vic-le-comte. Il cherche un remplaçant. A 64 ans, il aimerait pouvoir partir en retraite à la fin de l'année.
"Un jour un cousin m'a dit : tu as le pouvoir de vie et de mort... En fait je ne m'en étais jamais rendu compte. Quand il m'a dit ça, j'ai dit : effectivement, il faut qu'on fasse attention. [...] J'aime bien mon métier encore, mais il ne faut pas que les journées soient trop lourdes. Les épidémies de grippe, c'est plus de mon âge !"
La retraite ? "Ça va rouler, mais trouver quelqu'un pour prendre la suite, c'est le plus difficile. Pour l'instant je n'ai trouvé personne."
Chantal Gascuel, agricultrice, 62 ans
Comme beaucoup de ses collègues agriculteurs, c'est la transmission de l'exploitation qui inquiétait Chantal Gascuel. Cette question réglée, à 62 ans elle a décidé d'arrêter, tout en restant vivre sur la ferme des Raux à Gerzat, la ferme où elle est née.
"Y'a eu des grands moments d'inquiétude, par rapport aux récoltes, par rapport à notre santé, par rapport à la famille, mais globalement, c'est la passion du métier qui fait que tout finit par se régler et qu'on se sent vraiment très bien dans ce qu'on fait."
La retraite ? "On se prépare à partir avec un montant qui correspond au RSA, c'est à dire 480 euros. [...] Mais il faut faire de la place aux autres, partir en étant encore en forme... [...] _Je pense que mon problème ça va être ça : habiter sur place, et regarder les autres travaille_r."
Benjamin Kayser, rugbyman professionnel, 35 ans
Benjamin Kayser a mis fin à sa carrière de rugbyman professionnel en mai 2019 après deux titres de champion de France, un de champion d'Angleterre et pour finir en beauté, ce Challenge européen gagné avec l'ASM, club où il aura passé huit ans.
"Quand un médecin vient me voir et me dit : tu prends des risques importants avec ta santé, immédiatement en cas d'accident et pour le futur... eh bien c'est terminé."
La retraite ? "J'ai une formation que j'espère attaquer en janvier, j'ai développé mon business avec les boutiques et j'ai gardé un pied dans le rugby en étant commentateur. [...] Le seul truc qui me fait peur : on pourra jamais remplacer l'intensité, l'excitation et les pulsations que provoquent un match... [...] Mais mon but c'est d'être pied au plancher pour pas regarder en arrière et pas avoir de regrets."
Gérard Lafforgue, tailleur, 80 ans
Gérard Lafforgue est tailleur, comme son père et son grand-père avant lui. Il s'apprête à fermer le commerce familial, ouvert en 1951 rue Blatin à Clermont-Ferrand et devenu boutique de prêt-à-porter.
"J'ai commencé le métier en 1956. 63 ans à tirer l'aiguille ! Le B-A-BA du métier, je l'ai fait d'abord chez mon père. Ça fait 120 ans ou 130 ans que les Lafforgue sont dans le tailleur et dans le textile."
La retraite ? "Je ne me suis pas arrêté parce que j'étais bien dans mon truc et je ne regrette pas de ne pas m'être arrêté plus tôt. [...] Je vais vivre comme j'ai vécu jusqu'à présent. Il ne peut pas y avoir du vide parce qu'il y a plein d'associations qui demandent des bénévoles... J'ai pas le souci de me dire, je vais m'ennuyer : ça c'est pas possible !"
Témoignages : Juliette Micheneau. Réalisation : Loïc Frénéa.
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