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"46 % des agriculteurs qui s'installent le font en bio", selon Nancy Fauré, directrice d'Interbio en Occitanie

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Nancy Fauré, directrice d'Interbio en Occitanie, l'interprofession de la filière bio, était l'invitée de la rédaction ce mercredi matin. La région reste la première région bio de France, mais sa croissance connait un palier avec l'inflation et la refonte du système d'aides.

Nancy Fauré dans les locaux de France Bleu Occitanie ce mercredi matin. Nancy Fauré dans les locaux de France Bleu Occitanie ce mercredi matin.
Nancy Fauré dans les locaux de France Bleu Occitanie ce mercredi matin. © Radio France - Jeanne Marie Marco

13.000 producteurs bio en Occitanie aujourd'hui, 19% de surfaces agricoles. Notre région reste la première région bio de France mais connait, comme au niveau national et comme le secteur agroalimentaire dans son ensemble, un premier palier dans son développement. 

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Pour en parler ce mercredi matin, l'invitée de la rédaction de France Bleu Occitanie est Nancy Fauré, directrice d'Interbio Occitanie, l'interprofession de la filière bio qui regroupe les associations de producteurs et une partie des distributeurs. Leurs bureaux sont à Castanet, au sud de Toulouse.

Bonjour Nancy Fauré. D'abord, les chiffres sont bons ?

Oui, les chiffres sont bons. Nous sommes la région Occitanie, la première région bio de France.

Ce n'est pas la nouvelle Aquitaine. On est rassuré !

Ça fait plusieurs années, on continue. Il y a une belle dynamique dans notre région. Nous avions 13.265 producteurs au 31 décembre 2021. Les chiffres sont précis avec donc plus de 600.000 hectares dans la région qui sont cultivés en bio.

D'ailleurs, une exploitation bio, ça veut dire quoi ? Qu'elle n'utilise pas de pesticides? ça ne s'arrête pas à ça ?

Non, ça ne s'arrête pas à ça. Il y a un cahier des charges européen qui s'applique à tous les producteurs et pas que aux producteurs. Souvent, on oublie que ce cahier des charges s'applique aussi aux transformateurs, donc aux entreprises agroalimentaires. Et ce cahier des charges garantit à la fois la non-utilisation d'intrants chimiques tout au long du processus et puis le bien être animal. Vous avez beaucoup d'obligations. Vous l'avez aussi pour les entreprises puisque vous avez une liste restreinte d'additifs. Donc c'est une vraie garantie puisque ce cahier des charges est contrôlé par des organismes indépendants garantis par l'État.

Est ce qu'on a essentiellement en ex-région Midi-Pyrénées des exploitations existantes qui se convertissent au bio ou la création d'exploitations bio ?

Les deux. Vous avez donc un courant fort de conversion d'agriculteurs qui font le choix de passer en bio avec un processus qui est long, compliqué. C'est trois ans pendant lesquels ils doivent cultiver en bio. Ils ne peuvent pas vendre leurs produits en bio. En ça, ils sont soutenus et aidés. Un processus qui est long donc. 

Et sur les installations, vous avez aussi des installations, des jeunes qui font le choix de passer en bio directement dès leur installation. Et aujourd'hui, 46 % des agriculteurs qui s'installent le font en bio.

Ce qui tire la filière bio vers le haut, c'est le maraîchage essentiellement ?

Alors non, on ne peut pas dire qu'il y a une filière qui est plus dynamique que les autres. Ça touche vraiment toutes les filières. Dans notre région, beaucoup de producteurs font ce choix là.

A contrario, quelles sont les exploitations les plus difficiles à transformer en bio ? L'arboriculture, l'élevage, la viticulture ?

Ca va vraiment dépendre du point de départ. Après les contraintes sont lourdes pour tous. À partir du moment ou finalement vous êtes dans un processus ou vous devez raisonner différemment, vous devez être dans le préventif parce que les moyens curatifs sont beaucoup moins importants puisque vous n'avez pas la chimie, et ce sont forcément des moyens naturels. Donc on a des agriculteurs qui changent leur raisonnement et leurs pratiques et qui, pour la plupart, au bout de quelques années, y trouvent un vrai plaisir, y compris dans leur métier.

Mais les aides, elles sont stables ou pas ? On entend dire qu'elles baissent...

Alors les aides, c'est compliqué. En fait, les agriculteurs sont aidés pendant leur période de conversion. Et ensuite, il y a eu beaucoup de débats ces derniers mois au sujet des aides. Parce que les aides de la politique agricole commune (PAC) sont revues en ce moment pour une mise en place en 2023. Et là, le système est en train de changer, c'est à dire que les agriculteurs ne vont plus être aidés quand ils ont passé cette période de conversion alors qu'avant ils avaient des aides, en particulier dans notre région. Ce qu'on appelait les aides au maintien, ça disparaît. Donc il y a un crédit d'impôt qui va leur permettre aussi d'avoir quelques aides. Mais on n'est plus dans le même schéma. 

Avec l'inflation les prix de tous les produits augmentent. Est-ce que la consommation bio subit les conséquences de cette inflation ?

Oui, comme tous les produits alimentaires. C'est à dire que les Français aujourd'hui font des choix parce qu'ils n'ont pas le choix, pour le coup. Ils arbitrent sur leurs dépenses et c'est clair que tout le secteur alimentaire est aujourd'hui touché. Le bio en fait partie. Alors si on compare les chiffres entre maintenant et 2019, on est plutôt sur un palier et pas sur une baisse drastique. Mais voilà, les acteurs souffrent un peu et se posent beaucoup de questions parce que eux, ils ont le sentiment qu'ils ont répondu à la demande des consommateurs qui demandaient du bio. On avait du mal d'ailleurs à suivre le rythme. Voilà aujourd'hui, on sent bien que c'est compliqué.

Dernièrement, le patron de l'agrochimiste Syngenta, un des grands semenciers, a dénoncé les limites du bio, et a appelé à opter pour une agriculture à plus fort rendement face au risque de pénurie alimentaire, avec notamment la guerre en Ukraine. Vous lui répondez quoi ?

Que la solution n'est pas de reculer sur la dynamique du bio. D'abord parce que ce n'est pas non plus un secteur qui occupe tant de place que ça et qu'il y a encore des marges de croissance pour pouvoir reproduire cette agriculture de qualité en préservant l'environnement, la biodiversité, etc. Donc il n'y a pas de problème. On peut continuer à développer la filière bio sans mettre en péril notre capacité à consommer, à manger tout simplement, ni mettre en péril l'alimentation mondiale.

Et justement chez Interbio, quels sont vos projets pour développer la filière dans les prochaines années ?

Pour nous, ce qui est très important, c'est de reprendre la parole et de réexpliquer aux consommateurs. C'est quoi le bio ? Ça garantit quoi. Le fait qu'on est une région très diverse, donc avec beaucoup de produits. Le consommateur qui souhaite consommer avec un fort impact sur son environnement peut consommer bio et local. Pourquoi ? Parce que, comme nous sommes la première région bio de France, nous avons toute la diversité des produits bio. Donc il ne faut surtout pas hésiter à choisir les produits bio régionaux.

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