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À Toulon, les langues se délient après des soupçons de harcèlement au siège de l'AGPM

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Après les révélations de France Bleu Provence et l’ouverture d’une enquête préliminaire pour des soupçons de harcèlement moral et sexuel au siège de l'AGPM, la mutuelle militaire basée à Toulon, plusieurs salariés ou anciens salariés ont contacté notre rédaction pour témoigner.

Le siège de l'AGPM est situé à Toulon Le siège de l'AGPM est situé à Toulon
Le siège de l'AGPM est situé à Toulon © Radio France - Sophie Glotin

Quelques heures après les révélations de France Bleu Provence le vendredi 2 décembre 2022 sur l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Toulon pour des soupçons de harcèlement moral et sexuel à l’AGPM (Association générale de prévoyance militaire - 715.000 clients dont 80% de militaires et anciens militaires), plusieurs salariés ou anciens salariés ont contacté notre rédaction. Ils ont proposé ou accepté de nous rencontrer pour raconter leur histoire ou pour défendre leur direction.

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Parmi eux, Mathilde* une ancienne cadre de l’entreprise, licenciée en 2017 après 16 ans de carrière à la mutuelle des militaires. "C’est une boite que j’aimais, j’étais un pur produit AGPM" confie avec beaucoup d’émotion la mère de famille avant de raconter son histoire : "Un an après l’arrivée du PDG actuel, et alors que mes résultats étaient très bons, on m’a petit à petit reproché des choses que je n’ai jamais faites, on ne me conviait plus aux réunions qui concernaient pourtant mon service, on ne me donnait plus les informations essentielles à mon travail, les documents que j’imprimais disparaissaient également. J’étais physiquement dans l’entreprise mais je ne comptais plus, j’étais comme absente pour mes cadres. J’ai alerté mais personne n’a bougé. Ni le PDG ni le CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail".

"Cette situation a eu des conséquences physiques et morales sur moi" poursuit l'ancienne salariée. "Ils m’ont fracassée. J’ai dû être suivie par un psychiatre pendant un an. J’ai mis du temps à pouvoir prononcer le mot harcèlement. Aujourd’hui, j’arrive à en parler car j’ai réussi à me reconstruire" dit Mathilde qui précise qu'elle a perdu, en 2021, son procès contre l’AGPM devant le Conseil des Prud'hommes pour "licenciement abusif" et "harcèlement moral".

"Je n’ai pas fait appel, je n’en avais pas la force. Mais aujourd’hui, tout change. Je ne me sens plus seule. Avec l’ouverture de cette enquête, j’espère être entendue comme une victime de harcèlement. C’est une libération pour moi" conclue  Mathilde, qui insiste aussi sur un point : "Je n’ai jamais été victime de harcèlement sexuel. Et je n’en ai jamais eu écho quand j'étais à l’AGPM".

Un autre salarié, une autre version

Patrice, lui, travaille depuis 26 ans à l’AGPM. Il est aujourd’hui cadre au service informatique. Lui aussi a contacté France Bleu Provence : "Spontanément, sans que personne ne me le dise. Car je suis choqué par toutes ces informations qui sortent ! J’en ai marre qu’on s’attaque à l’AGPM. C’est dur et surtout ça devient pesant pour moi et pour d'autres salariés. J’ai donc décidé de prendre la parole pour défendre cette belle entreprise. Je ne le fais pas pour moi, mais je le fais pour ma boîte".

Le salarié de 59 ans fait référence à l’échéance importante qui attend la mutuelle : l’appel d’offres de la Protection Sociale Complémentaire, et son nouveau régime obligatoire qui doit entrer en vigueur en 2025. "Si nous ne sommes pas référencés par le ministère, nous allons dans le mur" dit le salarié, inquiet.

Patrice s’interroge donc : "Je ne comprends pas pourquoi ces affaires sortent maintenant ! J’entends parler depuis plusieurs années de cas de harcèlement moral et sexuel au sein de l’AGPM, et même avant l’arrivée de ce PDG ! J’ai l’impression qu’il s’agit d’un combat personnel de certains syndicats. Je m’étonne aussi car je n’ai jamais été consulté par les cabinets d’audit (qui les premiers, en avril et octobre 2022, ont mentionné ces soupçons de harcèlements NDLR) Ont-ils sélectionné et/ou conditionné les salariés ? Je me le demande".

Pour conclure, le Toulonnais dit n’attendre qu’une chose, "comme de nombreux collègues", "que la vérité éclate ! Dans un sens ou dans l’autre, nous verrons bien. Mais il se dit trop de choses actuellement, il faut que cette enquête aboutisse pour le bien de l’AGPM".

* Prénom modifié à la demande de l'intéressée

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