Des détenus font les vendanges à Irancy : "on constate qu'il y a la vie dehors et qu'elle est précieuse"
Le travail dans les vignes est un outil de réinsertion. Trois domaines de Bourgogne, dont deux dans les vignobles de l'Yonne, emploient des personnes incarcérées, le temps des vendanges. Une expérience enrichissante pour tout le monde.
Cinq détenus du centre de détention de Joux-la-ville travaillent depuis dix jours dans les vignes du domaine Ferrari à Irancy. Ces personnes ont été sélectionnées parmi 45 candidats. Elles souhaitent toutes préparer leur sortie : "cela nous permet de tester la capacité à respecter le cadre, les horaires, le comportement dans un groupe", explique Valerie Prats, la directrice du centre de détention de Joux-la-Ville. "Et tout cela nous permet ensuite de définir avec la personne, éventuellement, un projet pour l'avenir".
"Pour moi, ils sont des vendangeurs comme les autres." - Christophe Ferrari
Cela fait trois ans que la direction interrégionale des services pénitentiaires de Dijon propose aux personnes détenues ou à celles suivies en milieu ouvert de faire les vendanges. Trois domaines en Bourgogne se sont portés candidats dont deux dans l'Yonne : le domaine Vocoret à Chablis et le domaine Ferrari à Irancy. Christophe Ferrari, qui participe à l'opération depuis le début, estime que le travail des détenus a toujours été à la hauteur : "c'est compliqué pour eux en terme de travail, de pénibilité, parce que certains n'ont plus trop l'habitude de travailler aussi longtemps, 8 heures par jour. Mais autrement, c'est très simple. Ce sont des gens volontaires".
Pour faciliter l'intégration et éviter les a priori, le viticulteur ne dit jamais aux autres salariés qu'ils vont travailler avec des détenus : "cela fait que les gens se côtoient, s'apprécient. Il se crée des amitiés pour la journée, pour le temps des vendanges, et ça se passe très bien. C'est une véritable intégration", ajoute Christophe Ferrari, qui assume son choix : "Moi, je n'ai pas d'a priori sur eux. Je ne sais pas ce qu'ils ont fait avant, donc ils sont vraiment des vendangeurs normaux, avec leur contrat de travail, avec leur paye, avec les remarques si ça ne va pas, les remarques si ça va bien, comme n'importe quel autre vendangeur".
"On constate qu'il y a la vie dehors, et qu'elle est précieuse." - Dax, 37 ans
Les détenus sont payés au même tarif que les autres vendangeurs. Même si c'est un travail exigeant et douloureux pour le corps, c'est une plongée dans une forme de normalité qui fait du bien à la tête, qui permet d'envisager un avenir hors des murs de la prison. Dax, une détenue de Joux-La-Ville, retrouve avec bonheur une interaction sociale : "on est plongé avec, entre guillemets, les gens normaux. Moi, je suis restée un peu en retrait à écouter les gens et ça me faisait un bien ! Ça apaise de renouer avec les gens de l'extérieur", explique cette femme de 37 ans.
Dax le dit avec émotion, cette expérience lui redonne du courage : "On constate qu'il y a la vie dehors, et qu'elle est précieuse. Cela redonne beaucoup d'espoir. Ce qui me plait le plus, c'est le quotidien, c'est la sociabilité. Il n'y a pas ça en détention ! Avant même le travail, c'est la bienveillance des gens qui m'a touchée. Ils ne nous ont pas jugés. C'était formidable. Donc ça nous a boosté encore plus pour faire mieux et nous dire que tout n'était pas perdu, même si on a fait une erreur dans notre vie. Tout n'est pas perdu."
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