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Assises du Doubs : 15 ans de réclusion criminelle pour avoir tiré sur son bailleur

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La cour d'Assises du Doubs a condamné Hervé Vurpillot à 15 ans de réclusion criminelle pour avoir tiré intentionnellement en septembre 2015 à Seloncourt, sur son ami et propriétaire, venu lui réclamer des arriérés de loyers. La victime, tétraplégique, dit vivre aujourd'hui "emmuré dans son corps".

Interruption de séance au procès d'Assises Interruption de séance au procès d'Assises
Interruption de séance au procès d'Assises © Radio France - Christophe Beck

Le verdict de la cour d’Assises du Doubs est tombé tard dans la nuit, après deux heures trente de délibéré. Hervé Vurpillot, fraiseur de 57 ans, a été reconnu coupable de tentative de meurtre sur son propriétaire et ami, Abdel Babaaroudj, visé à bout touchant par un tir de revolver, alors qu'il venait lui réclamer des arriérés de loyer. 

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Au terme de ces deux journées d’audience, l'accusé est condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Une peine conforme aux réquisitions de l'avocat général. 

« J’ai détruit un homme plein de vie qui ne méritait pas cela. Toute mon existence, je serais rongé par la honte. » déclarait d'emblée l'accusé, à la mi journée, lors de son interrogatoire. 

J'ai voulu le frapper, pas lui tirer dessus

Mais sur les faits, cet après-midi du 17 septembre 2015 à Seloncourt, le fraiseur de 57 ans plaide le geste de panique, face à la prétendue agressivité de son ami et propriétaire, venu lui réclamer ces arriérés de loyers_. "La seule façon de calmer sa colère était de lui infliger un violent coup de poing"._ Ce qu’il fait, revolver à la main. Au contact de la joue, l'arme percute et la balle traverse la gorge de part en part, plongeant la victime dans un état tétraplégique, à 96 % d’incapacité permanente 

Un délibéré en fin de soirée au palais de justice de Besançon
Un délibéré en fin de soirée au palais de justice de Besançon © Radio France - Christophe Beck

"Pourquoi n’avez-vous pas prévenu les secours, alors que votre ami vous implorait de le faire ?" interroge le président. "J’avais beaucoup bu. Je n’avais conscience de rien", répond l’accusé_._ La victime attendra plus de vingt minutes, au sol, dans son sang, avant d’être secourue, grâce à l'intervention de l’ex compagne du tireur appelée à la rescousse. 

Le Colt 38 spécial empêche tout tir accidentel

L’enjeu du procès tourne autour de cette intention de tirer. L’accusé s’en défend. Le coup est parti tout seul. Mais face à des experts qui écartent toute possibilité de tir intempestif, il n’exclue pas avoir actionné machinalement la queue de détente. 

Le scellés de cette affaire de Seloncourt
Le scellés de cette affaire de Seloncourt © Radio France - Christophe Beck

La partie civile dresse le portrait d’un homme froid, manipulateur et rompu au maniement des armes. "Vous brandissez une arme létale, chargée et sortie de son étui. En visant la tête, vous actionnez la queue de détente", tance maître Jérôme Pichoff. "Si on veut tuer quelqu’un, on ne s’y prend pas autrement. On est loin de l’accident", ajoutant : "On ne juge pas que cette tentative de meurtre, mais ses conséquences tragiques et définitives pour la victime et sa famille".

Un peu plus tôt, Sofia, la fille aînée d'Abdel Babaaroudg, est venue rappeler combien sa vie, celle de son frère cadet et de sa mère ont basculée ce 17 septembre 2015. « On a pris perpète », ajoute Nabila, l’ex épouse, devenue assistante de vie de la victime et père de leur deux enfants, "emmuré dans son corps"

15 ans pour lui et toute une vie pour nous !

Pour l’avocat général, Arnaud Grécourt, "la présomption d’intention homicide, implique en droit (arrêt de la cour de cassation), de faire usage d’une arme dangereuse sur une partie du corps particulièrement vulnérable". Selon lui, c’est exactement le scénario jugé ici. "Le caractère intentionnel résulte encore de son attitude après les faits où il refuse obstinément d’appeler les secours, comme si son projet à ce moment-là était de cacher le corps" Dressant le portrait d'un accusé narcissique, flambeur, joueur, porté sur le sexe et addict à l'alcool, l’avocat général requiert 15 années de réclusion criminelle. 

A la défense, maître Yannick Barré invoque la solitude de sa position. "Seul contre tous à soutenir le geste accidentel" dit-il. "Vous êtes libre de croire ce que vous dit monsieur Vurpillot quand il martèle qu'il n'a pas voulu tirer"

Après deux heures trente de délibéré, vers une heure du matin ce samedi, le verdict est rendu. La tentative de meurtre est retenue. Hervé Vurpillot est condamné à 15 ans de réclusion criminelle. La famille dit son soulagement. Mais, Sofia et Samy, ses enfants, soulignent que "même si la justice a fait son travail, ces 15 ans pour lui, c'est toute une vie pour nous ». 

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