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TÉMOIGNAGE - Laëtitia Fabaron se confie sur son déni de grossesse

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Laëtitia Fabaron, une mère de famille de 32 ans, domiciliée en Isère, a tué son nouveau-né, le 14 mai 2012, suite à un déni de grossesse. Elle comparaissait libre, en début de semaine, devant la Cour d'assises de l'Isère pour homicide aggravé. Elle a accepté de témoigner avant le verdict.

Laëtitia Fabaron, mardi matin, au palais de justice de Grenoble, avant le verdict
Laëtitia Fabaron, mardi matin, au palais de justice de Grenoble, avant le verdict © Radio France - Véronique Pueyo

Laëtitia, pourquoi avez vous décidé de témoigner ?

Je veux essayer de faire comprendre aux gens ce qu'est le déni de grossesse et expliquer aux autres ma douleur, ma souffrance, que je porterai toute ma vie. Avant que cela m'arrive et que j'entendais parler de ce genre d'affaires dans les médias, je me disais que ces femmes étaient folles ou qu'elles étaient des monstres et qu'il fallait les enfermer. Aujourd'hui, je suis à leur place et c'est très dur à vivre et à expliquer.

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Que s'est-il passé ce 14 mai 2012, dans votre salle de bains ?

Je ne savais pas que j'étais enceinte. Je me suis réveillée en souffrant terriblement du ventre. Je suis allée dans la salle de bains et je perdais beaucoup de sang, c'était un cauchemar, la panique. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Je n'étais plus moi, et puis l'enfant est sorti de moi. Pour moi, ce n'était pas un bébé, je ne l'avais pas porté. J'ai coupé le cordon avec des ciseaux que j'ai trouvé dans un placard. J'ai expulsé le placenta dans les toilettes. j'ai déposé le bébé sur mon lit et je suis allée faire le petit-déjeuner pour mes deux enfants. J'étais un zombie.

Pourquoi l'avez-vous étranglé ?

Le bébé pleurait, je voulais qu'il se taise pour ne pas alerter mes enfants. Je me sentais si seule. Je ne me le pardonnerai jamais, je vis tous les jours avec cette horreur.

Pourquoi avoir placé l'enfant dans le congélateur ?

Après quatre ans de psychothérapie, j'ai compris que c'était pour le garder avec moi et pour, peut-être, que quelqu'un le découvre et qu'on me délivre de mon horrible secret. A ma sortie de détention, j'ai voulu le reconnaître, il est inscrit sur mon livret de famille, avec mes trois autres enfants. Je l'ai appelé Liam et je vais souvent me recueillir sur sa tombe.

Avez vous peur de retourner en prison ?

J'ai peur pour mes enfants. Ils sont innocents. Ils ont besoin de moi. Mes enfants, c'est toute ma vie, ce que j'ai de plus cher au monde. Malgré ce que j'ai fait, et que je ne me pardonnerai jamais, je pense être une bonne maman. Cela fait quatre que je me reconstruis, je fais un travail avec une psychologue pour comprendre et pour essayer de faire comprendre ce qu'est le déni de grossesse. J’accepterai la sanction, mais pour mes enfants, je ne voudrais pas retourner en prison.

A l'issue de trois heures de délibération, les jurés de la cour d'assises de l’Isère ont condamné Laëtitia à 5 ans de prison, dont trois avec sursis. L'avocate générale avait requis 5 ans.

"Je suis un monstre, je n'accepterai jamais ce que j'ai fait", Laëtitia Fabaron

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