[go: up one dir, main page]

Passer au contenu
Publicité

Coronavirus - AstraZeneca : une suspension provisoire pour un vaccin dont la dangerosité reste à prouver

Par
  • France Bleu

Emmanuel Macron a annoncé suspendre temporairement l'utilisation du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca en raison de doutes sur ses effets secondaires. Plusieurs pays ont pris la même décision. Un choix que regrettent l'Organisation mondiale de la Santé et des médecins. Ce vaccin est-il dangereux ?

Un flacon de vaccin AstraZeneca. Un flacon de vaccin AstraZeneca.
Un flacon de vaccin AstraZeneca. © AFP - JENS SCHLUETER

Peser le pour et le contre, estimer les avantages et les risques. Voilà le travail qui attend les experts du monde entier pour déterminer si le vaccin produit par AstraZeneca pour lutter contre le Covid-19 est dangereux. Ce lundi 15 mars, comme l'Allemagne, l'Espagne ou encore l'Italie, la France a décidé de suspendre provisoirement l'utilisation de ce vaccin. L'Organisation mondiale de la Santé se réunit mardi pour évaluer la situation. L'Agence européenne du médicament poursuit son évaluation ce mardi et rendra son avis jeudi, après une "réunion extraordinaire". 

Publicité

Des doutes, mais pas de lien avéré

De graves problèmes sanguins ont été repérés chez quelques personnes après que le vaccin d'AstraZeneca leur a été injecté. Mais rien n'indique pour le moment un lien de cause à effet. C'est l'Autriche qui a en premier suspendu la vaccination avec un lot en particulier de ce produit, le 8 mars. Une décision prise après la mort d'une infirmière qui venait de recevoir une dose d'AstraZeneca. La femme de 49 ans est décédée à cause d'une mauvaise coagulation sanguine.

D'autres cas de problèmes sanguins, parfois mortels, ont ensuite été relevés. Ce sont soit des difficultés à coaguler, comme en Autriche, soit la formation de caillots sanguins (thrombose), pour lequel un seul cas grave a été signalé en France après la prise d'un vaccin AstraZeneca. Mais il n'y a aucun lien avéré entre ces problèmes de santé et ce vaccin, à part l'enchaînement chronologique, indiquent les autorités des pays concernés. La suspension est donc préventive, le temps de s'assurer qu'un tel rapport n'existe pas. 

Outre ces problèmes sanguins, d'autres effets secondaires ont été relevés, le plus souvent sans gravité. En France, les données du régulateur des médicaments, l'ANSM, montrent qu'ils sont plus fréquents à être signalés chez des vaccinés AstraZeneca (0,66%) que Pfizer/BioNTech (0,19%) ou Moderna (0,12%). Il s'agit généralement de syndromes proches de la grippe, avec des accès de fièvre intense. Il y a également eu des cas de réactions allergiques. L'Union européenne les a ajoutées à la liste des effets secondaires potentiels, même si ces cas sont exceptionnels : 41 sur cinq millions.

Ce lundi, avant l'annonce d'Emmanuel Macron, le SDIS (service départemental d'incendie et de secours) des Bouches-du-Rhône avait décidé de suspendre la vaccination de son personnel après le cas d'un pompier victime d'effets secondaires. Il a été hospitalisé après avoir fait une arythmie cardiaque au cours de sa garde. Son état n'inspire plus d'inquiétude et aucun lien n'a été fait avec la vaccination.

Que dit AstraZeneca ?

Dans un communiqué publié dimanche, AstraZeneca soulignait que les cas de thromboses après avoir reçu son vaccin sont "similaires" à ceux de ses homologues. La société s'appuie sur les chiffres officiels du Royaume-Uni : sur 9,7 millions de personnes ayant reçu une dose de son vaccin, il y a eu 35 thromboses, soit 0,0004% et 24 sur les 10,7 millions de vaccinés Pfizer/BioNTech, soit 0,0002%. Dans chaque catégorie, il n'y a qu'un seul décès.

"Manifestement, la proportion (...) n'est pas différente", souligne dans un communiqué Stephen Evans, épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, cité par l'organisme Science Media Centre, et qui regrette la suspension du vaccin dans de multiples pays. "C'est tout à fait raisonnable d'étudier attentivement les liens entre vaccins et problèmes de coagulation, mais on va trop loin en (empêchant) les gens de recevoir des vaccins qui peuvent leur éviter de tomber malade", insiste-t-il. Selon AstraZeneca, les cas de thromboses sont même nettement moins fréquents que la moyenne dans la population. 

Qu'en pensent les professionnels de santé ?

Cette décision de suspension par les autorités divise les professionnels. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) indique ce lundi regretter ce choix. "Nous ne voulons pas que les gens paniquent et, pour le moment, nous recommandons que les pays continuent de vacciner avec AstraZeneca", a déclaré Soumya Swaminathan, cheffe scientifique de l'OMS. "Jusqu'à présent, nous n'avons pas trouvé d'association entre ces événements et le vaccin", a-t-elle ajouté. La scientifique a aussi indiqué qu'à ce stade, le bénéfice de la vaccination l'emporte sur les risques liés au Covid-19. L'opinion est identique du côté de l'Agence européenne des médicaments qui "reste actuellement d'avis que les avantages du vaccin AstraZeneca dans la prévention du Covid-19, avec son risque associé d'hospitalisation et de décès, l'emportent sur les risques d'effets secondaires".

"C'est une décision catastrophique" s'indigne pour sa part le président de la Confédération des syndicats médicaux français, Jean-Paul Ortiz. "On se bat déjà avec nos patients pour les convaincre que le vaccin AstraZeneca est aussi fiable que les autres. Ça va être très compliqué dans les cabinets, même si on prouve finalement qu'il n'y a pas de lien entre ces effets secondaires et le vaccin."

"Je dis, confiance au vaccin", a aussi réagi Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), sur franceinfo. Il rappelle qu'il y a "300 morts de la Covid par jour en France. Il ne s'agit pas de quelque chose de bénin. Il n'y que la vaccination qui peut nous sortir de ça." Le pharmacien reconnaît que "le doute en médecine doit nous habiter" mais qu'il doit "être raisonnable".

Dès ce lundi matin sur France Inter, Bruno Riou, cadre de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), s'étonnait de ces décisions de suspension : "Ca n'a aucun sens (de) procéder à des arrêts de cette vaccination. C'est comme si on disait : 'Il y a eu un accident de voiture chez un vacciné, on va interdire la conduite ou supprimer la vaccination' !"

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

L'info en continu

Publicité

undefined