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À Salon-de-Provence, le cri des amoureux des animaux : "Arrêtez le massacre des abandons chaque été ! "

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La France est "la championne d'Europe des abandons d'animaux" : 100.000 chaque année dont 60.000 d'avril à septembre. Révolte chez les amis des animaux en Provence !

Arkos abandonné, adopté, maltraité, protégé désormais par la SPA de Salon de Provence Arkos abandonné, adopté, maltraité, protégé désormais par la SPA de Salon de Provence
Arkos abandonné, adopté, maltraité, protégé désormais par la SPA de Salon de Provence © Radio France - Christophe Van Veen

Alain Bashung le chantait il y a plus de 40 ans : "... c'est comme ce mec qui voudrait que je me soigne et qui abandonne son clebs le mois d'août en Espagne..." Rien de nouveau, rien d'acceptable. La simple rencontre avec Arkos devrait convaincre qu'il existe toujours une solution quand on est "encombré" par un animal, et que cette solution n'est jamais la souffrance animale. Arkos est en convalescence au refuge de la SPA de Salon-de-Provence alors qu'il avait perdu 17 kilos. Squelettique, terrorisé par la lumière, Arkos a d'abord été victime d'un abandon sauvage. Il a fait partie de la cohorte des animaux en divagation. Recueilli, le chien a poursuivi son chemin de croix en étant adopté par un individu qui s'est révélé être un tortionnaire, laissant l'animal livré à lui-même, sans nourriture suffisante. La SPA a porté plainte et vient de sauver la peau d'Arkos désormais en rémission pour de longues semaines. 

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Philippe Adam le responsable de la SPA de Salon de Provence
Philippe Adam le responsable de la SPA de Salon de Provence © Radio France - Christophe Van Veen

Philippe Adam préside la SPA de Salon-de-Provence qui voit passer sur son hectare 1.400 animaux chaque année et qui travaille pour le compte d'une trentaine de communes sur un bassin de 300.000 habitants. "Les abandons, c'est toute l'année avec un pic en été. Et cela s'aggrave chaque année. Depuis trois mois, du fait d'un boom des divorces, on voit une explosion des "abandons officiels". Les ex-couples se débarrassent de l'animal. Au moins, ils font les choses dans les règles, ils s'acquittent d'une somme d'argent, nous fournissent les papiers et laissent une chance à l'animal. Enfin, moi, j'ai du mal avec ça. Quand vous divorcez, vous n'abandonnez pas vos enfants !" 

Les animaux de compagnie payent aussi les confinements du Covid-19. Cloîtrés chez eux, bon nombre de Français ont compensé l'absence de vie sociale par l'acquisition d'un animal. La vie normale revient et on se rend compte que oui, un animal, on doit s'en occuper et ce n'est pas gratuit. D'où la tentation de la trahison, de l'abandon.  

L'horreur absolue

Philippe et la centaine de bénévoles du site de Salon ne sont pas prêts d'oublier et de pardonner la venue d'un chien il y a un an et demi. "Attaché en pleine forêt, sans eau, loin des chemins. Il y avait la volonté de le faire mourir, de le faire souffrir. Cela me révolte !" lâche Philippe en serrant les poings. L'horreur absolue. "Je pense à ce caniche de 14 ans, emprisonné dans un sac-poubelle vivant ! Heureusement, une habitante de Salon l'a entendu et délivré. La personne voulait qu'il se fasse broyer par le camion des éboueurs. Une abomination". Ces deux victimes ont été sauvées et adoptées. Les inhumains n'ont jamais été retrouvés, jamais punis, malgré les plaintes de la SPA.

Peines alourdies... mais pas appliquées 

Depuis 2021, ceux qui balancent leurs animaux dans la nature risquent une peine d'amende et de prison plus sévères. Jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. Abandon sur la voie publique, avec des circonstances aggravantes, le tarif monte à quatre ans de prison et 60.000 euros d'amende. Si l'abandon a entraîné la mort, l'auteur encourt cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Amer, Philippe Adam est catégorique : "Ces sanctions ne sont jamais appliquées. Il y a sans doute d'autres priorités dans la délinquance..." Marie-Hélène, motarde au grand coeur, est sur la même longueur d'onde. Elle vient de garer sa grosse cylindrée sur le parking de l'animalerie "Zone Animale" de Salon-de-Provence pour subvenir aux besoins d'un de ces abandonnés qu'elle recueille régulièrement : "Ceux qui abandonnent savent qu'ils ne risquent rien. Alors ils balancent. L'animal est un jouet. Quand on se lasse, il dégage. C'est du consommable. Un réflexe bien de notre époque, hélas !" 

Toto vient d'être abandonné
Toto vient d'être abandonné © Radio France - Christophe Van Veen

À l'heure des grands abandons estivaux, les amoureux des animaux sont autant révoltés que pessimistes. Que faire ? "Un permis de posséder un animal" imagine Fabrice. Sauf qu'il existe des trafics avec des animaux non pucés, notamment des chiens de combat dans les cités de Marseille, ou des maîtres sans vergogne qui ne sont pas prêts à débourser plus de 1.000 euros pour un toutou. C'est la solution pour Michael qui vient livrer des sacs d'alimentations pour chiens : "Il faut se battre pour qu'il ne reste plus que des élevages qui vendent les animaux à des prix honnêtes. Même quand on veut 'donner' un animal, il faut faire payer. Rien n'est gratuit et surtout pas un animal ! Un type qui paye 1.500 euros pour une race qu'il adore, je vous garantis qu'il ne va pas abandonner son chien". 

Certains propriétaires d'animaux trouvent des explications, mais jamais d'excuses qu'on ne s'y méprenne pas. "Les hôtels et les plages devraient accepter les animaux. Ils ne sont pas plus salissants que les humains !" Nicole tient en laisse son imposant labrador : "Je galère pour trouver une pension de trois jours pour mon chien. C'est complet et c'est très cher. Mais je vais trouver !"

On n'abandonne pas un enfant !

La comparaison peut choquer ceux qui sont peu sensibles à la cause animale. La réflexion revient le plus souvent lorsqu'on évoque ces abandons des vacances d'été : "On n'abandonne pas un enfant !" Marie, la trentaine, les appelle ses "bébés", deux éclopés "totalement batards-chelous" adoptés à la SPA. "Ils ont déjà été tellement traumatisés que je ne les laisse jamais. Ma voiture est aménagée. On part avec eux ou on ne part pas. Après je peux comprendre ceux qui sont dépassés et qui se disent qu'ils n'y arrivent pas. Je leur demande de faire un abandon "classe" entre guillemets, dans les règles. Pas d'animaux attachés en pleine nature ou balancés par-dessus le portail de la SPA. Ils viennent à la SPA, ils assument leur bêtise, ils payent, ils laissent une chance à l'animal d'avoir une vie et de ne pas s'en prendre plein la gueule". 

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