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Un dégât des eaux et la descente aux enfers d'une habitante de Nîmes, victime de l'attentat de Nice

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Francine est venue à Nîmes pour reconstruire sa vie après avoir été victime de l'attentat de Nice le 14 juillet 2016. Elle achète un bel appartement sans savoir que c'est le début d'une descente aux enfers. Un simple dégât des eaux au début et désormais la crainte de voir le bâtiment s'effondrer.

Francine Sabba dans son appartement de la rue Cart. Francine Sabba dans son appartement de la rue Cart.
Francine Sabba dans son appartement de la rue Cart. © Radio France - Juliette Pierron

Francine Sabba s'est installée à Nîmes en 2019 pour changer de vie. Elle est une victime de l'attentat de Nice le 14 juillet 2016, dont le procès s'ouvre ce lundi. Elle veut tourner la page après ce grave traumatisme, mais elle ne pensait pas qu'un simple dégât des eaux aurait pu lui faire vivre un cauchemar.

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Après l'attentat de 2016, pour aller mieux, elle décide de quitter Nice et de se rapprocher de Nîmes où elle a de la famille. À 70 ans, cette retraitée de l'Éducation nationale investit dans un très bel appartement situé rue Cart, entre le musée de la Romanité et le musée des Beaux-Arts à Nîmes. Moulures au plafond, mosaïque au sol.  Elle fait un emprunt et des travaux. 

Quelle est l'origine du dégât des eaux ? 

Mais très vite, elle fait face à un dégât des eaux. Sur un côté de l'habitation, les murs gondolent puis s'effritent, les plinthes se décollent. 

Elle fait réaliser plusieurs expertises qui mènent à cette supposition : le problème viendrait du bâtiment mitoyen, extrêmement vétuste. 

Un des nombreux pans de mur impactés par le dégât des eaux qui provient selon Francine de l'immeuble mitoyen.
Un des nombreux pans de mur impactés par le dégât des eaux qui provient selon Francine de l'immeuble mitoyen. © Radio France - Juliette Pierron

Francine toque alors à toutes les portes : propriétaires, syndicats de copropriété, experts indépendants, assurances. Son assureur finit par pénétrer dans le bâtiment et constate que oui , c'est dangereux. La mairie de Nîmes placarde alors en octobre 2021 un arrêté municipal sur le bâtiment interdisant d'y pénétrer, "interdiction maintenue tant que les mesures mettant fin aux risques encourues n'auront pas été réalisées

"Je me sens enterrée dans ma propre maison."

Le problème : depuis cet arrêté, aucune mesure n'a été prise par les propriétaires et le syndicat de copropriété, selon Francine. Alors elle s'inquiète : "si jamais il y a de grosses intempéries, il n'est pas dit que tout ne s'effondre pas !"

Et les conséquences sur sa vie sont très difficiles à vivre, selon elle. Elle raconte au bord des larmes :  "Le taux d'humidité atteint parfois 80% dans mon appartement. J'ai des picotements dans les yeux, j'ai les papilles qui ne vont pas. Mes habits ont des odeurs. Je dois utiliser un déshumidificateur qui me fait 100 euros d'électricité supplémentaires chaque mois. Je ne peux plus me payer de simples plaisirs. J'ai l'impression d'être enterrée, c'est ma fin de vie et j'en suis très malheureuse."

"Je n'ai pas perdu la vie avant mais à quoi ça sert d'avoir vécu trois ans à Nîmes si je n'ai pas pu en profiter ?"

À 73 ans, Francine se sent piégée dans son propre appartement. C'est d'autant plus difficile à vivre pour elle car elle souffre d'un syndrome de stress post-traumatique depuis l'attentat de Nice. "On ne guérit pas vraiment d'un tel drame. Et ce que je vis le ravive, explique-t-elle. Je refais des cauchemars. Je devais être partie civile au procès à Paris, je n'irai pas. C'est déjà trop dur pour moi a cause de cette humidité qui me pourrit la vie et de cette inaction, je ne suis pas heureuse comme je devrais l'être. J'ai peur que quelque chose me tombe dessus, je me sens à nouveau fragilisée. Je n'ai pas perdu la vie dans cet attentat, mais je me dis que si l'immeuble s'écroule, à quoi ça aura servi d'avoir vécu à Nîmes sans avoir pu en profiter ?"

Un pan de mur dans la chambre d'ami. Des zones ont été entourées par des experts pour constater l'évolution des dégâts.
Un pan de mur dans la chambre d'ami. Des zones ont été entourées par des experts pour constater l'évolution des dégâts. © Radio France - Juliette Pierron

Mettre la mairie devant ses responsabilités

Malgré sa détresse et son traumatisme, Francine veut être claire : ce n'est pas une affaire personnelle mais une question de sécurité de tous. "S'il faut que je refasse mes travaux à mes frais, pas de soucis, je le ferai, ce n'est pas un problème, assure-t-elle. 

Sa question est simple : quand est-ce que la mairie obligera les propriétaires de l'immeuble voisin à faire quelque chose ? "Je veux juste mettre la mairie devant ses responsabilités. On n'est pas obligés d'attendre que ça se passe comme à Marseille. Elle prévient : Si un jour, il y a un bâtiment qui s'effondre en plein centre-ville de Nîmes, on saura pourquoi."

Contactée, la mairie de Nîmes n'a pas commenté la situation de Francine Sabba.

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