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Procès Lelandais : des experts à la barre, Maëlys est morte "quelques minutes au moins" après des coups

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Au neuvième jour du procès de Nordahl Lelandais, des experts ont témoigné devant la cour d'assises de l'Isère. Des analyses toxicologiques, biologiques, génétiques ont pu éclairer les débats. Il a aussi été question de l'agonie et de la souffrance qu'a pu éprouver Maëlys dans ses derniers instants.

Les avocats de la partie civile Les avocats de la partie civile
Les avocats de la partie civile © Radio France - Véronique Pueyo

L'essentiel à retenir

  • Au cours du neuvième jour du procès de Nordahl Lelandais devant les Assises de l'Isère à Grenoble, un pharmacien-toxicologue est d'abord venu préciser la consommation régulière et importante de cocaïne de l'accusé en 2017, lors de la mort de Maëlys. Il en a décrit aussi les effets et les interactions avec l'alcool.
  • Une gendarme est ensuite venue à la barre pour détailler des analyses sur deux nattes de Maëlys (retrouvées à quelques mètres des ossements de la fillette en février 2018). Le tribunal s'est longuement interrogé pour savoir si Nordahl Lelandais aurait pu couper volontairement ces mèches, ce qu'il a nié. Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys, y voit le "trophée" d'un prédateur sexuel.
  • Un gendarme est venu détailler les subtilités de l'ADN. Même si aucune trace de sperme n'a été relevée sur les vêtements de l'enfant, il a reconnu que cela a pu s'expliquer par la dégradation des tissus.
  • Un médecin légiste a détaillé l'état des os, les fractures constatées sur le squelette de Maëlys. Selon lui, il est probable que la fillette soit morte d'un grave traumatisme crânien suite à quelques coups violents, une mort "quelques minutes" après.
  • Le tribunal a enfin entendu une experte chargée d'interpréter les tâches de sang sur les scènes de crime.
  • Farid Chabil, ex-codétenu de Nordahl Lelandais, qui avait recueilli des confidences glaçantes de l'accusé sur le meurtre de Maëlys, ne s'est pas présenté à la barre.

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19h33. C'est la fin de ce direct. Merci de l'avoir suivi. Les débats reprennent vendredi à 9 heures.

19h23. Suspension. Finalement, après cette petite passe d'armes, l'audience est suspendue.

19h15. L'ombre du codétenu. La présidente revient aussi sur le fait que Farid Chabil n'a pas pu être retrouvé. Ce jeudi, on aurait dû en effet entendre l'ex-codétenu de l'accusé. Il avait affirmé avoir reçu des confidences glaçantes de Nordahl Lelandais, avouant avoir violé Maëlys. La crédibilité de ce témoignage avait été remise en question devant la cour d'assises de la Savoie le 6 mai 2021 lors du procès sur la mort d'Arthur Noyer.

Alain Jakubowicz, avocat de Nordahl Lelandais fait remarquer qu'à Chambéry, il était venu encadré par les gendarmes. "Aujourd'hui, il est introuvable. Donc, je voudrais savoir ce que vous envisagez", demande la présidente. La défense est allée jusqu'en cassation pour faire annuler son témoignage, en vain. Alain Jakubowicz demande si la Cour envisage une lecture des dépositions de Farid Chabil, "car, on ne pourra pas lui poser de questions et l'aspect contradictoire des débats ne sera pas tout à fait respecté". Les parties civiles tiennent à ce témoignage tout comme l'avocat général.

Farid Chabil, à la barre lors du procès sur la mort d'Arthur Noyer le 6 mai 2021 à Chambéry.
Farid Chabil, à la barre lors du procès sur la mort d'Arthur Noyer le 6 mai 2021 à Chambéry. © Radio France - Valentin Pasquier

19h10. Nordahl Lelandais est sommé de se lever, la parole à l'accusé. La présidente Valérie Blain demande à l'accusé de se lever. "Vous serez interrogé demain sur les faits mais aujourd'hui, vous avez peu eu la parole. Voulez-vous dire quelque chose ? L'accusé : "Non, madame la présidente."

18h35. Reprise de l'audience. L’adjudante-cheffe Céline Nicloux est à la barre. Elle fait partie de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN). Elle est morpho-analyste et a été chargée d'interpréter les traces de sang découvertes lors de l'enquête sur la mort de Maëlys. Elle explique comment une goutte microscopique de sang de la fillette a pu se retrouver dans le coffre de la voiture de l'accusé.

18h12. Suspension. L'audience reprendra à 18h30 avec un dernier expert.

17h53. L'incohérence de la position du corps. Un détail demande à être éclairci selon l'avocat général. Jacques Dallest interpelle le légiste : "L'accusé a dit avoir déposé le corps à plat dos, or on l'a retrouvé sur le flanc gauche en position fœtale." Michel Mazevet répond : "Oui, il y a une incohérence. Les animaux ne peuvent pas bouger un corps à ce point."

17h45. La question de l'agonie de Maëlys. C'est une question qui, selon les experts, restera sans réponse précise. Martin Vatinel, avocat des parties civiles, se demande si l'enfant a agonisé. Le médecin va alors évaluer les derniers instants de l'enfant, après les coups violents de l'accusé : "Je parle plutôt de délai de survie, mais cela revient au même. Quelques minutes, au moins." Afin de savoir si des secours auraient pu éventuellement intervenir après les coups, l'avocat général demande : "On ne peut pas exclure que Maëlys soit décédée 10, 15 minutes, ou 30 minutes après les coups ?" Le légiste : "C'est possible. L'accusé dit qu'il n'a pas trouvé de pouls, mais on n'en sait rien." Poursuivant sur la question de la souffrance de la victime, Jacques Dallest interroge : "Pouvez-vous apprécier la souffrance physique que Maëlys a ressentie lors des coups ?" Le légiste le reconnaît : "Les trois fractures osseuses constatées sont douloureuses, en général. Mais je ne peux me prononcer sur la souffrance ressentie par l'enfant."

17h26. La violence des coups, l'hypothèse de la mort neurologique. Le médecin légiste précise, pour revenir sur la nuit du drame le 27 août 2017 : "L'accusé dit qu'il n'a pas fait de manœuvres de réanimation, type massage cardiaque, quand il constate qu'il n'y a plus de pouls. (...) Les coups sont qualifiés dans son interrogatoire de très violents." En effet, il n'y aurait pas eu de cri, juste du sang qui coulait de la bouche et du nez de Maëlys, selon lui.

"Pour que le cerveau tape dans la boîte crânienne, il faut de la violence" - Michel Mazevet, médecin légiste

"Les coups portés lors de la reconstitution par Nordahl Lelandais ne sont pas incompatibles avec les fractures du crâne de Maëlys", ajoute Michel Mazevet, médecin légiste. "En synthèse, par rapport à la deuxième version des déclarations de l'accusé et à la reconstitution, on peut faire l'hypothèse d'un décès de cause neurologique." Comprenez que Maëlys est sans doute morte suite à un important traumatisme crânien suite à la violence des coups de l'accusé. Martin Vatinel, un des avocats du père de Maëlys, poursuit : "Pour fracturer la mâchoire, le nez, faut-il des coups aussi violents que l'a dit l'accusé ?" Le médecin légiste précise alors : "Non, ce sont des zones qui peuvent être assez fragiles, mais pour que le cerveau tape dans la boîte crânienne, il faut de la violence."

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17h14. La visionnage de la reconstruction continue. Photo suivante. Le plastron, c'est-à-dire un homme (un gendarme) qui joue le rôle de l'accusé, reprend le corps de l'enfant pour le placer dans le coffre. Il rejoue la scène de la dépose du corps dans la forêt, après avoir descendu un chemin pentu. Il n'a pas de lumière ou de lampe frontale. D'où les photos réalisées avec et sans flash. Puis, sur un dernier cliché, le plastron de l'accusé dépose le corps à un endroit qui n'est pas exactement celui où il a été retrouvé, dans une cavité rocheuse. "Mais c'est à quelques mètres", précise Michel Mazevet.

16h41. Quatre coups portés à la fillette ? La Cour regarde à présent les photos de la reconstitution judiciaire, commentées par le légiste et la présidente. Elle s'était tenu en septembre 2018 en Isère et Savoie en présence de Nordahl Lelandais. L'accusé avait été amené sur les lieux de l’enlèvement et de la mort de la fillette entouré par 200 gendarmes. Au cours du visionnage, parmi les proches de Maëlys, le père Joachim est sorti de la salle, la grande sœur Colleen est restée, et certains ont baissé la tête pour ne pas regarder.

Combien de coups portés à la petite fille avant sa mort ? Lors de la reconstitution, Nordahl Lelandais en aurait portés au moins quatre. Sur une  photo, on voit l'accusé, retenu par une laisse, porter Maëlys pour la sortir de son véhicule, lors de la première dépose du corps près de la voie ferrée. Le légiste : "Il nous dit que l'enfant saigne, logiquement il y avait du sang sur le t-shirt."

16h40. "Mon client n'est pas le premier à cacher son meurtre ?" La défense tente de relativiser la décomposition du corps. Alain Jakubowicz, l'avocat de Nordahl Lelandais propose d'amener un certain recul quant à la dissimulation du corps de Maëlys pendant de longs mois : "Nous déplorons tous de n'avoir pu examiner le corps avant. Mais est-ce une situation exceptionnelle au regard de votre expérience professionnelle ? Mon client n'est pas le premier à cacher son meurtre ?" Le légiste : "Non." et l'anthropologue précise : "Cela dépend du climat, des animaux, mais cela accélère le phénomène, à l'air libre, en effet."

16h30. La pierre de 14 kilos qui recouvrait le squelette de l'enfant. Selon Franck Nolot, anthropologue de la gendarmerie nationale, "la pierre a été déposée et pas jetée sur le corps". La Cour visionne des photos de cette pierre qui recouvrait le côté droit de la cage thoracique de l'enfant, le corps reposant sur le flanc gauche, dans une espèce de petite cavité, entre des rochers.

16h23. Impossible de révéler une agression sexuelle. Les experts qui ont examiné les os restants de l'enfant sont catégoriques : le mauvais état, la décomposition due à l'exposition l'air libre, pendant l'automne et l'hiver, tout cela a effacé définitivement tout traces et indices. Laurent Boguer, avocat du père de Maëlys, pose tout de même la question : "Nous essayons de savoir s'il y a eu un assaut sexuel avant la mise à mort de la petite Maëlys." Michel Mazevet, médecin légiste reste ferme sur ce point : "Nous ne pouvons le dire, car nous n'avions que des os. Des prélèvements au niveau du vagin étaient bien sûr impossibles." L'avocat insiste donc sur ce point déjà soulevé lors de précédentes audiences : "Si vous aviez été appelé à réaliser vos investigations quelques jours, voire quelques semaines après le drame, vos conclusions auraient été différentes ?" Le légiste : "Oui. On aurait pu aussi rechercher un éventuel temps de survie."

16h06. Le légiste examine chacune des hypothèses qu'il a envisagées (voir encart ci-dessous). "Les lésions sont compatibles avec un seul coup porté, tel que l'accusé l'a dit dans son interrogatoire du 19 mars 2018." Mais l'accusé a varié dans ses déclarations lors de la reconstitution. "En revanche, ce qui n'est pas compatible, c'est quand l'accusé dit qu'elle est morte suite à ce seul coup." La présidente : "L'accusé donnera ensuite une autre version." Le légiste explique que "la médecine légale thanatologique permet de remonter le temps, pour savoir ce qui est arrivé à la victime. Mais plus vous examinez un corps tardivement, plus cela devient compliqué de remonter le temps."

"Nous avons mis en évidence une double fracture de la mâchoire et une autre du nez." - Michel Mazevet, médecin légiste

15h37. Reprise de l'audience avec la visioconférence conférence depuis Cayenne. Le médecin légiste est toujours au micro : "Nous avons mis en évidence une double fracture de la mâchoire et une autre du nez. Ce sont des fractures ouvertes, avec des saignements. Sur les os retrouvés, pas de fracture. (...) Nous n'avions que des os. Pas de peau, nous avons donc été privés d'une mine d'informations.

15h06. Suspension. Un problème technique perturbe la liaison avec le médecin légiste en visioconférence depuis Cayenne.

15h03. Un élément qui contredit la version de Nordahl Lelandais. Le médecin légiste à la barre relève un élément des dires de l'accusé qui ne correspondrait en rien avec ses conclusions, notamment après l'analyse des mâchoires de Maëlys. "Lelandais indiquait qu'il avait porté un coup très violent au visage de Maëlys, avec son poing droit, alors qu'il était au volant de sa voiture. Elle aurait saigné par la bouche et le nez. Elle était déjà morte. (...) La juge nous a demandé de confronter les explications de l'accusé avec nos constatations."

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15h00. Que disent les analyses durant l'enquête ?

Durant l'enquête, une expertise a révélé une fracture des os du nez. Il a aussi été relevé une fracture de la mandibule, sans doute à l'origine d'un saignement extérieur, ce fait n'étant pas à l'origine du décès. Il a été constaté l'absence d'autre lésion sur le reste du squelette de Maëlys, notamment au niveau des cervicales. Les experts ont pu dégager trois hypothèses expliquant le décès de la fillette d'âgée de huit ans et demi en 2017 :

  • un décès dû à une cause neurologique, des suites d'un traumatisme crânien, d'un traumatisme rachidien ou facial, avec un arrêt cardio-respiratoire ;
  • un décès dû à une cause hémorragique, avec une grande perte de sang donc ;
  • un décès causé par une asphyxie, par obstruction des voies aériennes (du sang, un os), un étranglement ou étouffement, hypothèse la moins probable selon les experts légistes.
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14h59. Un squelette non complet. Le légiste présente le squelette reconstitué de Maëlys : "Il manque la main gauche de l'enfant, son humérus droit et un os de l'avant-bras droit, le radius, ainsi que des éléments de la main droite, une partie du bassin et le pied gauche. L'expertise odontologique, c'est-à-dire des dents, permet d'estimer un âge et un sexe, avant l'identification par l'ADN. On a relevé des fractures sur certaines dents. Peut-être avant la mort, mais aussi post-mortem par déshydratation."

"Il manque la main gauche de l'enfant (...). On a relevé des fractures sur certaines dents." - Michel Mazevet, médecin légiste

14h51. Les ossements et les dents, les parents de Maëlys décident de rester dans la salle. Voilà un moment sans doute tant redouté pour la famille de Maëlys : celui de l'expertise du médecin légiste qui détaille tout, photos à l'appui. "Nous avons reçu des scellés d'ossements et de dents. Nous avons radiographié les os. Il n'y avait pas d'éléments radio opaques, tels que des balles ou une lame. Pas non plus de corps étranger dans les os. Il n'y avait plus de peau ou d'organes. On a aussi scanné ces os." La Cour visionne des clichés du crâne de Maëlys, vu de face et de sa mandibule. "Au niveau du nez, il y a une fracture des os propres du nez, sur l'aile gauche. J'indique que la mandibule présente une fracture para-symphysaire droite complète et de la région sous condylienne gauche."

14h42. L'audience reprend avec l'audition du médecin légiste. La Cour va d'abord entend le docteur Mazevet par visioconférence depuis Cayenne (Guyane), et celle de Franck Nolot, anthropologue, de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN).

La cour d'assises de l'Isère
La cour d'assises de l'Isère © AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

13h08. Suspension. L'audience est interrompue à la mi-journée. Les débats reprendront à 14h30.

"Le t-shirt bleu sur lequel on n'a rien retrouvé et que vous portiez, lors du mariage a été lavé par votre mère ?"

13h05. Des traces ADN disparues après des lavages en machine. L'expert à la barre conclut son témoignage par ces éléments liés à la mère de Nordahl Lelandais : "On a analysé un short et un t-shirt de l'accusé. On a retrouvé sur le tee-shirt une trace ADN de sa mère. Sur une brosse à vêtement, on a retrouvé l'ADN de l'accusé." La présidente demande donc à l'accusé : "Le t-shirt bleu sur lequel on n'a rien retrouvé et que vous portiez, lors du mariage a été lavé par votre mère ?" L'accusé : "Oui."

13h03. Le temps qui passe et les preuves éventuelles qui disparaissent. Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys, veut aussi réaffirmer devant la Cour le temps de mutisme de l'accusé, qui a nié la mort de la fillette et donc l'existence du corps déposé six mois dans la nature : "En septembre, dans les jours qui suivent la disparition de Maëlys, vous auriez pu retrouver plus de traces ?" L'expert : "Oui, plus exploitables que ce que j'ai pu analyser. À condition que les conditions de conservation soient bonnes. Plus on récupère les éléments tôt, mieux c'est." L'avocat général, Jacques Dallest, évoque la question d'un coup donné au visage : "Si on frappe une personne, quid de l'ADN de contact ?" L'expert : "Un coup, c'est bref dans le temps. Il y a les bons et les mauvais donneurs d'ADN."

"On a analysé le fond de culotte pour rechercher du sperme, on ne retrouve rien" - Emmanuel Pham Hoai, gendarme, expert, biologiste, spécialiste en empreintes génétiques

12h53. Pas de traces de sperme sur les vêtements. L'expert aborde l'analyse des ongles et des vêtements de Maëlys. La grand-mère de la fillette quitte la salle. La juge d'instruction avait demandé que soit recherché du sperme. "On a analysé le fond de culotte pour rechercher du sperme, on ne retrouve rien mais ce résultat est attendu car l'ADN qui aurait pu y avoir ou pas a disparu. La culotte ayant séjourné de longs mois dans la nature. (...) On n'a rien retrouvé sur la sandale. En avril 2018, on fait d'autres analyses sur un morceau de tissu, on ne trouve rien. Y avait-il du sperme ? On ne sait pas, les résultats sont non concluants à cause du support dégradé."

12h35. Une omelette d'ADN. Lors de l'analyse du véhicule de Nordahl Lelandais, les analyses ont aussi révélé des traces d'ADN inexploitables. Alors un avocat s'interroge : "Qu'est ce qu'un mélange d'ADN inexploitable ?" L'expert : "Vous prenez des œufs, vous les battez ensemble, cela fait une omelette et bien c'est cela un mélange ADN inexploitable."

12h22. Pourquoi si peu d'ADN ? La présidente s'interroge. "Comment se fait-il qu'on ait retrouvé les traces ADN de ces femmes dans la voiture ?" L'expert : "Je ne peux pas me prononcer, je ne sais pas comment la voiture a été nettoyée. Certains sont 'bons donneurs' d'ADN et d'autres en laissent peu." Valérie Blain pose des questions pour tout le monde puisse bien comprendre ce qui relève des prélèvements et analyses génétiques : "Que pouvez-vous nous dire sur les ADN de transfert." Le gendarme à la barre différencie l'ADN de transfert et l'ADN de contact, il existe de l'ADN de transfert primaire, secondaire. "Concernant le profil de Maëlys sur le bouton de la commande de phares, cela peut être l'enfant qui a touché, ou l'accusé qui a touché l'enfant et qui a déposé son profil génétique."

12h03. Les musiciens, le chef d'orchestre et la tâche de sang. L'expert explique que lui et ses collègues sont "des musiciens, le chef d'orchestre étant la juge d'instruction, qui décide de l'ordre des investigations. (...) Fin décembre 2017, la juge d'instruction me dit qu'elle a visionné toutes les vidéos de la station de lavage et que l'accusé a insisté sur la place passager et sur le coffre." L'expert explique qu'ils ont attendu le 23 janvier 2018 pour analyser de nouveau la voiture. "Il nous fallait un gendarme sachant démonter délicatement une Audi pour ne pas abîmer d'éventuelles traces."

Le gendarme Emmanuel Pham Hoai montre alors sur un écran l'endroit où la minuscule trace de sang de Maëlys a été retrouvée. Ce sera la seule et unique trace, autant dire qu'il ne fallait pas la rater. Dans son box, l'accusé se dit peut-être qu'il est passé tout près du crime parfait. L'expert : "On avait trouvé de l'ADN de Maëlys dans la voiture, c'était un premier élément. Ensuite, on a eu un peu plus temps pour faire d'autres investigations, plus poussées."

"On cherche les fluides biologiques et on prélève. On découvre l'ADN de Maëlys De Araujo, mêlé avec celui de l'accusé sur la commande de phares." - Emmanuel Pham Hoai, gendarme, expert, biologiste, spécialiste en empreintes génétiques

11h42. Reprise de l'audience avec un nouvel expert, biologiste, spécialiste en empreintes génétiques. Emmanuel Pham Hoai, gendarme, a analysé la microscopique goutte de sang de Maëlys retrouvée dans le coffre de la voiture de l'accusé. Il reçoit le véhicule le 1er septembre 2017, dans le cadre d'une enquête de flagrance. La photo de l'Audi A3, de couleur claire, est projetée à la Cour. Le véhicule de l'accusé est divisé en plusieurs zones. _"On décide de traiter le véhicule comme n'importe quel autre, de A à Z. On commence par le côté conducteur." I_ls découvrent le profil de Nordahl en plusieurs endroits, ce qui n'est pas étonnant, c'est son véhicule. "On cherche les fluides biologiques et on prélève. On découvre l'ADN de Maëlys De Araujo, mêlé avec celui de l'accusé sur la commande de phares." L'expert explique qu'à la place passager, il ne retrouve pas le profil génétique de Maëlys ni sur la ceinture de sécurité. Sur le siège arrière, il retrouve le profil ADN de deux ex-compagnes de l'accusé.

11h38. Les deux nattes brunes de Maëlys auraient-elles été un trophée de prédateur sexuel ? Laurent Boguet, avocat de Joachim De Auraujo, le père de Maëlys, évoque sans détour la possible envie de Nordahl Lelandais d'avoir voulu garder un "trophée" après la mort de la fillette de huit et demi en août 2017.

"On peut se poser la question de savoir s'il n'était pas dans la quête d'un trophée" - Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys

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11h18. Suspension. L'audience est interrompue, elle reprendra à 11h35.

11h15. Comme souvent, Nordahl Lelandais n'a pas d'explication. La présidente interroge frontalement l'accusé : "Avez-vous lacéré la robe de Maëlys ? Pas plus d'explication que pour les mèches de cheveux ?" L'accusé : "Non, je n'ai pas d'explication." L'avocat Laurent Boguet reste sur le même terrain : "Cette déchirure qui se trouve sur le bas de la robe, dans les manipulations que vous faites, cela peut s'expliquer ?" L'accusé : "Moi, je n'ai pas touché sa robe."

"Avez-vous lacéré la robe de Maëlys ? - Valérie Blain, présidente du tribunal                                                                                                                            
"Non, je n'ai pas d'explication." - Nordahl Lelandais, accusé

11h06. La défense tente de décrédibiliser l'experte à la barre. Depuis une heure maintenant Nathalie Caron, 51 ans, ingénieure à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), présente ses travaux dans le cadre de l'enquête sur la mort de Maëlys. Elle a analysé des cheveux (mèches noires nattées) et les vêtements de la fillette (robe lacérée, culotte, sandale). Il s'avère que les expertises n'ont jamais pu mettre en évidence de traces de sperme ou profil génétique exploitable, alors que c'est bien un mobile sexuel qui plane sur ce procès depuis son ouverture.

"Pour reproduire les lacérations discontinues, vous avez utilisé un chat ? !"

Sur la robe très dégradée, Alain Jakubowicz interpelle l'experte : "Je salue votre travail mais quelque chose me trouble. Quand vous parlez des griffes d'un animal, vous parlez d'un chat. Mais ce n'est pas ce que l'on trouve dans la forêt savoyarde ?" L'experte confirme qu'elle a bien fait des tests avec un chat. Alors l'avocat s'étonne et avec sa voix grave dans le tribunal : "Pour reproduire les lacérations discontinues, vous avez utilisé un chat ? ! Permettez-moi de me poser des questions sur la fragilité de ce que vous reproduisez." L'experte : "Il y a toute une littérature scientifique sur ces tests."

10h54. La robe aurait-elle été souillée ? Et si la robe en très mauvais état était en fait le signe de vouloir faire disparaître d'autres indices... C'est ce que sous-entend Laurent Boguet, avocat sur le banc des parties civiles : "Vous travaillez à partir d'une robe et d'une culotte très endommagées. Cela peut-il être le résultat d'une volonté de faire disparaître la partie inférieure du vêtement souillé ?" L'experte : "On ne peut pas l'exclure."

10h52. L'hypothèse de l'objet tranchant. Fabien Rajon, l'avocat de la famille maternelle de Maëlys, insiste sur l'existence possible d'un couteau, de ciseaux ou d'un cutter, c'est bien ce qui est sous-entendu : "Y a-t-il une similitude entre la tresse coupée et la robe lacérée ?" L'experte n'écarte pas : "On ne peut pas dire que le même objet a fait ces deux choses, mais c'est possible."

"Il est impossible de savoir quel objet est à l'origine des lacérations."

10h48. La petite robe et la culotte de Maëlys. L'experte a réalisé des prélèvements sur les effets vestimentaires retrouvés dans la forêt. Elle les a comparés avec une robe neuve. Il manque donc une bonne partie de la robe, lacérée sur la partie basse. Il manque aussi la partie arrière de la culotte. "En raison de l'absence de matière, on ne peut pas savoir ce qui s'est passé. Sur certaines parties de la robe, on peut voir des lacérations sur le bas de la robe." L'experte à la barre ajoute : "Il est impossible de savoir quel objet est à l'origine des lacérations. Mais une hypothèse peut être avancée : il peut s'agir d'un cutter, couteau, barbelés, grillage mais pas de contact avec un animal ou des ronces." La question d'une décomposition naturelle du textile est alors avancée par la présidente du tribunal, "jusqu'à une absence de matière, comme sur la culotte ?" L'experte : "Oui, tout à fait. Autre chose, le haut de la robe est plus intact que le bas."

10h39. Une petite sandale de Maëlys. Nathalie Caron poursuit son exposé et projette une des sandales de Maëlys, de taille 33. "Il manque un morceau de la lanière au niveau du talon. Il s'agit d'un arrachement qu'on ne peut expliquer." La présidente : "Cela peut être à cause d'un animal sauvage ?" L'experte de la gendarmerie le confirme.

10h23. Nordahl Lelandais a-t-il coupé des mèches de Maëlys ? La mère de Maëlys vient alors à la barre pour raconter : "on est allés chez le coiffeur samedi matin. On s'est faits coiffer mais Maëlys ne voulait pas se faire couper les cheveux." Et la présidente du tribunal enchérit vers l'accusé dans son box : "Avez-vous coupé avec un couteau ou une paire de ciseaux la chevelure de Maëlys ?" Nordahl Lelandais : "Pas du tout. Je n'ai aucune explication. Jamais je n'ai utilisé un objet coupant."

Son avocat, Alain Jakubowicz, enchaîne donc vers son client : "Je suis troublé. Avais-tu avec toi, ou dans ta voiture, un couteau ou une paire de ciseaux ?" L'accusé : "Non !" Les mèches de cheveux noirs de Maëlys, coupées aux deux extrémités, sont toujours projetées sur l'écran de la cour d'assises. Malaise mais le tribunal a besoin d'éclaircir ce point douloureux du dossier. "Je vous dis que je n'ai pas d'explication", insiste Nordahl Lelandais. Alain Jakubowicz, chauve, esquissant un sourire s'adresse à l'experte : "Une des extrémités qui a été coupée était proche du crâne ? Excusez-moi, je ne suis pas expert en cheveux..."

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10h12. Comment Maëlys a-t-elle pu perdre des mèches de cheveux ? La présidente prévient la famille de la fillette que des images "difficiles à regarder" vont être projetées dans la salle. L'experte montre alors des photos des cheveux nattés de Maëlys, retrouvés à quelques mètres des ossements, sur le lieu où son corps avait été abandonné. La mère de l'enfant, surprise, baisse la tête mais décide de rester dans la salle. L'experte explique que certains cheveux sont tombés naturellement du crâne, après le décès, dans un processus de décomposition.

"Il y a dans vos investigations, des mèches qui ont fait l'objet de manipulations qui résulteraient d'une coupure (...) sans que vous puissiez nous renseigner sur le type d'objet à l'origine de cette coupure", questionne Laurent Boguet, avocat. "Effectivement, c'est l'action d'un objet coupant ou tranchant", répond Nathalie Caron. Me Boguet résume alors : "Le père de Maëlys que je représente se demande si sa fille s'est vu prélever des mèches de cheveux avec un objet tranchant ou coupant, par une manipulation humaine." L'experte : "On ne peut pas l'exclure." La maman de Maëlys essuie ses larmes. Alain Jakubowicz pose la même question, y a-t-il un prélèvement de mèche sur Maëlys, même réponse de la gendarme sans pouvoir se prononcer "sur l'aspect intentionnel".

10h05. Nouveau témoin, une experte chargée des prélèvements pileux. Nathalie Caron, 51 ans, s'avance à la barre, elle est ingénieure à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Elle a préparé un résumé de ses analyses qui est projeté à la Cour. Elle devait rechercher des "éléments pileux humains" des scellés, notamment dans un embout d'aspirateur provenant d'une station de lavage de voitures, quand Nordahl Lelandais a lavé sa voiture le lendemain du mariage (27 août). L'experte gendarme a également analysé une bâche plastifiée retrouvée chez l'accusé.

9h58. Pas de cocaïne après la mort de Maëlys. La présidente, Valérie Blain, s'adresse à l'accusé sur cette consommation poussée de cocaïne : "Quelle a été votre consommation de drogue entre le 27 et le 31 août, après la mort de Maëlys ?" Nordahl Lelandais : "Aucune consommation, je savais ce que j'avais fait." La présidente au pharmacien : "Cela corroborerait vos conclusions..." Alain Jakubowicz, avocat de la défense, se tourne alors vers le pharmacien à la barre, en parlant de son client : "Son arrêt brutal de la consommation de cocaïne peut-il changer son comportement ?" Flavien Bevalot conclut sont témoignage : "Je ne peux pas le dire. Une dépression est possible, comme lors d'un sevrage alcoolique."

"Vous dites que la cocaïne à haute dose provoque un dysfonctionnement du cerveau"

9h48. Nordahl Lelandais avait-il toute sa tête ? Alain Jakubowicz s'engouffre dans ce doute : une prise trop importante de cocaïne aurait-elle pu entraîner une perte de réalité pour Nordahl Lelandais, était-il vraiment conscient de son comportement ? "Vous dites que la cocaïne à haute dose provoque un dysfonctionnement du cerveau, avec des conséquences de violence, de confusion mentale et de délire paranoïaque." L'expert botte en touche : "Dans ma pratique, je n'ai pas de compétences cliniques."

9h45. Nordahl Lelandais aurait-il pu vomir ou perdre la mémoire ? Caroline Rémond, avocate des parents des petites-cousines agressées sexuellement cherche à connaître les effets tangents de la prise de cocaïne : "La cocaïne fait-elle vomir ?" Le pharmacien réfute, "non, c'est plutôt l'alcool." Cette question est importante puisque l'accusé avait expliqué être rentré chez lui pour changer de short le soir du mariage après un vomissement. "Et fait-elle perdre la mémoire ?" Là-aussi, le pharmacien répond par la négative, c'est même le contraire, la cocaïne "stimule l'intellect", éveille donc les sens, la réflexion, la rapidité d'action.

"La cocaïne peut avoir des effets hallucinatoires. Elle induit une dépendance psychique." - Flavien Bevalot, pharmacien-toxicologue

9h39. Et le cannabis ? Les experts n'ont pas pu rechercher des traces cannabis car les cheveux de Nordahl Lelandais prélevés étaient trop courts pour être analysés. Néanmoins, un avocat des parties civiles, Laurent Boguet, questionne l'expert à la barre : "L'accusé a consommé du cannabis durant son adolescence. Puis, suite à un 'bad trip' en 2013, il arrête le cannabis pour la cocaïne." Le pharmacien précise les différences entre les deux substances : "Le cannabis étant plus dosé aujourd'hui, cela peut induire des délires paranoïaques."

9h28. Alcool et cocaïne, quels effets ? Cette question a été posée à de nombreuses reprises depuis le début du procès de Nordahl Lelandais. Cette addiction à la cocaïne, ce penchant pour l'alcool (l'accusé a reconnu boire du rhum en grande quantité), tout cela amène le tribunal à s'intéresser à la sobriété, à l'attitude et aux excès de comportement. La présidente : "Quels sont les effets de la cocaïne quand elle est associée à l'alcool ?" Le pharmacien : "Un effet euphorisant, mais au bout d'une heure, cela disparaît. Cela va va diminuer les effets de l’ivresse alcoolique. Les effets néfastes : irritabilité, dépression, psychose." Outre des penchants violents possibles après la prise régulière de cocaïne, Flavien Bevalot précise : "La cocaïne peut avoir des effets hallucinatoires. Elle induit une dépendance psychique."

9h23. Des traces récentes de cocaïne. L'expert toxicologue explique qu'il a réussi à retrouver des "métaboliques de la cocaïne" dans le sang, comprenez que le corps a transformé cette drogue, montrant une consommation remontant à quelques jours. Dans les cheveux de l'accusé, en revanche, on retrouve des traces de molécules de cocaïne montrant une consommation répétée de cette drogue dans les jours précédant les prélèvements. Le pharmacien explique que les prélèvements ont bien été réalisés le 31 août soit quatre jours après les faits. D'après les analyses, cela veut dire qu'il n'y a pas eu de consommation de cocaïne après le 30 août. "Les concentrations retrouvées dans les cheveux de l'accusé montrent que c'est un gros consommateur régulier de cocaïne."

9h12. Reprise de l'audience, un pharmacien-toxicologue à la barre. C'est donc le neuvième jour de procès pour Nordahl Lelandais. Flavien Bevalot, 49 ans, pharmacien-toxicologue dans un laboratoire à Bron (Métropole de Lyon). Il raconte sa mission : rechercher la présence de stupéfiants, chez l'accusé, le 31 août 2017, grâce à des prélèvements sanguins et des analyses de cheveux.

Les avocats des parties civiles au procès de Nordahl Lelandais et l'avocat général, Jacques Dallest, en arrière-plan
Les avocats des parties civiles au procès de Nordahl Lelandais et l'avocat général, Jacques Dallest, en arrière-plan © Radio France - Mona Blachet

8h45. Une journée très technique et terrible. Ce jeudi à la barre, des experts (en toxicologie, en biologie génétique, en anthropologie et hémato-morphologie) vont témoigner pour parler de leur travail et des analyses qui ont pu faire avancer l'enquête. Des médecins légistes seront aussi là pour donner tous les détails qui peuvent éclairer la mort de la fillette âgée de huit ans et demi. Maëlys De Auraujo avait été, rappelons-le, enlevée et tuée par Nordahl Lelandais lors d'une soirée de mariage au Pont-de-Beauvoisin (Isère) le 27 août 2017.

8h43. Pas d'enfant blond. Mercredi également, des témoins du mariages sont venus décrire la soirée du drame. Rémi, invité au mariage, a maintenu avec force qu'il n'y a eu aucun enfant dans la voiture de Nordahl Lelandais, ni fillette brune ni garçon blond, contrairement à ce qu'affirme l'accusé pour justifier de la présence d'ADN de Maëlys à l'avant de sa voiture.

8h42. Qu'y avait-il dans ce troisième téléphone ? Mercredi, la question qui a plané sur les débats c'est bien ce qu'il est advenu de ce troisième téléphone appartenant à Nordahl Lelandais. L'appareil a été détruit et jeté dans le lac du Bourget après une garde à vue. Les avocats des parties civiles supposent que l'appareil ait pu hébergé des vidéos à connotation sexuelle de Maëlys ou d'autres enfants.

8h33. Bonjour et bienvenue sur ce direct. Nous sommes ensemble pour suivre cette neuvième journée d'audience du procès de Nordahl Lelandais devant les Assises de l'Isère à Grenoble. L'audience débute à 9 heures.

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