[go: up one dir, main page]

Passer au contenu
Publicité

Qu'est-ce que le Conseil national de la refondation, lancé par l'Elysée ce jeudi, et pourquoi est-il boudé ?

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Le Conseil national de la refondation, voulu par Emmanuel Macron après sa réélection, est lancé ce jeudi. Censé regrouper partis politiques, syndicats, associations et citoyens pour une nouvelle forme de dialogue, il est déjà boudé par de nombreux invités. On vous explique pourquoi.

Le président de la République Emmanuel Macron à l'Élysée le 5 septembre 2022. Le président de la République Emmanuel Macron à l'Élysée le 5 septembre 2022.
Le président de la République Emmanuel Macron à l'Élysée le 5 septembre 2022. © AFP - Ludovic MARIN / POOL

Il est censé représenter la "nouvelle méthode" de gouvernance, promise pendant la campagne présidentielle par Emmanuel Macron. Mais avant même son lancement à Marcoussis, dans l'Essonne ce jeudi, le Conseil national de la refondation est déjà boudé. Les partis d'opposition, syndicats et associations invités à y participer sont en effet nombreux à le boycotter. France Bleu vous explique ce qu'est ce CNR, et les polémiques qui l'entourent.

Publicité

Qu'est ce que le CNR ? 

Le Conseil national de la refondation a été annoncé par Emmanuel Macron début juin, après sa réélection et avant les législatives. Le Président, critiqué depuis 2017 pour sa pratique "verticale" du pouvoir, a promis une "nouvelle méthode" de gouvernance.

Le CNR se veut une "forme de dialogue renouvelé", qui regroupe partis politiques, associations, syndicats, partenaires sociaux et citoyens, autour de plusieurs grands thèmes de réflexion. Il vise à "bâtir, dans un esprit de dialogue et de responsabilités partagées", "des consensus sur la situation du pays" et à "concevoir des solutions concrètes aux préoccupations de nos concitoyens", détaille le chef de l'État dans la lettre d'invitation à son lancement.

L'intitulé, le CNR, est un clin d'œil au Conseil national de la résistance, qui coordonnait les mouvements de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.

François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan, a été choisi pour être son secrétaire général. 

Comment va se dérouler son lancement ? 

Autre clin d'œil, le CNR est lancé au CNR de Marcoussis, le Centre national du rugby, un immense domaine de 20 hectares en Essonne, où s'entraîne l'équipe de France.

Ce jeudi, de 9h30 à 18h, une cinquantaine de participants, représentatifs "des forces vives de la Nation" dans le social, l'économie, la politique, l'associatif, la santé et l'environnement y seront réunis.On y trouvera le patron de la CFDT Laurent Berger, celui du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, celui de la CPME François Asselin, la FNSEA, mais aussi des représentants des principales associations d'élus, des dirigeants d'ONG, comme la Fondation Abbé Pierre, des associations dans de domaine du handicap et une dizaine de ministres.

Les discussions, à huis clos, dureront toute la journée. Outre Emmanuel Macron, les participants écouteront aussi les interventions du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, du premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, et de la présidente du Haut conseil pour le climat, Corinne Le Quéré.

Dans l'après-midi, la Première ministre Elisabeth Borne pilotera une réunion pour déterminer les chantiers et établir leur mise en œuvre dans la durée. 

Quels seront les thèmes abordés ? 

Présenté par l'Elysée comme une "boîte à idées", le CNR portera sur cinq thèmes : plein emploi et industrialisation, école, santé, "bien vieillir" et transition écologique. 

Pour commencer, le "défi de l'accès aux soins" sera "au cœur de l'enjeu", a affirmé Emmanuel Macron mercredi. Devant le congrès de la Mutualité, il a jugé "pas acceptables" les difficultés pour trouver un médecin, et affirmé qu'il souhaitait "trouver des accords pour rebâtir la continuité des soins".

Quel calendrier après le lancement ? 

Une fois le dialogue lancé, chaque ministre chargé d'un des thèmes devra poursuivre les réflexions en CNR thématiques, a indiqué l'Elysée. "Pour chaque thème, les acteurs concernés seront conviés", a affirmé la Première ministre Elisabeth Borne. Le débat sera étendu aux collectivités territoriales. L'Elysée souhaite "aller vite", et "avoir des traductions concrètes dès 2023."

Pourquoi est-il boycotté et très critiqué ? 

Les partis d'opposition et la plupart des syndicats ont annoncé qu'ils n'allaient pas assister au lancement du CNR. Plusieurs raisons sont invoquées : le refus de vouloir contourner le Parlement, de participer à un "machin" inutile, mais aussi la référence au Conseil national de la résistance, vécue comme une usurpation. Les opposants reprochent également au chef de l'État de ne pas avoir pris en compte les demandes déjà exprimées par les citoyens lors du Grand débat, lancé en 2019 pour sortir de la crise des "gilets jaunes", puis après la Convention citoyenne pour le climat, conclue en juin 2020.

Les oppositions accusent Emmanuel Macron de contourner le Parlement 

Les partis d'opposition, de la Nupes au RN en passant par LR, le PS ou EELV, estiment que le débat démocratique doit se tenir au Parlement, et dénoncent une confusion des rôles. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a écrit à Emmanuel Macron pour dénoncer ce qu'il considère comme un "contournement du Parlement, c'est-à-dire de la représentation nationale".

Pour Aurélien Pradié, le secrétaire général des Républicains, Emmanuel Macron "prend des libertés avec notre organisation institutionnelle et donc peut-être même avec notre organisation démocratique." "Il n'y a pas besoin de créer des bidules supplémentaires", a-t-il affirmé sur franceinfo. 

loading

Jean-Luc Mélenchon a qualifié le CNR de "saison 2 du grand blabla". Même l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, dont le parti Horizons fait partie du camp présidentiel, a pris ses distances. Il sera représenté par la maire d'Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil.

Pour tenter de les rassurer, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui sera présente à Marcoussis, a assuré qu'elle serait "extrêmement vigilante" sur la défense des prérogatives du Parlement.

Les élus locaux participeront, après des garanties d'Emmanuel Macron 

Très sceptiques, les principales associations d'élus (associations des maires de France, des Maires ruraux, assemblée des  départements de France et des régions de France) doutaient également que le CNR soit "le format adapté" pour un dialogue avec les collectivités. Elles ont finalement obtenu la garantie d'avoir des réunions de travail régulières avec le chef de l'État, et ont donc annoncé qu'elles participeraient au conseil.

Les élus des grandes villes, "perplexes", iront quand même

La présidente de France urbaine et maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, sera présente au lancement du CNR. Elle a affirmé à franceinfo qu'elle s'y rendra "pour entendre ce que le président de la République souhaite dire aux élus locaux". Mais elle fera le point ensuite avec les membres de son organisation, pour "déterminer les suites à donner à cette démarche". L'association s'est dite "perplexe et interrogative sur les concours et l’objet de cette rencontre. 

Les syndicats absents ou sceptiques 

Les syndicats, qui affirment également que l'exécutif n'a pas tenu compte de leurs positions lors de la réforme de l'assurance chômage ou des réunions sur la réforme des retraites, sont aussi échaudés. La CGT et Solidaires ne participeront pas au CNR, tout comme Force ouvrière, la CFE-CGC, et la FSU.

Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, la CGT affirme que "l''expérience de ces dernières années nous a montré que votre volonté d'écoute, maintes fois répétée, ne s'est jamais concrétisée".

Le syndicat rappelle aussi que des instances existent déjà pour "faire progresser la démocratie", comme le CESE, le Conseil économique, social et environnemental au niveau national, et "les CESER au niveau régional", qui "ont toute légitimité, par leur composition, pour analyser et proposer des solutions alternatives à de nombreux problèmes". Le syndicat pointe d'ailleurs que "rarement, les rapports proposés par la 3ème chambre de la République, le CESE, ont fait l'objet d'une prise en compte législative".

En revanche, la CFDT et la CFTC en seront, mais restent sceptiques. "On jugera aux actes et à ce qui sera décidé à la sortie", a prévenu sur franceinfo le  secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.

Le CNR, un intitulé qui évoque la Résistance et divise 

L'intitulé du CNR, qui rappelle donc celui du Conseil national de la Résistance, qui organisait la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et a été à l'origine de la création de la Sécurité sociale, a aussi été dénoncé par la CGT. Le syndicat fustige "l'utilisation du sigle CNR", qui "ressemble à de l'usurpation sociale et historique, à de la communication dont nous ne pouvons être dupes". "Les initiales CNR ont plus qu'une portée symbolique pour la CGT", rappelle-t-elle. "Le Conseil national de la résistance, auquel des dirigeants de la CGT ont largement participé, a permis d'élaborer un programme, qui portait le nom 'Les jours heureux'". Les mesures qui en ont résulté "sont aux antipodes du programme que vous portez depuis 2017 et des lois que vous avez mis en œuvre", affirme la CGT en s'adressant au Président. 

Le gouvernement regrette l'absence des oppositions

Élisabeth Borne a déploré, jeudi dernier, que les partis d'opposition "refusent la discussion avant même qu'elle ait commencé". "Je m'interroge. Est-ce que, dans la période actuelle où on fait face à des défis considérables (...) est-ce que c'est naturel de refuser la discussion avant même qu'elle n'ait commencé ?", a demandé sur France Inter la Première ministre. "C'est important que l'on puisse partager les diagnostics, discuter des objectifs", a-t-elle ajouté. La cheffe du gouvernement a affirmé que "la porte resterait ouverte" à ceux qui souhaiteraient rejoindre le CNR dans un second temps, après son lancement.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

L'info en continu

Publicité

undefined