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La relance éco : "Il nous manque 300.000 euros pour boucler la saison", la crise du football amateur alsacien

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Chaque jour, France Bleu Alsace s'intéresse à la reprise économique dans notre région. Les 550 clubs amateurs alsaciens de foot traversent une crise économique sans précédent. Ils se serrent la ceinture, d'autant que les perspectives de taper à nouveau dans un ballon paraissent bien lointaines.

Les onze joueurs de Schiltigheim, qui sont sous contrat fédéral, sont actuellement au chômage technique Les onze joueurs de Schiltigheim, qui sont sous contrat fédéral, sont actuellement au chômage technique
Les onze joueurs de Schiltigheim, qui sont sous contrat fédéral, sont actuellement au chômage technique © Maxppp - Darek Szuster

Les footballeurs amateurs alsaciens ont le blues. Les 80.000 licenciés ne savent pas quand ils pourront à nouveau s'entraîner et encore moins jouer en compétition. Et les quelques 550 clubs de la région sont durement impactés par la crise du coronavirus.

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Il manque 30% du budget

Le Sporting Schiltigheim évolue en National 2 (quatrième division française) et à ce niveau, c’est déjà du semi-professionnalisme. Le club compte 600 licenciés, quinze salariés dont onze joueurs sous contrat fédéral. Ils sont actuellement au chômage technique. Le budget du club dépasse le million d’euros et c’est donc une véritable petite entreprise, qui est mise à mal par la crise du coronavirus. "Nous vivons essentiellement du mécénat, et ce mécénat s'est interrompu quasi instantanément avec l'annonce des mesures de confinement, raconte le président de Schilik, Pierre Schlienger. Nos mécènes se sont retirés et pour boucler la saison, il nous manque 300.000 euros".  

À une autre échelle, le club de Schirrhein (qui joue en Régional 1) souffre aussi de la crise. Sa traditionnelle soirée musicale de fin de saison a été annulée et il ne sait pas s’il pourra organiser sa fête de la bière en octobre. 35.000 euros pourraient ainsi manquer dans les caisses. "Financièrement ça va être très très dur ces prochains temps, déplore le président de Schirrhein Pierre Dillinger. Il faudra faire des économies par ci, par là. On ne va faire de stage de début de saison, comme d'habitude. On verra si on peut greffer une autre fête en fin d'année pour compenser les pertes. Et puis on va réduire la voilure, par rapport à des joueurs qui venaient de ci, de là, on va réduire les frais."

Le sport n'est pas une priorité pour les entreprises

Les deux présidents constatent logiquement que les entreprises ont aujourd’hui d’autres priorités que le sport. "Les entreprises ont souffert et vont continuer à souffrir, rapporte Pierre Schlienger, qui est lui-même entrepreneur dans le bâtiment. Quand on leur demande de l'aide pour un club de foot, on nous oppose un refus ou on nous demande d'attendre, mais on n'a pas de oui spontané et enthousiaste".  

Le coup d’arrêt brutal du foot amateur laisse aussi un vide important dans un village comme Schirrhein. Le club de foot (et de basket), c'est l'âme du village. _"Quand tu passes devant le terrain et qu'il n'y a pas un gamin dessus, ça donne la chair de poule,_ se désole Pierre Dillinger. Le mercredi et le jeudi soir après les entraînements, les supporters venaient au club house prendre une bière. C'est toute cette vie là qui s'est arrêtée du jour au lendemain et c'est ça qui est le plus difficile à vivre". 

Le plus grand flou pour la reprise

D’autant que le futur reste très incertain. Le plus grand flou règne sur une reprise des championnats amateurs dès cet automne. "Dans le bâtiment, on nous parle de mesures de distanciation physique jusqu'en décembre, explique Pierre Schlienger le président de Schiltigheim. Je ne vois pas comment on peut rejouer au foot dans ces conditions". 

Pierre Dillinger aimerait davantage de soutien de la part de la Ligue de football du Grand Est, qui a simplement promis un plan d'accompagnement et de futures aides pour les clubs : "Je lis quelques mails ou communiqués de la Ligue, mais franchement, je ne vois pas grand chose. Un petit coup de fil aurait fait du bien, mais pour l'instant, c'est zéro. Non, la Ligue, je ne la sens pas".

Moins d'argent dans "le foot amateur de demain" ?

Dans cette morosité ambiante, le président du Sporting Schiltigheim espère qu'il y aura tout de même du positif à retirer pour l'avenir et que "le football amateur d’après" sera moins régi par l’argent. "Je pense que le football de National 2 de demain ne sera plus le même que le football de National 2 d'hier, s'avance Pierre Schlienger. Tous les clubs vont être impactés fortement, nos ressources financières vont baisser. J'espère que la crise qu'on vit va ramener les gens aux vraies valeurs. Il faut que le football amateur redevienne un football plaisir avec toutes les valeurs que normalement il doit transmettre. Je pense qu'on s'était un peu éloigné de ces valeurs-là avec du foot amateur de National 2, qui s'apparentait dans certains domaines, au moins à du football semi-professionnel".

Et les deux présidents de Schiltigheim et de Schirrhein l’affirment. S’ils ont trop de difficultés financières pour la saison à venir, ils n’hésiteront pas à faire jouer leur équipe première à un échelon inférieur pour ne pas mettre en péril l’ensemble de leur club.

Retrouvez la chronique "la relance éco" à 7h15. 

France Bleu Alsace est à vos côtés pour vous accompagner pendant la période de déconfinement. Chaque jour à 7h17, votre radio s'intéresse à une entreprise emblématique de notre région (fleuron industriel, club de sport, association, restaurant, etc.). Comment se porte-t-elle ? Quels enseignements tire-t-elle de cette pandémie de coronavirus ? Comment se projette-t-elle dans l’avenir ?  

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