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Ce que l'on sait de l'agression d'une femme par son ex-compagnon à Blois, après le refus de sa plainte

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Le policier du commissariat de Blois, dans le Loir-et-Cher, qui n'a pas pris la plainte d'une femme ensuite violemment agressée par son ancien compagnon la semaine dernière, a été suspendu de ses fonctions à titre conservatoire. La victime est toujours hospitalisée dans le coma ce mercredi.

La victime a été retrouvée inconsciente deux heures après avoir tenté de porter plainte contre son ex-compagnon violent. La victime a été retrouvée inconsciente deux heures après avoir tenté de porter plainte contre son ex-compagnon violent.
La victime a été retrouvée inconsciente deux heures après avoir tenté de porter plainte contre son ex-compagnon violent. © Maxppp - S. Gaudard

Après la violente agression d'une jeune femme de 24 ans par son ancien compagnon à Blois alors qu'elle avait tenté de déposer plainte contre lui, le policier du commissariat qui lui avait demandé de revenir le lendemain a été suspendu de ses fonctions le temps de l'enquête. Cette décision, prise par le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, intervient après son audition ce mardi par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dans le cadre d'une enquête administrative.

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Que s'est-il passé ?

Le mardi 13 décembre, vers 19h, une jeune femme de 24 ans est retrouvée inconsciente dans le hall d'un immeuble de Blois dans le Loir-et-Cher par les policiers, eux-mêmes prévenus par des témoins. Selon les premiers éléments de l'enquête, elle s'était présentée à l'accueil du commissariat de police de Blois deux heures avant son agression. Elle avait alors été éconduite et invitée à se représenter le lendemain, selon la procureure de la République de Blois Charlotte Beluet.

Saisie à la demande du préfet du Loir-et-Cher, François Pesneau, l'IGPN doit désormais faire la lumière sur les faits et leurs circonstances. Des éléments qui doivent permettre de "qualifier la faute, s'il y a un comportement qualifiable pénalement d'une faute" a précisé la procureure de la République.

Qui est la victime ?

Âgée de 24 ans, la victime est originaire de la Vienne, du village des Monts-sur-Guesnes où sa mère est élue au conseil municipal. Quelques jours avant l'agression, elle avait d'ailleurs trouvé refuge dans sa famille après la rupture avec son compagnon avant de revenir à Blois pour le travail.

Selon l'entourage de la victime, sa relation avec son ancien compagnon avait débuté en août avant que la jeune femme ne décide d'y mettre fin début décembre, "ayant fait part (...) de violence, de menace et de harcèlement, faits pour lesquels elle avait préparé un dossier afin de déposer plainte". Elle avait en effet monté un dossier contre son ex, elle se plaignait des agissements de cet homme connu pour des faits de violence. "Elle avait notamment changé de téléphone (...) pour mettre fin aux agissements de son ancien compagnon et elle avait récemment subi un avortement ", a précisé la procureure de la République de Blois Charlotte Beluet.

Retrouvée inconsciente le mardi 13 décembre dans le hall d'un immeuble par les policiers, prévenus par des témoins, la victime est toujours hospitalisée et dans le coma plus d'une semaine après les faits. Selon un examen médico-légal réalisé mercredi, la jeune femme souffrait de "lésions hémorragiques cérébrales majeures " et son pronostic vital était engagé. Dans un communiqué, le parquet a qualifié son pronostic neurologique de "sombre".

Le mis en cause reconnaît les coups

L'ancien compagnon, âgé de 27 ans, a été interpellé jeudi 15 décembre à Plaisir dans les Yvelines. Aux enquêteurs, il a indiqué qu'il voulait "avoir des explications", notamment sur la rupture pour expliquer ses actes et il a reconnu avoir donné plusieurs coups de pied "d'écrasement" dans la tête de la victime, tout en contestant "avoir eu l'intention de tuer son ancienne compagne". Déjà été condamné pour trafic de drogue, mais surtout pour violences et notamment violences conjugales sur une ex-petite amie en 2015 selon Franceinfo, il a été placé en détention provisoire dans le cadre d'une information judiciaire pour tentative de meurtre.

Le policier suspendu déjà averti pour "gestion inadaptée"

Le policier qui avait demandé à la victime de revenir déposer plainte le lendemain a été entendu ce mardi par les enquêteurs de l'IGPN pendant six heures. Il a d'abord exprimé des "regrets" et reconnu une "mauvaise interprétation" de la situation, selon une source proche à franceinfo. À l'entendre, "la jeune femme ne présentait pas les signes d'une personne apeurée".

D'après lui, elle était venue déposer plainte parce que son ex-compagnon la harcelait sur les réseaux sociaux, et non pour des violences conjugales. Selon lui, il y avait une nuance, mais la loi ne fait aucune différence : dans un cas comme dans l'autre, le policier aurait dû prendre tout de suite la plainte. Pour sa défense, ce fonctionnaire en fin de carrière a également expliqué qu'il assurait plusieurs missions, ce jour-là : la sienne, celle de chef de poste, et celle de l'accueil.

Selon les informations de France Télévisions, ce policier avait reçu un avertissement le 4 août dernier pour avoir bâclé une enquête. Il s'agissait d'un avertissement pour gestion inadaptée d'un appel au 17 sur des faits de droit commun, portant sur une agression dans un bus, a appris franceinfo de source proche du dossier.

L'inaction de la police mise en cause

Ce drame sucite la colère de mouvements féministes à l'image du collectif Droit des Femmes 41, qui dénonce la mauvaise prise en charge des victimes par les forces de l'ordre, et qui organisait avec le NPA du Loir-et-Cher un rassemblement devant le commissariat de Blois ce mardi.

Entre 150 et 200 personnes étaient présentes pour protester contre l'inaction de la police face aux violences conjugales, "cela reflète notre société dans laquelle on ne fait pas notre travail contre les violences faites aux femmes. Malgré les lois qui sont faites, il n’y a pas de conscience politique sur la gravité de ce qui est fait aux femmes", a estimé Micheline Dupont, du collectif Droit des Femmes 41.

150 à 200 personnes se sont rassemblées ce mardi soir devant le commissariat de Blois pour dire leur colère après ce drame.
150 à 200 personnes se sont rassemblées ce mardi soir devant le commissariat de Blois pour dire leur colère après ce drame. © Maxppp - Sébastien Gaudard

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