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À Nantes, une cellule d'écoute pour lutter contre la prostitution des mineurs

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Une plateforme d'écoute a été mise en place à Nantes fin 2021 pour aider les mineurs victimes de prostitution. Un dispositif en lien avec les associations et le parquet.

Logo du réseau social Snapchat sur smartphone (photo d'illustration). Logo du réseau social Snapchat sur smartphone (photo d'illustration).
Logo du réseau social Snapchat sur smartphone (photo d'illustration). © AFP - Nikolas Kokovlis / Nurphoto

Le dispositif n'existe pas ailleurs en France. À Nantes, depuis la fin 2021, une cellule d'écoute dédiée à la lutte contre la prostitution des mineurs a été créée. Elle a été mise en place par l'ATDEC, Association territoriale pour le développement de l'emploi et des compétences. 

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Il s'agit d'un numéro d'écoute, le 06 03 68 39 50, auquel est associé tout un dispositif regroupant neuf associations (dont le planning familial, SOS Inceste et France Victimes 44), et qui est en lien avec le parquet de Nantes. L'objectif : signaler les cas de prostitution de mineurs afin d'accompagner et de protéger au mieux ces victimes.

Entre 10 et 30 appels chaque semaine

Chaque semaine, le téléphone de la plateforme d'écoute sonne entre 10 et 30 fois. Au bout du fil, principalement des professionnels en lien avec des enfants ou adolescents qu'ils soupçonnent de se prostituer : des éducateurs, infirmières scolaires, enseignants... Il y a aussi des proches inquiets pour ces jeunes. Et très rarement, les mineurs eux-mêmes, qui ne se reconnaissent pas comme victimes.

C'est une prostitution qui ne porte pas son nom. - Léa Messina, à l'origine de la cellule d'écoute

"Les mineurs ne se vivent pas comme en situation de prostitution et vont plutôt utiliser des mots comme 'de l'escorte', 'du bon plan', explique Léa Messina, chargée de mission à l'ATDEC, à l'origine du dispositif. Ils vont dire qu'ils se gèrent, qu'ils s'assument. Mais la prostitution, elle n'est pas nommée parce qu'elle n'est pas vécue comme telle."

Via les réseaux sociaux

Une prostitution qui prend sa source le plus souvent sur les réseaux sociaux. Elle touche majoritairement des jeunes entre 13 et 16 ans, parfois dès l'âge de 12 ans. Principalement des filles, de tous milieux sociaux. Un dénominateur commun :  des situations de violences ou de négligences, des fugues "systématiquement". Y sont régulièrement associés le décrochage scolaire, un changement brutal de comportement de l'enfant, l'isolement. "Ce sont des jeunes qui, petit à petit, vont se détacher et vont créer des ressources ailleurs, c'est-à-dire avec de nouvelles personnes", poursuit Léa Messina.

Lorsqu'un cas est signalé à la plateforme d'écoute, dans la foulée un panel de professionnels de l'enfance, de psychologues ou encore juristes, se réunissent pour tenter de trouver le meilleur accompagnement possible. Le Parquet de Nantes est immédiatement informé

Une magistrate référente

"Ça permet d'abord d'intervenir assez rapidement, de ne pas laisser la situation pourrir et arriver à un moment où il est devenu très difficile de prendre en charge ces mineurs. Plus on attend, plus c'est difficile", souligne la substitut du procureur Sandrine Zanni.
La magistrate référente sur ces dossiers évalue alors le degré de danger immédiat auquel le mineur est confronté afin d'assurer dans un premier temps sa protection, et peut décider d'engager des poursuites pénales.

"On est tous d'accord pour dire que ces situations sont extrêmement délicates à prendre en charge et que c'est la coordination des différents acteurs au contact direct des mineurs qui peut, à un moment, faire que ce mineur va se saisir d'une perche qui lui est tendue pour sortir de la prostitution", ajoute la magistrate du parquet des mineurs, dénombrant au moins cinq dossiers en cours de traitement par la justice à Nantes.

Former pour prévenir ces situations en amont

Depuis le début de l'année, la cellule d'écoute a été contactée pour des soupçons sur une quarantaine de cas différents de prostitution de mineurs. Parmi lesquels un peu moins de dix cas de avérés.
Il est nécessaire de former les personnes au contact des jeunes pour qu'ils sachent "repérer les signaux faibles", insiste Léa Messina de l'ATDEC. "Parce que notre dispositif n'existe que si on a des appels. Et pour pouvoir avoir des appels, il faut que les personnes soient formées." Quitte à appeler pour des soupçons qui ne se vérifient pas. "On peut intervenir en amont sur de la prévention, et ça aussi c'est vraiment très important."

162 situations observées en Loire-Atlantique

Selon un questionnaire en ligne diffusé auprès de professionnels par le département de la Loire-Atlantique, entre décembre 2021 et mars 2022, 162 situations de jeunes se prostituant ou risquant de le faire, ont été signalées. Elles concernent à 90% des femmes. 43% de ces jeunes ont subi des violences intrafamiliales, notamment sexuelles. La majorité est en rupture avec sa famille.

Le Département, via l’Observatoire de lutte contre les violences faites aux femmes, a programmé une journée de sensibilisation autour de l’été 2022 à destination des professionnels en lien avec les jeunes, associant les secteurs de la santé et de la justice. Le conseil départemental   a, par ailleurs, sollicité l'Etat pour obtenir un financement de son plan d'action qui vise, entre autre, à mieux comprendre ce phénomène, prévenir les conduites à risque, et outiller les professionnels.

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