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Au procès des millions détournés à Caen, comment personne n'a rien pu voir ?

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Beaucoup de questions au procès des millions détournés à Caen, argent avait notamment servi à organiser la Peronne Cup, tournoi de foot organisé en août 2016 à Thaon. Que ce soit au club, dans l'entourage du principal prévenu ou dans l'entreprise, on se demande comment personne n'a rien pu voir.

Les jeunes de l'AS Roma avaient remporté la première et unique édition de la Peronne Cup en août 2016 à Thaon dans le Calvados. Les jeunes de l'AS Roma avaient remporté la première et unique édition de la Peronne Cup en août 2016 à Thaon dans le Calvados.
Les jeunes de l'AS Roma avaient remporté la première et unique édition de la Peronne Cup en août 2016 à Thaon dans le Calvados. © Radio France

A l'issue du deuxième jour du procès d'un homme de 49 ans devant le tribunal correctionnel de Caen, beaucoup d'interrogations sont en suspens. Le principal prévenu a reconnu avoir détourné près de 4 millions d'euros dans le groupe où il était contrôleur de gestion, Défiviandes Maxiviande basée à Hérouville Saint Clair (Calvados), rebaptisé CoopSaveurs CoopServices, argent qui a en parti servi à organiser la Peronne Cup en août 2016. Mais que ce soit ceux qui ont été payés avec cet argent ou ceux qui en ont été spoliés, le fait que personne ne se soit rendu compte de rien interpelle. 

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"C'était un client comme un autre" répondent les prestataires

Après avoir examiné le mode opératoire du principal prévenu au premier jour du procès jeudi, le tribunal a entendu vendredi une vingtaine de prévenus, personnes physiques ou sociétés, tous poursuivis pour recel ou blanchiment. Cela va d'un équipementier sportif à une société de jet privé en passant par un jeune homme embauché pour faire la communication sur la Peronne Cup. Tous ont été payés avec l'argent détourné. "Pourquoi ne vous êtes vous pas interrogés sur l'origine de ces fonds ?" leur demande systématiquement Frédéric Belot, l'avocat de Défiviande Maxiviande. La réponse est la même à chaque fois : "C'était un client comme un autre. Comment aurait-on pu savoir ?"

Même ses meilleurs amis n'ont rien soupçonné

Le principal prévenu se présentait à tous comme numéro 3 de Défiviande Maxiviande, se disait mécène du club du petit club de son village de Thaon dans le Calvados et personne, même ses meilleurs amis associés avec lui dans une société civile immobilière (SCI), même sa femme, n'a jamais rien soupçonné. "Une loge au Stade d'Ornano, des voyages en avion avec l'équipe pour aller voir jouer Malherbe à Lyon par exemple, un ami de jeunesse raconte, j'étais content pour lui, je me suis dit qu'il avait réussi et je ne me suis pas posé plus de questions".

L'émotion de Claude Péronne, qui se considère lui aussi comme une victime

Moment fort de l'audience vendredi, quand le président historique du club de foot de Thaon s'avance vers la barre. Poursuivi lui aussi pour recel (le club a perçu au total 294 000 euros d'argent détourné), Claude Peronne, 70 ans, affaibli par la maladie, a tenu à être là car il se considère comme une victime dans cette affaire. Tout a commencé par un jeu de maillots, puis c'est allé crescendo raconte-t-il : "Sébastien disait qu'il avait de l'argent après la vente de boucheries et qu'il voulait aider le club, je n'ai pas mis sa parole en doute".

Quant au fameux tournoi, Claude Peronne n'a pas participé à son organisation. Ce n'est qu'à la fin que celui qui est devenu le vice président du club lui propose à titre honorifique que la coupe porte son nom, "_au nom de mes 50 années de bénévolat, de mes 25 ans de présidence__._" "Est ce que vous lui en voulez aujourd'hui?" demande le procureur. Claude Peronne détourne le regard. "Je préfère ne pas répondre, parce qu'il m'a fait beaucoup de mal. Il me disait que j'étais son père..." glisse-t-il la voix brisée.

Pourquoi au sein de l'entreprise elle-même, personne n'a rien vu non plus ?

Une émotion qui n'étreint pas l'avocat du groupe Défiviande Maxiviande, Frédéric Belot qui a plus à cœur de récupérer les 4 millions détournés. Pour ce faire, c'est lui qui a fait citer à comparaitre 30 prévenus - quatre seulement ayant été renvoyés devant le tribunal à l'issue de l'enquête, l'ancien contrôleur de gestion et les trois associés de sa SCI. Mais les réponses quasi identiques des uns et des autres interpellent. Comment auraient-ils pu se douter ?

Et les avocats des prévenus de renvoyer la balle au camp d'en face. "Même au sein de l'entreprise pendant 9 ans, il a berné les services internes de comptabilité et de contrôle, et les services externes, experts comptables, commissaires aux comptes, ils ont tout validé" rappelle Christine Corbel l'avocate de Claude Peronne. Au fond la salle depuis le début du procès, deux hommes en costumes cravates se taisent. Deux dirigeants du groupe Défiviande Maxiviande qui ne sont pas appelés à venir déposer à la barre, mais que beaucoup à ce procès aimeraient malgré tout entendre. 

L'audience reprend ce lundi 7 octobre 2019 et le procès doit s'achever le lendemain.

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