[go: up one dir, main page]

Passer au contenu
Publicité

Malus environnemental, publicité interdite des prix cassés : l'Assemblée vote des mesures contre la "fast fashion"

Par
  • France Bleu

Les députés ont adopté, en première lecture à l'Assemblée nationale, plusieurs mesures pour lutter contre la "fast fashion", la "mode jetable" et ses conséquences. Parmi elles, la fin de la publicité pour les prix cassés, et un malus environnemental.

Un magasin Primark de Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes. Un magasin Primark de Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes.
Un magasin Primark de Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes. © Maxppp - Frantz Bouton

Manteaux à moins de dix euros, T-shirts à trois euros, robes à huit euros.... Les vêtements à prix cassés qui inondent internet, vendus par des sites comme Shein ou Temu, sont produits dans des conditions environnementales et sociales très contestables, de qualité médiocre, mais vendus en masse. Pour lutter contre les conséquences de la "mode jetable", l'Assemblée nationale a voté jeudi, à l'unanimité, des mesures pour freiner la "fast fashion". Parmi elles, l'interdiction de la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés, et un "malus" environnemental renforcé pour les rendre moins attractifs.

Publicité

Dans un contexte de baisse du pouvoir d'achat, la saturation du marché par des vêtements peu coûteux, constamment renouvelés et massivement importés, a ébranlé le secteur, où les fermetures de magasins et les redressements judiciaires se multiplient. Dans le viseur de la loi, des pratiques de production intensive poussées à leur paroxysme par l'emblématique entreprise chinoise Shein et ses "7.200 nouveaux modèles de vêtements par jour" en moyenne.

"Le premier pays au monde à légiférer pour limiter les dérives de l'ultra fast-fashion"

La proposition de loi, adoptée en première lecture, devra désormais être examinée par le Sénat. Elle émane du groupe Horizons, l'une des trois composantes de la majorité présidentielle.  Malgré des réserves, le texte a reçu le soutien de tous les groupes de l'hémicycle. Ce texte fera de la France "le premier pays au monde à légiférer pour limiter les dérives de l'ultra fast-fashion", a salué dans l'hémicycle le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. "L'industrie textile est la plus polluante, elle représente 10% des émissions de gaz à effet de serre", a souligné Anne-Cécile Violland, la députée Horizons qui porte le texte. Elle a aussi mentionné la pollution des eaux.

Un malus de 5 à 10 euros pour les vêtements qui polluent trop ?

La proposition de loi donne une définition de la "fast fashion", avec des critères basés sur les volumes produits et la vitesse de renouvellement des collections. Mais elle renvoie à des décrets pour fixer des seuils chiffrés. Les entreprises visées auraient l'obligation de sensibiliser les consommateurs "à l'impact environnemental" de leurs produits.

La mesure principale est le renforcement du système de "bonus-malus" dans le secteur textile, pour tenir compte des "coûts environnementaux" d'une production excessive. La pénalité serait liée à "l'affichage environnemental" des produits, une nouvelle méthode de notation des produits devant être mise en œuvre.

Son montant, à fixer par décret, pourrait atteindre progressivement jusqu'à 10 euros par produit en 2030, avec un plafond de 50% du prix de vente. Un amendement a prévu des paliers pour atteindre ces 10 euros, notamment un premier à 5 euros en 2025.

"Il ne s'agit pas d'une taxe", a précisé la députée Anne-Cécile Violland, les contributions devant être redistribuées en faveur des producteurs de vêtements durables, dans l'objectif que leurs prix baissent.

Fin de la publicité pour les vêtements à prix cassés

L'autre mesure phare est l**'"interdiction de la publicité pour les produits et entreprises"** relevant de la définition de la "fast fashion", coutumières d'un marketing agressif. Cette disposition était soutenue par tous les groupes, sauf Les Républicains (LR). "Si vous interdisez la publicité sur le textile, en particulier la mode, vous n'avez plus de mode", a estimé le député LR Antoine Vermorel-Marques.

Insoumis, écologistes et socialistes ont plaidé en vain pour fixer des pénalités minimales et des quotas d'importation. Ainsi que pour imposer des critères de respect des droits sociaux dans l'industrie textile. Ils ont aussi échoué à faire figurer dans la loi les seuils chiffrés définissant la "mode express", comme le demandait aussi LR.

"Le diable est dans les décrets", s'est inquiétée la députée LFI Alma Dufour, craignant que le ministère de l'Economie ne réduise l'ambition du texte par la voie réglementaire.

Shein, Temu, Primark, Action : quelles marques concernées ?

La coalition d'ONG "Stop Fast Fashion" avait appelé les parlementaires à prévoir des seuils permettant de "ne pas pénaliser uniquement Shein ou Temu", estimant que "des marques comme Zara, Primark, H&M ou Action" doivent aussi être visées.

Pour Shein, ce texte "pénalise de manière disproportionnée les consommateurs les plus attentifs aux coûts". Selon une porte-parole, le nombre de références "n'est pas un indicateur pertinent" pour définir la "fast fashion", plutôt liée selon la marque à l'ampleur des invendus.

L'Alliance du Commerce, qui fédère des grands magasins, a elle exprimé des réserves sur le fait de baser le "malus" sur "l'affichage environnemental". Son directeur général, Yohann Petiot a dit craindre que le texte "rate sa cible" en impactant des entreprises nationales plutôt que "l'ultra fast fashion".

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

L'info en continu

Publicité

undefined