VIDÉO - Scandale de la Dépakine : le témoignage d'une mère de famille en Normandie
Pendant des années, Émilie, Normande, a pris de la Dépakine pour traiter son épilepsie. Personne ne l'a clairement informée des dangers de ce médicament. En 2013, elle a perdu un bébé à sept mois et demi de grossesse et son deuxième enfant souffre de sérieux problèmes de santé et de comportement.
Émilie a 23 ans quand elle tombe enceinte de son premier enfant et dès les premières échographies, le diagnostic est alarmant : "On m'a dit qu'on ne voyait pas les mains, qu'il n'avait pas de mains. On me disait que le bébé avait "la tête Dépakine" et moi je ne comprenais pas. Tout ce que je savais, c'est qu'avant cette grossesse, j'étais malade et que j'avais besoin de ce traitement", raconte la jeune femme, des sanglots dans la voix. Ce traitement, c'est la Dépakine, un anti-épileptique qu'elle prend alors depuis plus de dix ans.
Si on m'avait clairement expliqué les choses, je n'aurais pas pris le risque...
En 2013 pourtant, les dangers de la Dépakine et de ses dérivés sont déjà bien connus de la communauté médicale, mais le médecin d'Émilie continue de lui prescrire malgré sa grossesse. "Le neurologue disait qu'il était trop tard pour l'arrêter", explique la jeune femme qui regrette de ne pas avoir été suffisamment alertée sur les dangers de ce médicament.
Selon une évaluation de l'ANSM et de l'Assurance maladie, la molécule en cause (le valproate de sodium) serait à l'origine de malformations congénitales graves chez 2 150 à 4 100 enfants depuis 1967. Sans compter les avortements et les décès : 156 décès selon l'association de parents Apesac qui est à l'origine de la procédure lancée en 2016 contre le laboratoire Sanofi. "Si on m'avait clairement expliqué les choses, je n'aurais pas pris le risque de vivre cette expérience pour ne pas avoir souffert autant", regrette Émilie.
Je m'en voudrais toute ma vie.
Le bébé d'Émilie fait partie de ces tristes statistiques. Elle l'a perdu à sept mois et demi de grossesse. Un drame dont elle ne peut pas parler sans se mettre à pleurer. Deux ans plus tard, en 2015, elle accouche de son deuxième enfant. Un bébé en bonne santé, en apparence. Mais le petit garçon de quatre ans aujourd'hui présente lui aussi des troubles caractéristiques. "Il a de gros problèmes de comportement et de gros problèmes de vue", indique sa maman, convaincue que ce sont aussi les conséquences d'un traitement qu'elle a pourtant arrêté après la mort de son premier bébé.
Émilie n'a pas porté plainte. Elle n'en a pas eu le courage. Elle se débat encore avec les difficultés du quotidien et cette culpabilité qui ne la quitte pas.
Le laboratoire Sanofi vient d'être mis en examen pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires" après trois ans d'enquête. Émilie espère que l'affaire ira jusqu'au procès et que la culpabilité changera de camp.
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