[go: up one dir, main page]

Passer au contenu
Publicité

Il y a 10 ans, le 9 juin 2013, Michelin licenciait 700 ouvriers dans son usine de Joué-lès-Tours

Par

Le 9 juin 2013, la nouvelle est officialisée, Michelin a décidé de supprimer 700 emplois à Joué-les-Tours, alors que le groupe de pneumatiques vient d'annoncer des résultats en progression de 24% l'année précédente. Retour sur cette déflagration sociale en Indre-et-Loire il y a 10 ans.

9 juin 2013 annonce du plan de restructuration chez Michelin à Joué-les-Tours qui supprime 700 emplois 9 juin 2013 annonce du plan de restructuration chez Michelin à Joué-les-Tours qui supprime 700 emplois
9 juin 2013 annonce du plan de restructuration chez Michelin à Joué-les-Tours qui supprime 700 emplois © Maxppp - ©PATRICE DESCHAMPS

Il y a 10 ans, le 9 juin 2013, les représentants du personnel confirmaient aux ouvriers de l'usine Michelin de Joué-les-Tours une rumeur qui courrait depuis quelques temps : un plan de restructuration va supprimer 700 emplois sur les 900 du site jocondien.

Publicité

Le groupe international de pneumatiques affirmait alors prendre cette décision face à la baisse de la demande en Europe de pneus poids lourds. Ce plan de restructuration va, de fait, quasiment vider l'usine de Joué-les-Tours en Indre-et-Loire de ses ouvriers qui fabriquaient justement ces pneus.

300 ouvriers à Pôle emploi

Le plan qui est alors négocié avec les syndicats comprend un volet de départs en pré-retraite pour quelques 200 salariés "usés par des dizaines d'années de travail chez Michelin" expliquait Claude Guillon, délégué syndical CGT. Le plan envisageait aussi la mobilité ou le reclassement dans d'autres usines du groupe de quelques 150 ouvriers, restaient donc 300 autres employés qui se sont retrouvés sans solution regrettait Claude Guillon.

"On les jette comme des malpropres"

Sitôt officielle, l'annonce a provoqué l'arrêt de travail de dizaines de salariés, rejoints par leurs familles venues les soutenir comme Lydie Alvès, son mari travaillait depuis 25 ans dans l'usine de Joué-les-Tours où son fils a été embauché trois ans plus tôt. Une épouse et une mère en détresse qui ont déjà vécu des reclassements dans différentes usines du groupe. "On les jette comme des malpropres" disait-elle en pleurs devant l'usine.

Manifestation des ouvriers après l'annonce du plan de suppressions de 700 emplois chez Michelin Joué-les-Tours
Manifestation des ouvriers après l'annonce du plan de suppressions de 700 emplois chez Michelin Joué-les-Tours © Maxppp - ©p deschamps

En 2013, les hommes qui serraient les rangs et se soutenaient devant les grilles de leur usine avaient pour certains fait toute une carrière, et même toute une vie dans l'entreprise. Comme Pascal, à l'époque il est âgé de 53 ans, dont 35 chez Michelin, "on est dépités" disait-il sous le choc de l'annonce, "on voit sa vie basculer, j'ai tout donné pour la boite".

Une situation qu'Yves, 45 ans à l'époque, avait déjà connu sur un autre site Michelin, celui de Poitiers fermé en 2005. Yves avait alors était reclassé sur le site de Joué-lès-Tours, "j'ai vu des mecs pleurer sur mon épaule à Poitiers et là ça va recommencer, c'est trop dur, je ne bougerais pas, je ne peux plus faire confiance à cette direction" dit-il très en colère.

Des élus impuissants face à la décision de Michelin

Aussitôt, la mobilisation générale était déclarée chez les élus locaux : le maire de Joué-lès-Tours Philippe Le Breton, Jean Germain, sénateur et président de l'Agglomération tourangelle, mais aussi Laurent Baumel qui interpellait alors le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg qui répondait que "pour Tours, c'est une déflagration (...) mais pour d'autres sites c'est un renforcement indéniable". Michelin avait en effet promis 800 millions d'euros d'investissements dans ses activités en France, et notamment dans un pôle industriel de pneus pour poids lourds très compétitif à La Roche-sur-Yon en Vendée. Des propos qui déclenchaient la colère de Claude Guillon le délégué CGT :"un fantoche comme Montebourg qu'il ne fasse pas le déplacement à Tours après de tels propos, on a surtout pas besoin de leur aide".

"L'âme de Michelin est partie avec ce plan social" pour Philippe Le Breton

10 ans après, Philippe Le Breton, est revenu ce vendredi 9 juin 2023, sur France Bleu Touraine sur cette casse sociale. "Autant, on peut agir sur le plan local pour accompagner la reconversion des salariés, mais en tant qu'élus locaux" ajoute l'ex-maire de Joué-les-Tours qui reconnait la totale impuissance de ces élus locaux pour obliger Michelin à maintenir une usine sur le site jocondien. Pour lui, Michelin faisait partie de l'identité de la ville, "il y a toute l'âme Michelin qui est partie avec ce plan social".

loading

Serge Letulle lui était technicien sécurité chez Michelin et secrétaire du syndicat Unsa en 2013. Il a fait partie des centaines de salariés partis avec ce plan social et pour lui le souvenir reste vif. "Quand vous passez devant maintenant, c'est une friche, on peut plus dire que c'est une usine, ça vous pince le cœur, ils sont à peine 200 à 250 à encore y travailler et ils ne font plus que de la toile et du semi-fini" explique-t-il. "C'est comme faire des étiquettes pour des boites de conserve sans fabriquer ce qu'on met dedans. Quand on a connu cette usine qui était le poumon industriel de la ville de Joué..." un mélange de tristesse et colère pour Serge Letulle.

Philippe Le Breton, ex-maire de Joué-les-Tours et le représentant du personnel CGT Claude Guillon lors d'un conseil municipal extraordinaire le 14 juin 2013
Philippe Le Breton, ex-maire de Joué-les-Tours et le représentant du personnel CGT Claude Guillon lors d'un conseil municipal extraordinaire le 14 juin 2013 © Maxppp - ©hleguellec

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined