Le "cimetière des fous" bientôt enseveli par le chantier de la déviation d'Évreux
Situé sur le tracé de la déviation sud-ouest d'Évreux, le "cimetière des fous" où ont été enterrés pendant plus d'un siècle des malades et des personnels de l'hôpital pyschiatrique ne sera bientôt plus qu'un souvenir. Des associations se mobilisent pour un devoir de mémoire et de dignité.
Des arbustes, des ronces, des tombes enfouies sous les buissons et même quelques fraises de bois, la nature a repris ses droits au "cimetière des fous" de l'hôpital psychiatrique d'Évreux. Le lieu aujourd'hui abandonné, propriété de l’État, a accueilli depuis 1866 et jusqu'en 1974 la dernière demeure des malades et de personnels de l'établissement de santé. Leur repos éternel est perturbé et le temps presse : "Les engins de chantier sont à moins d'un kilomètre d'ici" s'inquiète Alain Raoul, le président de l’association des Gilets bleu horizon de Seine-Maritime, "et on se demande si on va avoir le temps de répertorier nos tombes et de référencer tout ça". Le cimetière se trouve en effet sur le tracé du chantier de la déviation sud-ouest d’Évreux.
Ce dimanche, des bénévoles se mobilisent pour réaliser une indexation des sépultures présentes sur le site - des croquis, des photos, des relevés - avant que le cimetière ne soit englouti.
Les associations sont inquiètes sur l'avenir des corps des défunts, même si la préfecture de l'Eure a assuré que tout serait fait dans le règle dans le respect du droit funéraire. Une pétition a été lancée pour la préservation du cimetière des fous par Manon Maurin et "suite à cette pétition, les choses se sont un peu affolées, on a cherché à savoir ce qui avait été fait et ce qui allait être fait" explique Alexandra Sobczak, la présidente de l'association Urgences patrimoine, "il y a une espèce d'opacité autour du projet et on n'arrive pas à savoir" précise celle qui vient de créer une commission nationale de sauvegarde du patrimoine funéraire car "la mémoire ne doit pas être effacée, elle doit être transmise".
On est obligé de faire un peu de bruit pour obtenir des réponses - Alexandra Sobczak
460 sépultures au "cimetière des fous"
Le surnom de "cimetière des fous" ne facilite pas les choses, "il y a un côté péjoratif" s'émeut la présidente d'Urgences patrimoine mais dit-elle, "il faut rappeler que ce sont des êtres humains", des malades mais aussi du personnel soignant : "En 2020, on applaudit les personnels soignants à cause de la crise et on est prêt à détruire des tombes de médecins ou d'infirmières en toute impunité" s'émeut Alexandra Sobczak.
La présidente d'Urgences Patrimoine formule une demande : "Les corps doivent être relevés comme la loi l' oblige et que les corps soient mis ensemble quelque part avec un petit monument qui rappelle la mémoire de tous ces gens".
Il y a même la tombe d'un poilu Adrien Barillon, "entré à l'asile le 7 janvier 1911, décédé le 8 mars 1920, mort pour la France" lit sur sa pierre tombale Laure Guillaud, la vice-présidente des Gilets bleus horizon de Seine-Maritime. L'association œuvre pour la sauvegarde du patrimoine militaire funéraire.
Ce qui m'attriste le plus, c'est l'état d'abandon. Il est tombé dans l'oubli - Laure Guillaud
460 tombes de malades ou de personnels -médecins ou infirmières - sont actuellement recensées dans le cimetière à l'orée de la forêt mais "depuis la création du cimetière en 1866, il y aurait eu environ 1600 corps" précise Anaïs Poitou, qui vient d'obtenir avec une mention très bien son Master Valorisation du patrimoine à l'université de Rouen.
Le nouvel hôpital de Navarre espère bien avoir l'autorisation et le temps de proposer une dernière visite du "cimetière des fous" à l'automne lors des Journées européennes du patrimoine, guidée par un ancien infirmier de l'établissement.
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