[go: up one dir, main page]

Passer au contenu
Publicité

Vendanges : "Difficile, ingrat, pas assez payé", le travail dans les vignes n'attire plus

Par

Cette année, les vendanges en Champagne commencent le 25 août. Mais il semblerait bien difficile de recruter des vendangeurs. Travail pas assez payé, exigeant, physique, et avec de moins en moins de possibilités d'hébergement. Les viticulteurs et les prestataires sont inquiets.

Vendanges illustration Vendanges illustration
Vendanges illustration © Radio France - Arthur Blanc

Laure est viticultrice à Tours-sur-Marne. Avec son mari, ils ont une exploitation de quatre hectares. Pour les vendanges de champagne cette année, il lui faut au moins 25 vendangeurs. Les récoltes dans la Marne débutent le 25 août et à Tours-sur-Marne, elles pourront commencer le 26 août, selon les dates officielles annoncées par le CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne). 

Publicité

Pour être sûre d'avoir tous les vendangeurs nécessaires, Laure fait appel à un prestataire. "Il nous a dit que normalement, ce serait une équipe de gens locaux, de Reims. Par contre, combien seront-ils ? Est-ce que ce sera vraiment ces personnes ? Je n'en ai aucune idée", explique-telle.

Cela fait deux ans qu'elle fait appel à un prestataire viticole pour trouver du monde au moment des vendanges pour l'aider à cette période. "On avait vraiment des difficultés à recruter. Les gens trouvent ça difficile, ingrat, pas assez payé. Parce que, vu qu'on est en Champagne, ils partent du principe que le taux horaire devrait être beaucoup plus important", se désole-t-elle.

Viticulteurs et prestataires font le même constat

Et c'est le même constat pour Julien. Lui est prestataire viticole. Il doit recruter 150 vendangeurs pour une vingtaine de viticulteurs qui font appel à lui. Alors il poste des annonces sur les réseaux sociaux, en dépose dans les commerces. Mais malgré tout, c'est la galère. "Déjà l'année dernière, on avait pu remarquer qu'on commençait à avoir des difficultés à recruter du personnel. Mais cette année, c'est encore plus compliqué. On commence dans quelques jours et les équipes ne sont pas encore complètes", s'inquiète-t-il.

Cette année, plus de la moitié des vendangeurs qu'il a recrutés viennent d'autres pays européens comme la Pologne ou le Portugal. Mais il lui manque encore une bonne trentaine de personnes.

Avoir la tête baissée et cueillir du raisin pendant huit heures, ça n'attire plus

Adrien est, lui aussi, prestataire viticole depuis neuf ans. Il a une quarantaine de clients. Depuis plusieurs années il recrute principalement des vendangeurs qui viennent de Bulgarie. "Le recrutement est bouclé depuis plusieurs semaines. On a trouvé 250 personnes environ. J'ai un salarié d'origine bulgare et c'est lui qui se charge de trouver des vendangeurs chaque année."

Des vendangeurs en Champagne.
Des vendangeurs en Champagne. © Radio France - Olivier Cattiaux

Selon Adrien, trouver du personnel en France n'est pas compliqué, en revanche ce qui pose problème c'est de devoir le fidéliser. "Le premier jour des vendanges, on peut trouver du monde, mais au bout de trois jours, on peut se retrouver avec 25% ou 30% de personnel en moins parce qu'ils veulent arrêter. Avoir un nombre de personnes voulu et constant, c'est ça le problème. On a du mal à trouver des personnes qui restent dix ou quinze jours d'affilée. Les vendanges demandent beaucoup d'exigence, de la rigueur. C'est aussi un travail physique, avoir la tête baissée et cueillir du raisin pendant huit heures ça n'attire plus", résume-t-il.

Loger les vendangeurs est devenu un problème

"Depuis quatre ans_, les normes sont de plus en plus difficiles à respecter__,_ raconte Laure. Avant de se décider à passer par un prestataire, elle recrutait elle-même ses vendangeurs et elle les logeait. "Nos vendangeoirs étaient propres et la plupart des personnes étaient logées dans nos gîtes. Mais malgré tout, il y avait encore des petits points à droite à gauche qui risquaient de poser problème, s'il y a avait le passage de l'inspection du travail. Avec mon mari, _on a dû dire stop__, on n'est pas capable, pour une semaine de vendanges, de faire des investissements aussi lourds."_ 

Une décision qu'elle a dû prendre à contrecœur. "On logeait au moins une vingtaine de personnes, on les nourrissait, on passait vraiment une semaine avec eux. Du retour des vignes jusqu'au coucher, il y avait vraiment une partie hyper agréable, festive", regrette-t-elle. Certaines années, quand les gens partaient, on avait un peu la larme à l'œil parce qu'on s'était attaché. Maintenant, on ne les voit pas, on les aperçoit dans les vignes. Mais il n'y a pas d'échange et il n'y a plus personne à la maison."

Julien, le prestataire viticole, fait le même constat de restrictions toujours plus importantes pour l'accueil et l'hébergement des vendangeurs. Pour pouvoir poursuivre son activité, il doit envisager de nouveaux aménagements. "Je pense à faire un grand bâtiment comme les vendangeoirs, dans les normes, pour ceux qui viendront pendant cette période, pour pouvoir les accueillir."

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined