[go: up one dir, main page]

Passer au contenu

Yonne : dans l'Aillantais, l'inquiétude grandit autour du manque de médecins généralistes

Par

La maison médicale de l'Aillantais a ouvert il y a moins de cinq ans. L'an passé, deux médecins généralistes sont partis à la retraite l'année dernière, une troisième s'en ira cet été. Avec plus qu'un seul médecin traitant dans l'établissement, ça inquiète beaucoup la population.

Une table d'examen dans un cabinet médical. Médecin généraliste. Médecine générale. Consultation. Auscultation. Une table d'examen dans un cabinet médical. Médecin généraliste. Médecine générale. Consultation. Auscultation.
Une table d'examen dans un cabinet médical. Médecin généraliste. Médecine générale. Consultation. Auscultation. © Radio France - Florence Gotschaux

Dans la maison médicale de l'Aillantais, située à Montholon, l'inquiétude se fait sentir. Lors de son ouverture, il y a un moins de cinq ans, en 2019, quatre médecins généralistes intégraient l'établissement de santé qui regroupe en tout une quinzaine de praticiens. Depuis, deux médecins généralistes sont partis à la retraite l'année dernière et une troisième s'en ira à l'été prochain.

Des patients inquiets pour la suite

Colette sort tout juste de chez le médecin, elle n'en revient pas. "Vous vous rendez compte ? On était bien installés ici avec tous ces professionnels mais là c'est très inquiétant". Âgée de 87 ans, elle se dit chanceuse d'avoir encore son médecin généraliste ici, l dernier qui restera sur place, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, "j'ai une amie de mon âge qui doit se faire faire une ordonnance pour des soins mais elle m'a raconté ne pas avoir de médecin traitant".

C'est le cas aussi d'Anne-Marie. Elle consulte ici mais son mari., lui, était suivi par un des médecins partis à la retraite "il est resté pendant plusieurs mois sans médecin alors qu'il est diabétique, il vient tout juste de retrouver". Un médecin traitant maintenant situé à trente minute de route alors qu'avant, il était à trois minutes à pieds.

Pour Catherine, qui attend son tour dans la salle d'attente, le départ de ce troisième médecin est une mauvaise nouvelle. "C'est mon médecin traitant actuellement, je ne sais pas comment je vais faire pour après, une fois qu'elle sera partie ça va être compliqué et puis ce n'est pas la téléconsultation qui va remplacer un médecin", soupire-t-elle. Clément aussi ne sait pas comment il va faire, "je viens d'apprendre que mon médecin va partir, c'est très inquiétant et problématique pour moi. Heureusement que je ne consulte pas souvent."

Une situation qui se répercute chez tous les professionnels

Situation difficile et pesante aussi pour Thierry Pinas, bientôt il sera le seul médecin généraliste de cette maison de santé de l'Aillantais. "Tout seul pour un bassin qui comptait il n'y a pas si longtemps encore six médecins, ça fait peur, surtout pour la population parce qu'on ne peut pas répondre aux exigences de chacun". Avec plus de 2000 patients, les journées sont vite remplies. "Je passe onze heures en consultation continue et j'ai encore une bonne heure d'administratif à faire", raconte le médecin. Depuis le départ de ses confrères l'année dernière il a bien essayé d'absorber la patientèle mais cela reste limité.

Résultat, beaucoup se sont retrouvés sans médecin traitant. "En partant à la retraite, les généralistes ont prescrit des ordonnances pouvant tenir une année", explique Sandrine Bouisset, infirmière à la maison médicale de l'Aillantais. "Ca allait encore ces derniers mois quand on allait rendre visite aux patients mais le plus dur reste à venir selon moi. Dès qu'on arrive à domicile ils nous posent tous la question de savoir comment faire sans médecin traitant et on ne cesse de leur expliquer la problématique, qu'on a pas de solution pérenne pour le moment", se désole-t-elle. Depuis peu, avec ses deux collègues infirmiers, ils pratiquent la téléconsultation à domicile. Permettant aux patients d'être un minimum suivi par un généraliste à distance et de les accompagner pour éditer leurs ordonnances. d'accompagner les personnes.

"Nous nous démenons"

Une cabine de téléconsultation a aussi été installée dans la maison médicale en juillet 2023. Solution "palliative" pour les praticiens mais "ça soulage", souligne tout de même Joëlle Voisin, en charge de la santé à la Communauté de communes de l'Aillantais. Depuis l'annonce, l'an passé, des deux premiers départs de la maison médicale, Joëlle Voisin a tout fait pour trouver des candidats et des solutions alternatives. Une infirmière de pratique avancée, une sage-femme et des vacataires, tels que des médecins généralistes retraités, sont attendus dans l'établissement, "nous cherchons, nous nous démenons", affirme la vice-présidente.

loading

Pour le moment, aucune candidature ne médecin libéral n'a été déposée mais la Communauté de communes est, de son côté, en train de mettre en place un centre de santé. En partenariat avec l'ARS et la caisse primaire d'assurance maladie, l'objectif est de pouvoir recruter eux-mêmes des médecins salariés. Contrairement à un médecin libéral qui est autonome, le médecin salarié aurait des horaires plus réguliers. Un engagement financier de la part du conseil communautaire est aussi engagé dans ce recrutement, il prévoit de prendre en charge l'emploi d'une personne pour le secrétariat de ce médecin salarié.

Zones rurales : "une seconde chance" pour les futurs médecins ?

Au début du mois de mars la députée LR de Corrèze, Frédérique Meunier a déposé une proposition de loi pour lutter contre les déserts médicaux. Elle propose que les étudiants en médecine recalés à l'oral en deuxième année à 0,2 ou 0,3 point, puissent avoir "une seconde chance" de continuer leurs études et en contrepartie ils s'engagent à choisir médecine générale et à exercer dans des zones tendues pendant 10 ans. Alors pour ou contre cette proposition de loi ? Les avis divergent. Le médecin généraliste, Thierry Pinas se dit plutôt favorable car ces étudiants ne sont pas moins compétents selon lui.

loading

Pour Elisabeth, qui consulte régulièrement à la maison médicale de l'Aillantais, l'obligation de travailler en zones tendues n'est pas une solution pour les patients comme pour les étudiants et cela desservirait même les zones rurales, selon elle.

loading

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined