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En Chine, des centaines de manifestants défient la politique "zéro Covid" du régime

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Des manifestations inédites s'étendent à travers la Chine depuis dimanche pour protester contre les confinements et la politique "zéro Covid" stricte, pratiquée par le régime depuis le début de l'épidémie, il y a trois ans. De premières arrestations ont eu lieu dans la soirée à Shanghai.

À Pékin, 400 manifestants se sont rassemblés dimanche soir contre la politique "zéro Covid" du pays, brandissant des feuilles blanches pour symboliser la censure À Pékin, 400 manifestants se sont rassemblés dimanche soir contre la politique "zéro Covid" du pays, brandissant des feuilles blanches pour symboliser la censure
À Pékin, 400 manifestants se sont rassemblés dimanche soir contre la politique "zéro Covid" du pays, brandissant des feuilles blanches pour symboliser la censure © Maxppp - Koki Kataoka / Yomiuri

À Pékin, Shanghai ou encore Wuhan, berceau de l'épidémie de Covid-19, la colère se propage en Chine contre la politique sanitaire du pouvoir. Ce dimanche, des manifestations se sont déroulées à travers tout le pays pour protester contre les confinements, démonstration d'hostilité inédite à l'égard du régime du président Xi Jinping. 

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La Bourse de Hong Kong a plongé de plus de 3% lundi à l'ouverture, après ces manifestations. 39.506 cas de Covid ont été recensés dimanche dans le pays, un record quotidien, qui reste néanmoins très faible par rapport à ceux enregistrés ailleurs dans le monde au plus fort de la pandémie. 

Le mécontentement général a été attisé ces derniers jours par plusieurs affaires dans lesquelles les services d'urgence ont été ralentis par les restrictions sanitaires dans certains quartiers, avec des conséquences fatales. À Urumqi, dans la province du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, un incendie dans un immeuble a ainsi fait dix morts jeudi, les confinements en vigueur dans la ville ayant entravé l'arrivée des pompiers sur les lieux selon de nombreux messages sur les réseaux sociaux. 

Au moins 400 manifestants à Pékin 

Dans le centre de Shangai, dont les 25 millions d'habitants ont connu deux mois d'isolement stricts au début de l'année, des heurts ont éclaté dimanche entre des groupes de contestataires et les forces de l'ordre. Plusieurs centaines de manifestants, déjà dispersés par la police dimanche matin après une première nuit de manifestation, sont revenus sur place dans l'après-midi, appelant le président chinois à "démissionner". 

Plusieurs personnes ont été arrêtées dans la foulée, les rues bouclées par les forces de l'ordre. Parmi les slogans scandés à l'unisson : "Pas de tests Covid, on a faim !", "Xi Jinping, démissionne ! PCC (Parti communiste chinois, ndlr), retire-toi !" ou "Non aux confinements, nous voulons la liberté". Par son étendue sur le territoire, la mobilisation semble la plus importante depuis les émeutes pro-démocratie de 1989.

"Le combat contre le Covid-19 sera une réussite"

Le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé des "forces aux motivations cachées" d'établir un lien entre cet incendie et "la réponse locale au Covid-19", selon son porte-parole Zhao Lijian. Sous "la direction du Parti communiste chinois et (avec) le soutien du peuple chinois, notre combat contre le Covid-19 sera une réussite", a-t-il assuré, en réponse à la vague de protestations du week-end. 

Lundi matin, une présence policière était visible à Pékin et à Shanghai, près des lieux de rassemblements de la veille, ont constaté des journalistes de l'AFP. A Shanghai, deux personnes ont été arrêtées près de la rue Urumqi, à l'endroit même où avait eu lieu une manifestation dimanche.

L'une des deux personnes n'avait "pas obéi à nos dispositions", a expliqué un policier à l'AFP. Les agents écartaient également d'autres personnes présentes sur place et leur ordonnaient d'effacer des images de leurs téléphones, selon un journaliste de l'AFP. La police de Shanghai, interrogée à plusieurs reprises, n'avait toujours pas répondu lundi sur le nombre de détentions durant le week-end.

Un journaliste britannique "frappé par la police"

Ed Lawrence, un journaliste de la BBC en Chine, qui couvrait à Shanghai, a été arrêté et "frappé par la police", selon le média britannique. Le ministre britannique des Entreprises, Grant Shapps, a jugé "inacceptables" et "préoccupantes" ces violences. "Quoi qu'il arrive, la liberté de la presse doit être sacro-sainte", a déclaré le ministre sur la radio privée LBC.

Le porte-parole a expliqué que la BBC n'avait eu "aucune explication ou excuse officielle des autorités chinoises, au-delà d'une affirmation des fonctionnaires, qui l'ont ensuite libéré, qu'ils l'avaient arrêté pour son propre bien au cas où il aurait attrapé le Covid (au milieu) de la foule". "Nous ne considérons pas cela comme une explication crédible", a-t-il ajouté.

Le reporter est par la suite retourné sur les lieux de la manifestations, selon des vidéos publiées sur son compte Twitter. Pékin a assuré lundi que Ed Lawrence ne s'était pas identifié en tant que journaliste. "D'après ce que nous avons appris des autorités compétentes de Shanghai, il ne s'est pas identifié en tant que journaliste et n'a pas volontairement présenté son accréditation de presse", a assuré Zhao Lijian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, demandant aux médias étrangers de "respecter les lois chinoises et les réglementations lors (de leur séjour) en Chine".

A Shanghai, une des rues occupées par la foule durant la nuit était désormais entourée de palissades pour empêcher tout nouveau rassemblement.

"Paralysie" et "lassitude"

Le contrôle strict des autorités chinoises sur l'information et les restrictions sanitaires sur les voyages à l'intérieur du pays compliquent la vérification du nombre total de manifestants durant le week-end.
Mais un soulèvement aussi étendu est rarissime en Chine, compte tenu de la répression contre toute forme d'opposition au gouvernement. Des manifestations ont également eu lieu à Canton, Chengdu et Hong Kong, mais aussi à Wuhan, ville du centre du pays où avait été détecté le premier cas au monde de Covid-19 il y a bientôt trois ans.

Le Quotidien du peuple a publié lundi un texte mettant en garde contre la "paralysie" et la "lassitude" face à la politique "zéro Covid", sans toutefois appeler à y mettre fin. "Les gens ont maintenant atteint un point d'ébullition car il n'y a pas de direction claire sur la voie à suivre pour mettre fin à la politique du zéro Covid", explique à l'AFP Alfred Wu Muluan, expert en politique chinoise à l'Université nationale de Singapour. "Le parti a sous-estimé la colère de la population", ajoute-t-il.
Les manifestations ont inquiété les investisseurs. Et les Bourses asiatiques ont ouvert en nette baisse lundi.

La télé chinoise censure les supporters sans masque au Qatar

Alors que les Chinois sont toujours soumis à des règles sanitaires strictes depuis trois ans, avec des dizaines de millions d'habitants dans les grandes villes encore concernés par une forme de confinement dimanche, et des tests PCR négatifs exigés presque quotidiennement pour avoir accès à l'espace public, les images du Mondial de football au Qatar ont fait office d'électrochoc pour une partie de la population. Des voix ont ainsi commencé à s'élever pour s'étonner de l'absence du port du masque dans les stades de la compétition. Une lettre ouverte se demandant si la Chine était bien "sur la même planète" que le Qatar et remettant en cause la politique anti-Covid chinoise a fait le buzz ces derniers jours sur la très populaire messagerie WeChat, avant d'être censurée par les autorités.

Depuis dimanche, la chaîne de sports de la télévision chinoise censure donc les images de supporters sans masque à Doha. Dans la retransmission du match Japon-Costa Rica, chaque image montrant des gens de trop près a ainsi été remplacée systématiquement par des images des joueurs ou du stade, ou encore des images de foule prises d'assez loin pour ne pas permettre de distinguer les visages.

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