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A Saint-Nazaire, le Collectif Urgence Sociale menacé d'expulsion : "Sans eux, je serais mort ou en prison"

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Le Collectif Urgence Sociale a réquisitionné en février dernier deux maisons abandonnées depuis des années par la mairie de Saint-Nazaire, boulevard de Neyman. Pas moins de 80 personnes à la rue ont pu y être hébergées, le 115 étant saturé. Pour autant, la mairie a lancé la procédure d'expulsion.

AD 19 ans, assis au centre, entouré des bénévoles du collectif et d'autres bénéficiaires : des jeunes, des familles avec ou sans papiers comme M. Alalla venu de Syrie avec sa femme et leurs 3 enfants AD 19 ans, assis au centre, entouré des bénévoles du collectif et d'autres bénéficiaires : des jeunes, des familles avec ou sans papiers comme M. Alalla venu de Syrie avec sa femme et leurs 3 enfants
AD 19 ans, assis au centre, entouré des bénévoles du collectif et d'autres bénéficiaires : des jeunes, des familles avec ou sans papiers comme M. Alalla venu de Syrie avec sa femme et leurs 3 enfants © Radio France - Hélène Roussel

L'explosion de la précarité après la crise du coronavirus se vérifie tous les jours. L'hiver n'a pas commencé que le 115 déborde déjà et les structures d'hébergements dans la ville de Saint-Nazaire sont saturées. Le Collectif Urgence Sociale, qui a réquisitionné en février dernier deux maisons abandonnées depuis des années par la mairie, boulevard de Neyman, a accueilli en quelques mois près d'une centaine de personnes qui risquent d'être expulsées car la mairie a lancé la procédure. L'audience au tribunal doit avoir lieu ce mercredi matin.

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"On a du mal à comprendre, c'est hypocrite et contradictoire" dénonce Léo, bénévole du Collectif. "Les agents des services sociaux de la mairie nous renvoient les personnes à la rue pour qu'on les accueille ici, tellement il n'y a de places nulle part ailleurs. Les élus trouvent notre démarche intéressante, on discute avec eux mais en parallèle, ils veulent nous expulser". La ville refuse de signer le bail précaire qui permettrait au Collectif d'être en règle. 

"Il y a tellement peu de places dans les centres d'hébergement, le 115 est tellement saturé que mêmes les services sociaux de la mairie renvoie certaines personnes ici et ils veulent nous expulser?" Léo, bénévole
"Il y a tellement peu de places dans les centres d'hébergement, le 115 est tellement saturé que mêmes les services sociaux de la mairie renvoie certaines personnes ici et ils veulent nous expulser?" Léo, bénévole © Radio France - Hélène Roussel

Des particuliers louent leur garage pour 300 euros par mois

Une aberration quand on voit la situation dans la rue et la crise du logement, dénoncent les bénévoles. Exemple à l'appui : "On a eu un gars qui louait le garage d'un particulier pour 300 euros par mois. Et il était tout content quand son propriétaire lui a installé un lavabo !" Christelle est en colère : "Le 115 est tellement saturé que même au téléphone, ils deviennent agressifs. Nous, on a une solution, pourquoi les pouvoirs publics ne veulent-ils pas nous suivre ? "

Ils m'ont aidé à arrêter l'alcool et à retrouver ma dignité. - AD, 19 ans

Dans ces maisons vivent des familles avec ou sans papier, comme ce Syrien ou cette habitante de Mayotte, chacun avec trois enfants en bas âge. Il y a aussi des hommes seuls, des jeunes également en rupture familiale. C'est le cas d'AD (un surnom), 19 ans. A la rue dès l'âge de 17 ans, il a erré pendant un an avant d'atterrir ici. "Ils m'ont aidé à arrêter l'alcool, ils m'ont beaucoup écouté et orienté. Grace à eux, j'ai retrouvé ma dignité et un peu de confiance en moi. Sans eux, je serais mort ou en prison"

AD aujourd'hui est tiré d'affaire. Il a obtenu un logement HLM grâce à l'association l'Entre-Deux, suit une formation pour devenir animateur sportif et passe son permis de conduire. Mais AD revient souvent dans ces maisons: "C'est ma deuxième famille. Il faut sauver cet endroit à tous prix". Il aide pour l'accueil de jour ou les veilles de nuit, histoire de rendre un peu tout ce qu'il a reçu.

La mairie de Saint-Nazaire dit avoir un projet

La mairie de son côté répond qu'elle a un projet de réaménagement du quartier du Moulin du Pré, c'est pourquoi elle a besoin de récupérer ces maisons. Elle s'engage en revanche à saisir le Préfet pour trouver des solutions de relogement et le maire David Samzun a remis en main propre un courrier récemment au Président de la République, Emmanuel Macron, pour demander davantage de moyens pour les sans-abris. Enfin, la mairie assure que les travailleurs sociaux de la Ville n'ont jamais redirigé les personnes à la rue vers les maisons du Collectif.

2 maisons qui appartiennent à la ville de Saint-Nazaire occupées par le collectif depuis février pour de l'hébergement d'urgence
2 maisons qui appartiennent à la ville de Saint-Nazaire occupées par le collectif depuis février pour de l'hébergement d'urgence © Radio France - Hélène Roussel
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