Après les Régionales, le FN en passe de gagner trois sièges de députés en 2017 dans le Loiret
ANALYSE - France Bleu Orléans a reporté les résultats du second tour des élections régionales sur les élections législatives. Verdict : l'extrême-droite progresse fortement, la droite s'effondre et la gauche fait plus que résister dans un département qui lui est historiquement hostile.
Combien le Front National aurait de sièges de députés dans le Loiret si l'on calquait les résultats des élections régionales sur les circonscriptions législatives ? La réponse est détonante : le parti d'extrême deviendrait la première force politique du département avec 3 sièges (il arriverait en tête dans les 3ème, 4ème et 5ème circonscriptions), le PS en remporterait 2 (il conserverait la 6ème et ferait basculer la 2ème de Serge Grouard) et Les Républicains n'aurait comme lot de consolation qu'un seul siège (la 2ème circonscription d'Olivier Carré).
Tout cela tient plus de l'arithmétique que de la politique puisque les modes de scrutin ne sont pas les mêmes. Aux Législatives, on élit un candidat, l'équation personnelle est donc forte. La Présidentielle qui aura précédé le scrutin favorisera aussi le candidat de la même couleur politique que le Président de la République fraîchement élu à l'Elysée. Enfin, les règles de qualification pour le second tour ne sont pas les mêmes : il suffit de dépasser 10% des suffrages exprimés pour les Régionales, 12,5% des électeurs inscrits pour les Législatives, ce qui limite le risque de triangulaires, particulièrement fatales à la droite dans le Loiret.
Mais ces projections montrent combien le Loiret devient une terre d'implantation et (bientôt d'élection ?) du parti de Marine Le Pen, quasiment au même titre que les bastions frontistes de Paca, du Nord Pas de Calais et de l'Est du pays.
Jean-Pierre Door et Marianne Dubois menacés par le FN
Ce sont deux circonscriptions très ancrées à droite. La 4ème couvre le Montargois, elle est détenue depuis 2002 par le maire LR de Montargis, Jean-Pierre Door. Une circonscription où le FN réalise des scores très importants depuis une vingtaine d'années. Exemple très symbolique, une commune de cette circonscription, Thorailles (130 habitants) avait élu Jean-Marie Le Pen Président de la République au second tour dès 2002, avec 52% des voix !
En projetant les résultats des Régionales sur des Législatives, le FN totalise 40%, la droite et la gauche sont toutes les deux à 30%. Des projections qu'il faut nuancer : pour se qualifier au second tour, il faut arriver parmi les deux premiers ou dépasser 12,5% des électeurs inscrits. Une formalité pour le FN qui vire en tête au 1er tour (et totalise 18,8% des inscrits), derrière, tout dépendra des alliances à droite et à gauche. Si le PS et EELV partent en ordre dispersé, ça paraît mission impossible. Pareil pour Les républicains, l'UDI et le Modem. Sachant qu'aux régionales, au 1er tour, le total des listes PS et EELV représentait 12,6% des inscrits contre 9,8% pour la liste LR-UDI-Modem.
Le 1er mandat de Claude de Ganay pourrait bien être le seul
Le Front National est également en position de force sur la 3ème circonscription, Sologne-Gien, où il arrive en tête : 35,6%. Le député sortant (LR) Claude de Ganay, ancien maire de Dampierre en Burly, a du souci à se faire, la droite totalisant 33,5% des suffrages, juste devant la gauche (30,9%).
Olivier Carré, maire (LR) d'Orléans depuis 6 mois, pourrait bien être le seul rescapé à droite aux Législatives, si l'on en croit ces projections. Dans cette circonscription, la droite arrive en tête, de peu (39,9%), la gauche suit (38,8%) et le Front National réalise son plus mauvais score du département (21,3%).
Serge Grouard en grand danger
Sur la deuxième circonscription, le haut niveau du Front National pourrait bien priver Serge Grouard (LR) d'un 4ème mandat, si l'ancien maire d'Orléans décide de se représenter. La gauche est en tête avec près de 38%, la droite à 34,4% et le FN à 27,7%. Une situation délicate qui explique, peut-être, le violent coup de gueule poussé par le parlementaire à l'issue des Régionales.
Mais Serge Grouard, sans doute l'un des politiques les plus connus dans le Loiret peut compter justement sur cette donnée très personnelle pour inverser la tendance. C'est sur son nom, déjà, qu'en 2012, en pleine vague rose, il a sauvé son siège in extremis, face à Christophe Chaillou, le maire (PS) de Saint Jean de la Ruelle.
Une triangulaire favoriserait la Socialiste Valérie Corre
L'autre circonscription où la gauche arrive en tête, c'est celle justement qui a élu une députée PS en 2012 : la 6ème circonscription, Orléans-Est, détenue depuis 3 ans par l'Orléanaise Valérie Corre. Selon ces projections, la gauche est largement devant avec 38,8% des voix, la droite est à 34,2% et le FN à 27%.
A noter que le Loir et Cher également enverrait un député FN selon ces projections, dans la circonscription détenue jusqu'ici par Patricie Martin-Lalande. L'élu solognot a déjà dit qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat en 2017, c'est le maire (LR) de Neung sur Beuvron Guillaume Peltier qui devrait être le candidat de la droite.
Si les Législatives avaient donc eu lieu ce 13 décembre 2015, avec les mêmes résultats qu'aux régionales, le Front National aurait envoyé 46 députés à l'Assemblée National (selon une analyse du journal Le Monde), dont 3 élus dans le Loiret. Mais si la politique-fiction ne devient pas (toujours) réalité, cette analyse démontre le poids grandissant du FN dans le Loiret, et sa position de plus en plus gênante pour la droite, jusque-là hégémonique dans le Loiret.
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