Grenoble dit "Stop au harcèlement de rue"

Les chiffres sont terribles : en France, 100% des femmes ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agression sexuelle dans les transports en commun. Parmi elles, 65% n'avaient pas encore 15 ans. Voilà quelques-unes des statistiques révélées en avril dans un rapport du Haut Conseil à l'Egalité femmes-hommes (HCEfh), qui précise "le phénomène est violent, mais mal connu et largement minimisé ou normalisé". 

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Le harcèlement, à Grenoble comme ailleurs

Le harcèlement de rue, c'est avant tout celui vécu parfois quotidiennement par les femmes. Des insultes, des gestes agressifs, des regards insistants, une violence pas toujours visible mais bien réelle, qui pousse à la prudence. "Quand on est en bande ça va", explique Fanny, en Seconce au Lycée Champollion de Grenoble, "mais quand on est toute seule c'est plus compliqué, il faut partir direct"."Dès qu'ils disent "t'es bonne'", on sait qu'il faut partir, mais après on se fait insulter. Il ne faut surtout pas lever les yeux sinon c'est foutu"  ajoute Marianne, une amie de Fanny.

Il ne faut surtout pas lever les yeux sinon c'est foutu

Ici comme ailleurs, chaque fille a une histoire à raconter. "Dans le tram, parfois ça colle et ça, ça énerve" raconte Stella, 19 ans. Mais difficile de lutter tous les jours, quand on a aussi envie de passer à autre chose, de profiter. Le harcèlement récurrent finit par fatiguer, provoque la lassitude. "Une fois, un type m'a suivi à la sortie du tram. Il m'a suivi jusqu'à chez moi. En arrivant, je suis allé parler aux voisins et le gars est parti. Je l'ai raconté à ma grande soeur et elle m'a dit qu'il y en aurait d'autres" se souvient Blanche, en terminale L au lycée Stendhal.

Des dessins pour dire "Stop au harcèlement de rue"

C'est dans le souci de lutter contre le phénomène que la région Rhône-Alpes organise la 5e édition de la Quinzaine pour l'égalité femmes-hommes. Expos, débats et spectacles sont prévus jusqu'au 13 octobre sur l'ensemble du territoire dans l'objectif d'informer sur le harcèlement de rue. L'occasion aussi de faire connaître le travail de nombreuses associations dans la région. "Stop au harcèlement de rue", c'est justement le nom d'une des associations à l'origine de l'exposition du même nom à Grenoble. Anne Favier, membre de l'antenne lyonnaise de l'association : "Le harcèlement peut toucher tout le monde, même les hommes. Notre travail, c'est d'en parler et de l'expliquer".

Des panneaux sont installés en plein air, recouverts des dessins pédagogiques de Diglee et Thomas Mathieu. Engagés dans la lutte contre le sexisme et le harcèlement, les dessinateurs tiennent chacun une page web qui compile leur travail: http://projetcrocodiles.tumblr.com/ et http://diglee.com/. Les panneaux resteront exposés Place Valentin Haüy toute la semaine et vendredi 9, un happening sera organisé en face du cinéma Chavant.

Prise de conscience

Longtemps ignoré, le harcèlement de rue attire enfin l'attention de l'opinion publique, grâce notamment à Internet, formidable moyen de communication.  Publiée par l'association de lutte contre le harcèlement Hollaback! la vidéo "10 heures de marche dans New-York" a été visionnée 41 millions de fois en un an. Les images parlent d'elles-mêmes...

Mais pas besoin d'aller jusqu'à New-York. La belge Sophie Peeter s'est elle aussi filmée dans les rues de Bruxelles et le résultat est le même.