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Covid-19 : "On n'aura pas besoin d'une grosse vague pour que l'hôpital soit en difficulté"

Par
  • France Bleu

"Il y a cinq fois plus de circulation virale chez les non vaccinés" a rappelé l'infectiologue Gilles Pialoux dans Ma France ce lundi, invitant ceux qui ne l'ont pas encore fait à se faire vacciner contre le Covid-19 pour éviter un reconfinement face à la hausse du nombre de cas.

L’infectiologue Gilles Pialoux  devant l'hôpital Tenon à Paris, en octobre 2020. L’infectiologue Gilles Pialoux  devant l'hôpital Tenon à Paris, en octobre 2020.
L’infectiologue Gilles Pialoux devant l'hôpital Tenon à Paris, en octobre 2020. © AFP - STEPHANE DE SAKUTIN

Les non-vaccinés reconfinés en Autriche, les bars, restaurants, supermarchés des Pays-Bas contraints de fermer plus tôt, le retour massif du télétravail en Allemagne... plusieurs pays européens ont annoncé ces derniers jours un renforcement des restrictions sanitaires, face à la hausse du nombre de cas de Covid-19 sur le continent. La France va-t-elle inévitablement suivre le même chemin ? Faut-il s'inquiéter ? Wendy Bouchard a posé la question à Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, invité de l'émission Ma France ce lundi.

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Le virus n'a pas de frontières et la situation chez nos voisins doit-elle nous inquiéter ?

Bien sûr, c'est comme le nuage de Tchernobyl, on n'a jamais vu les frontières limiter la circulation virale. Mais il faut analyser les situations une par une, l'Autriche, les Pays-Bas et l'Allemagne qui ont des incidences beaucoup plus élevées qu'en France (autour de 130 nouveaux cas pour 100.000 habitants), ont aussi des politiques différentes par rapport au vaccin, des taux de vaccination différents donc il faut analyser pays par pays.

Oui, en Autriche par exemple on a 65 % de vaccinés contre 75% en France...

En effet, mais ce n'est probablement pas la seule explication. En Autriche, il y a probablement une culture différente par rapport aux gestes barrières, c'est un pays dans lequel il n'y a quasiment jamais eu d'obligation vaccinale depuis 1948 et la variole... Nous avons des marges de manœuvres différentes d'un pays à l'autre.

On a le sentiment que les Français ont acquis ce réflexe de protection vaccinale, de nombreux rendez-vous ont été pris ces derniers jours, est-ce rassurant ?

Oui c'est rassurant car lorsqu'on parle de l'augmentation de l'incidence, il ne faut pas oublier qu'elle est saisissante : entre le 1er et le 7 novembre en France on a plus 44% de nouveaux cas, mais cela ne s'est pas traduit dans les hôpitaux. Il y a eu une augmentation des admissions à l'hôpital, de 7%, et 9% en réanimation, ce n'est pas rien, mais on constate une dissociation entre le nombre nouveaux cas et la pression sur l'hôpital, sur la réanimation et les décès. Et c'est à mettre au compte de la vaccination et du pass sanitaire.

Le masque est de nouveau obligatoire pour les élèves de plus de 6 ans dans toutes les communes de France aujourd'hui, et certains évoquent la possibilité de reconfiner les non vaccinés, c'est une possibilité ?

Sur le plan sanitaire cela aurait du sens, puisque c'est diminuer la pression sur les urgences, la réanimation et l'hôpital. Mais je crois que cette disposition n'est pas constitutionnelle, cela me parait donc compliqué à mettre en œuvre. Sur le plan sanitaire toutefois, cela aurait du sens parce qu'on sait que les incidences chez les non vaccinés et chez les vaccinés sont différentes, même si le vaccin ne protège pas complètement contre la transmission : il y a cinq fois plus de circulation virale chez les non vaccinés. Dans mon unité par exemple, où il y a 8 lits pleins en permanence pour l'instant, on a 7, entre 6 et 7 non vaccinés. 

On manque aussi de lisibilité sur les mesures contraignantes selon vous ? 

Alors, c'est singulier. En Autriche par exemple, vous ne rentriez pas à l'école si vous n'aviez pas un test salivaire positif. Donc, ils étaient plutôt pionniers dans ce domaine là même s'ils ont été rattrapés, probablement en raison d'une sous couverture vaccinale. Mais les écoles, c'est l'angle mort de la circulation virale. On n'a toujours pas un seul chiffre sur le dépistage chez les enfants. On a enlevé les masques, puis on les remet sur des critères qui sont ceux des adultes, la circulation du virus chez les adultes. Et puis, comme vous l'avez rappelé vous-même, on a perdu du dépistage avec le non remboursement, on a perdu 24% de dépistage selon Santé publique France chez les personnes qui ne sont pas symptomatiques donc il est possible qu'on sous-estime la circulation virale. Ce que l'on ne sous-estime pas, c'est la pression sur l'hôpital. 

Considérez-vous que le masque en intérieur doit redevenir la norme, alors qu'on relâche nos comportements de vigilance ?

On est dans une période où l'augmentation de circulation virale est inexorable. C'est lié à la fois aux conditions météorologiques et au fait qu'en plus les gens ont d'autres infections qui les fragilisent, ORL notamment. Cet hiver 2021 ressemble à l'hiver 2019 en termes de circulation des autres infections. Donc actuellement, on n'a pas les moyens d'avoir une vague comme la première ou la deuxième, parce que l'hôpital est plein en raison de la circulation virale des autres infections, la bronchiolite par exemple, la France est entièrement en rouge. Donc on n'aura pas besoin d'avoir une grosse vague pour que l'hôpital soit en très grande difficulté, d'autant plus que le personnel est lui-même en difficulté. 

Faut-il élargir la dose de rappel aux personnes âgées de 30, 40 ans ou 50 ans ?

On a compris qu'actuellement on n'est pas dans un climat où on envisage un reconfinement ou même un couvre-feu, parce que les Français  le vivraient extrêmement mal. Donc on va augmenter, élargir en cercles concentriques, à la fois l'obligation de la troisième dose qui a été annoncée par le président de la République, qui va probablement être élargie à d'autres tranches d'âge, les moins de 50 ans, et puis on va sans doute étendre également l'obligation vaccinale. C'est une façon de gagner du temps et de l'espace vaccinal parce qu'il y a d'autres professions qui sont en contact permanent avec la population et qui sont donc à risque de transmission virale. Mais de toute façon, cela ne fera pas l'économie d'aller chercher les 2 ou 2,5 millions de Français à risques qui n'ont toujours pas reçu une seule dose de vaccin.

Ceux qui meurent du Covid, ou sont en réanimation aujourd'hui, sont des patients qui ne sont pas vaccinés ?

Quasiment. On ne peut pas dire exclusivement, car il y a aussi des gens qui ont des comorbidités ou qui sont immunodéprimés, mais la grande majorité des patients, en effet, ne sont pas vaccinés. Je vous l'ai dit, dans mon unité, sur 8 lits occupés, c'est 6 ou 7 non vaccinés.

Vous qui êtes infectiologue, vous savez aussi combien les vétérinaires spécialistes de faune sauvage ont étudié les coronavirus, et comment leur expertise ont pu aider à l'expertise médicale humaine, si j'ose dire ?

Je souscris complètement. J'avais d'ailleurs fait une chronique dans L'Express sur la OneHealth, la santé globale. On ne s'en sortira pas avec ces zoonoses, ces maladies transmises de l'animal à l'homme, si on n'intègre pas la santé vétérinaire, une écologie responsable des cultures etc. à nos politiques. L'histoire du VIH, l'histoire d'Ebola, l'histoire du Covid nous renvoient à ce besoin de santé globale. 

Doit-on associer le vaccin contre la grippe et la troisième dose ou faut-il les séparer ?

Non, non. La Haute Autorité de santé a dit qu'on pouvait tout à fait les associer. Après, chacun voit en fonction de ses besoins. Vous savez qu'il y a un calendrier pour la troisième dose de six mois par rapport à la précédente. Donc, il faut que le calendrier colle bien. On peut faire tout. On peut faire un dans chaque bras, le même jour, ou on peut mettre 15 jours entre les deux, c'est en fonction de la demande de la personne et de ses besoins. On a même, un moment, évoqué le fait qu'on pouvait tout mettre dans une même seringue mais je ne crois pas que cela a été fait. Ce n'est pas une troisième dose mais un rappel (...) qui apporte beaucoup et ce n'est pas parce qu'on ressent des effets secondaires à la deuxième dose qu'on en éprouve lors du rappel, ce n'est pas automatique.

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