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Au procès d'Olivier De Scitivaux : "Je n'ai pas fait assez et j'aurais pu mieux faire" dit l'évêque d'Orléans

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Jacques Blaquart, l'évêque d'Orléans, a témoigné ce lundi devant la cour d'assises du Loiret où s'est ouvert le procès d'Olivier De Scitivaux, ex-prêtre orléanais jugé pour viols et agressions sexuelles sur mineur. L'évêque a saisi la justice dans cette affaire mais a-t-il tardé à le faire ?

Mgr Jacques Blaquart a témoigné à la barre pendant près de 2 heures devant la cour d'assises du Loiret Mgr Jacques Blaquart a témoigné à la barre pendant près de 2 heures devant la cour d'assises du Loiret
Mgr Jacques Blaquart a témoigné à la barre pendant près de 2 heures devant la cour d'assises du Loiret © Radio France - Lydie Lahaix

Le procès d'Olivier de Scitivaux s'est ouvert ce lundi matin devant la cour d'assises du Loiret. L'ancien prêtre orléanais, âgé de 64 ans aujourd'hui, est accusé de viols et d'agressions sexuelles sur mineurdes faits qui auraient eu lieu de 1990 à 2002 sur quatre jeunes garçons. "Ce qui va m'arriver, ce n'est pas grave, a déclaré Olivier De Scitivaux à l'ouverture des débats, alors qu'il encourt 20 ans de réclusion criminelle. L'important, c'est de savoir comment les victimes vont pouvoir repartir dans la vie." Mais l'audience a surtout été marquée par le témoignage de Mgr Jacques Blaquart, l'évêque d'Orléans, qui s'est exprimé à la barre pendant près de deux heures. C'est lui qui a saisi la justice dans cette affaire en 2018 - mais aux yeux des victimes, il aurait pu et dû le faire plus tôt.

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"Le long cheminement" de l'évêque d'Orléans

"Je veux dire l'importance pour moi de ce procès, commence Jacques Blaquart devant une salle exceptionnellement comble. C'est un moment difficile pour moi, mais je sais que c'est encore plus difficile pour les victimes". L'évêque d'Orléans explique que c'est un long cheminement qui l'a poussé à saisir le procureur en 2018 : "L'année 2016 a pour moi été une année-charnière, il y a eu l'affaire Preynat à Lyon, j'ai été voir au cinéma le film Spotlight, et puis la cellule d'écoute des victimes mise en place au diocèse d'Orléans a commencé à être vraiment opérationnelle". C'est cette cellule qui reçoit en mars 2018 l'appel d'un homme disant avoir subi un viol de la part d'Olivier De Scitivaux, ce qui décide Jacques Blaquart - âgé aujourd'hui de 72 ans - à faire un signalement à la justice.

Mais ce cheminement aura été long, trop long, estiment les avocats des victimes. Car dès 2012, Jacques Blaquart reçoit un courrier évoquant "les agissements pédophiles" d'Olivier De Scitivaux. "Je l'ai convoqué, il m'a dit qu'il ne s'était rien passé, je lui ai dit de faire attention." Des mots qui font bondir Me Clémence Le Marchand, l'une des avocates de la défense : "ça veut dire quoi, faire attention quand on est soupçonné d'agissements pédophiles ?" "C'est terrible à dire, répond le prélat, mais j'étais moi-même dans cette chappe de silence qui pesait alors sur l'Église." Puis, en 2013, il décide de déplacer Olivier De Scitivaux à la basilique de Cléry-St-André, avec l'interdiction d'être seul avec des enfants. "C'était une sanction ? interroge le président de la cour d'assises. "Non, soutient Jacques Blaquart, cela correspondait à un besoin du diocèse, car le poste à Cléry était vacant."

"Il y a longtemps eu en moi une part de sidération"

"Mais vous assortissez cette mutation d'une interdiction pour qu'il ne soit pas seul avec des enfants, c'est donc que vous aviez bel et bien identifié le problème ?" déduit Me Amélie Bulté, qui assiste deux victimes. "Oui, mais je n'avais pas encore de faits précis, se défend Jacques Blaquart. Avant de reconnaître, "aujourd'hui, je réagirais différemment, mais il y a longtemps eu en moi une part de naïveté et de sidération, car c'était pour moi inconcevable qu'un prêtre puisse abuser d'un enfant : une part en moi refusait alors de bouger. Depuis, j'ai pris conscience de la gravité de ce genre de faits et des traumatismes qu'ils engendrent." Et de conclure : "je n'ai pas fait assez et j'aurais pu mieux faire. Je demande pardon aux victimes d'avoir tardé à réagir."

Depuis 2021, l'évêché d'Orléans a signé un protocole avec les parquets d'Orléans et de Montargis pour que soient systématiquement portées à la connaissance de la justice les accusations de pédocriminalité au sein de l'église. Une convention a également été signée avec l'association d'aide aux victimes. "Je veux ici répéter ma détermination à être du côté des victimes", a d'ailleurs souligné Jacques Blaquart. Enfin, des formations sur le sujet sont régulièrement dispensées pour les séminaristes et les 55 prêtres en activité dans le diocèse d'Orléans. Le procès d'Olivier De Scitivaux se poursuit jusqu'à vendredi.

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