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Robert Ménard ne cache pas son inquiétude d'avoir à organiser un jour une feria sans corrida à Béziers

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À quelques heures d'une nouvelle manifestation d'opposants aux corridas à Béziers, Robert Ménard ne cache pas son inquiétude sur l'avenir de cette tradition. "Je déteste la corrida, je suis végétarien, mais ma femme et moi nous la défendons. C’est important pour la culture, pour l’humanité."

Robert Ménard, dans son bureau à la mairie de Béziers Robert Ménard, dans son bureau à la mairie de Béziers
Robert Ménard, dans son bureau à la mairie de Béziers © Radio France - Stéfane Pocher

Les aficionados vous diront qu'une feria sans corrida, ce n'est pas une feria. À Béziers, rares sont ceux qui imaginent voir disparaître cette tradition qui existe en France depuis un siècle et demi, si ce n'est les opposants à la tauromachie. Depuis des années, ces derniers multiplient les actions sur terrain, et sensibilisent très largement le public en réalisant des campagnes de publicité sur les chaînes d'information en continu. Quatre Français sur cinq sont opposés à la mise à mort des taureaux. Ce dimanche un nouveau rassemblement est prévu à 15h au parc de la Gare du Nord (avenue Georges-Clémenceau) d'où partira la traditionnelle marche, avant des prises de paroles à 16h30 devant l'hôtel de ville.

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L’estocade finale pourrait ne plus avoir lieu dans un avenir proche

Les anti-corridas n'ont jamais été aussi proche de remporter ce mano a mano. La fin des corridas pourrait pourtant bien voir le jour en France*, comme c'est le cas en Colombie. Les plus grandes arènes au monde, au Mexique, sont fermées depuis le mois de juin 2022 aux spectacles taurins. D'autres pays d'Amérique du sud pourraient suivre le même chemin comme le Venezuela ou encore l’Équateur. Importée d'Espagne, la tauromachie s'est progressivement implantée dans le sud de la France. La première véritable corrida française se serait tenue à Bayonne le 21 août 1853.

La corrida traverse une crise inédite dans les pays qui l’autorisent, dont la France et l’Espagne, et, pour ses opposants, l’espoir de voir disparaître cette barbarie grandit. En France, une proposition de loi interdisant la corrida  devrait être déposée à la fin de l'année par le député de la France Insoumise Aymeric Caron.

Aymeric Caron s’attaque à la corrida et se fait épingler par les élus du Sud

"Vous n'avez pas envie de venir aux corridas, vous ne venez pas. Arrêtez de nous faire chier" dit Robert Ménard. Le maire de Béziers, qui déteste pourtant les corridas, fait parti des défenseurs de cette tradition. À la veille de l'ouverture de la feria 2022, l'élu s'est confié à France Bleu Hérault sur ses craintes de devoir un jour organiser une feria sans corrida si le peuple taurin ne se réveille pas. 

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Échange avec Robert Ménard, le maire de Béziers

"Il y a une proposition de loi qui est portée par un groupe important dans lequel il y a les écologistes, la France Insoumise. On a à la tête aujourd’hui de LREM quelqu’un qui déteste la corrida puisqu’elle a été porteur de projet dans ce domaine-là. Du côté du Rassemblement national, il y a des gens qui sont attachés aux traditions locales, mais une moitié des députés, qui sont animalistes et qui détestent ça", résume Robert Ménard.

"Il y a tout pour qu’on perde." 

Je vois encore une partie du monde de l'aficion qui pérore : "Mais non, mais non le Conseil constitutionnel..." Quoi le Conseil constitutionnel ? Mais vous rigolez ! Il n'y aura pas de problème demain s'il y a un vote pour que la corrida soit interdite. Je vous ferais remarquer qu’en Colombie, une terre de la tauromachie, le nouveau président ne veut pas entendre parler de corrida. Au Mexique, qui a la plus grande arène du monde, elle est fermée depuis deux mois au spectacle taurin et nous on reste ici, sans bouger.

"Nous ne sommes pas capables de répondre au courant animaliste."

Les opposants à la tauromachie sont dix fois meilleurs que nous pour parler aux médias, meilleurs que nous pour mobiliser l’opinion publique. Nous, on a l’impression que comme ça existe depuis un siècle et demi, cela va encore exister un siècle et demi. Pardon mais il y a des choses qui meurent. Ça existe les choses qui meurent et demain, on dira c’était quoi ce truc de sauvage ?

''Moi, je n’aime pas beaucoup la corrida. Vous le savez je suis végétarien. Je déteste tout ça. Je la déteste, mais je la défends mordicus parce que ça fait partie de cette culture du Sud."

Il faut dire qu'on n'est pas des espèces de barbare qu’il faudrait rééduquer. Vous savez, on serait comme une tribu qui aurait des mœurs un peu étonnantes, qui serait plus dans l’air du temps. Il faut se battre là-dessus. Non, on n'a pas besoin de votre morale à quatre balles.

"Vous n'avez pas envie de venir aux corridas, vous ne venez pas. Arrêtez de nous faire chier." 

Occupez-vous de vos oignons. Nous on s'occupe des nôtres. C’est là-dessus qu’il faut se battre. Je ferais remarquer que déjà, il y a cinq ans la précédente mandature, pour la première fois, il n'y avait pas un groupe d’amitié pour la tauromachie au Parlement. Et ma femme qui avait été la seule à tenter de le faire, elle était tombée sur les gens qui ne voulaient pas. Si on ne comprend pas que c’est un mauvais signe...

"Cette tradition, nous la défendons."

Que ce soit Emmanuelle ou moi, on fait bien la part des choses. Il y a nos goûts personnels. C’est une chose dans la vie. Vous, vous êtes journaliste, vous avez des goûts, des idées personnelles, et vous tendez votre micro. Vous êtes un professionnel et vous posez des questions. Moi quand je suis maire ou Emmanuelle députée, nous parlons au nom de ce territoire, de notre ville. Cette tradition, nous la défendons. C'est deux choses différentes. 

"La corrida reste un marqueur important qui devrait vous interroger même si vous ne l’aimez pas."

Qu’est-ce qu’on peut faire ? Remuer ciel et terre. Il faut faire des campagnes dans les médias. Vous avez vu cet été, il y a eu des campagnes dans toutes les télévisions d’information en continu. Des campagnes de qui ? Pas du milieu taurin. Nous, on fait des campagnes de pub qui s’adressent à nous-mêmes. Mais moi, je n'ai pas besoin de m’adresser à quelqu’un qui est d’accord avec moi. Convaincre quelqu’un, c’est aller s'adresser à quelqu’un qui ne pense pas comme vous. Il faut aller au-devant des gens. Il faut leur dire non, c’est quelque chose que vous devriez regarder avec intérêt, parce que dans un monde un peu aseptisé ou la mort n'est jamais présente, on meurt maintenant à l’hôpital. Vous ne gardez pas les morts chez vous. Regardez, c’est un truc qui peut paraître complètement anachronique. Dans ce monde là, la corrida reste marqueur important qui devrait vous interroger même si vous ne l’aimez pas

"C’est important pour la culture, pour l’humanité, pour sa diversité."

Vous devez la défendre, même si vous ne l’aimez pas, même si vous la détestez, vous devriez dire, c’est important. C’est important pour la culture, pour l’humanité, pour sa diversité. Tout le monde me bassine avec la diversité dans le monde entier des cultures. Je suis d’accord, mais ici, chez nous, les mêmes qui vous disent, quand même, tu vas pas toucher à la culture d’un peuple d’Amazonie, il a raison, mais nous ici il faudrait nous nous remettre dans le droit chemin. Cela vaut le coup de défendre la corrida. Même, encore une fois, si comme moi vous n’aimez pas vraiment. Moi je ne prends pas de plaisir à la corrida. Je la défends parce que c’est une partie de nous et une partie un peu étonnante, étrangère dérangeante, mais la vie elle est aussi ça."

*La corrida (et la mise à mort du taureau) est pratiquée essentiellement en Espagne, au Portugal, dans le Midi de la France et dans certains États d'Amérique Latine 

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