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La deuxième vague n'est pour l'instant pas pire que la première explique un pneumologue du CHU de Caen

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Le plan blanc a été activé vendredi dernier au CHU de Caen. Ce dispositif permet de mobiliser une capacité supplémentaire en lits et en moyens humains en cas de besoin. Mais pour l'instant, nous n'avons pas atteint le pic du mois de mars dernier.

Le professeur Emmanuel Bergot, pneumologue au CHU de Caen, à l'entrée de l'unité Covid. Le professeur Emmanuel Bergot, pneumologue au CHU de Caen, à l'entrée de l'unité Covid.
Le professeur Emmanuel Bergot, pneumologue au CHU de Caen, à l'entrée de l'unité Covid. © Radio France - Nolwenn Le Jeune

Le CHU a déclenché son plan blanc vendredi dernier parce qu'il a vu une augmentation massive des patients sur les quatre jours précédents dans les unités traditionnelles et l'application du plan blanc permet de prendre toutes les mesures pour pouvoir anticiper l'augmentation future de ces patients Covid dans l'institution. France Bleu Normandie a rencontré le professeur Emmanuel Bergot, pneumologie au CHU de Caen. Il dresse un état des lieux. 

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Quelle est la situation à l'heure actuelle ? 

Nous avons ouvert 35 lits d'hospitalisation dans les services de médecine avec possibilité d'augmenter ces lits à 41. Nous avons 28 patients hospitalisés dans ces lits. Nous avons 14 patients en réanimation sur les 58 lits dont dispose l'établissement, il nous reste encore 9 lits possibles. Enfin quatre patients Covid sont en soins continus sur 22 lits possibles.

Comment qualifiez-vous la situation ? sous contrôle ? critique ?

A l'heure actuelle elle n'est pas critique parce qu'il y a des lits disponibles, et que nous avons une politique territoriale d'admission de ces patients qui va être mise en place. Le but d'un plan blanc justement, c'est d'anticiper : si l'épidémie le nécessite, on pourra avoir une augmentation du nombre de lits dans d'autres unités, et il faudra peut-être déprogrammer des interventions non urgentes, mais à l'heure actuelle on n'en est pas là et on surveille de façon quotidienne l'épidémie. 

Pour l'instant, il n'y a pas encore eu de déprogrammation ?

Non, très peu. Mais on y réfléchit oui, pour préparer justement l'afflux massif de patients.

Comment se situe-t-on par rapport au moment du confinement ?

Le nombre de patients hospitalisés est à la moitié de ce qu'il était au mois de mars dernier, quand nous étions au pic. Donc on n'est pas encore dans ce cas, mais on se prépare à cette possibilité.

Sur les patients hospitalisés, quelle sont les catégories d'âge les plus touchées ? 

Ce sont exactement les mêmes qu'au moment du confinement, on a essentiellement des patients âgés de plus de 75 ans, et des patients d'une cinquantaine d'années avec ou non des facteurs de co-morbidité qui nécessitent une admission en réanimation en fonction de la gravité. 

Cette deuxième vague est-ce qu'elle est pire que prévue ?

Non parce qu'on est pas dans le pic, le nombre de patients demeure limité et sous contrôle avec une capacité de pouvoir prendre encore en charge des patients.

Est-ce que des transferts de patients de la région parisienne seraient possibles aujourd'hui ? 

Oui ce serait possible, mais on a besoin de garder pour nos patients une capacité d'accueil suffisante. Contrairement à la première vague où on a eu une déprogrammation complète, avec très peu de patients souffrant d'autres pathologies, là nos lits de réanimation sont occupés parce qu'on a à la fois les patients Covid et tous les autres patients, donc notre capacité en réanimation risque d'être saturée si on a un afflux de patients Covid. 

Qu'en est-il de la pathologie en elle-même : est-ce que cette deuxième vague est différente de la première ?

Les manifestations sont exactement les mêmes : des atteintes pulmonaires, des atteintes diffuses, systémiques inflammatoires. Le seul élément positif par rapport à la première vague, c'est qu'on dispose d'un traitement, la Dexaméthasone qui semble réduire le risque d'admission en réanimation et le risque de mortalité donc on a quand même une amélioration de la prise en charge des patients sur le plan réanimatoire et de nouvelles pistes thérapeutiques. Le Dexaméthasone, c'est un corticoïde, qui empêche cette cascade inflammatoire et qui permet d'éviter certaines complications. On en dispose depuis le mois de juillet, c'est le seul médicament qui a montré pour l'instant une efficacité dans la prise en charge des patients Covid.

Parlons également de la grippe qui arrive...

L'épidémie n'a pas encore commencé, mais ce que l'on redoute c'est qu'il y ait une association de la grippe, des virus hivernaux respiratoires et du Covid qui risque de décompenser des pathologies chroniques et de faire un afflux de patients au niveau des urgences. 

Par contre ce qu'il faut rappeler aux patients qui ne sont pas atteints de Covid, mais qui ont des pathologies chroniques, c'est qu'il faut continuer de venir aux urgences, continuer à se faire soigner. Il ne faut pas déprogrammer et de prendre du retard comme au moment de la première vague, c'est un élément important et qui rend peut-être la situation un peu plus difficile aujourd'hui. Si on a des traitements de chimiothérapie, si on a besoin d'une chirurgie ou si on a besoin des urgences en cas d'aggravation de la pathologie, il faut impérativement venir se soigner.

Le personnel soignant est-il prêt à affronter cette deuxième vague ?

Le personnel a beaucoup de courage et est prêt à affronter les choses, mais c'est vrai qu'il est assez anxieux et fatigué par rapport à la première vague. Il s'interroge sur la charge de travail possible et sur la durée de cette seconde vague, donc c'est un élément supplémentaire des difficultés de prise en charge.

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