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Bientôt des voyageurs dans des navettes sans conducteur dans la campagne rochelaise

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Aller d'un village à l'autre en navette autonome, sans conducteur : ce sera possible d'ici un an dans huit communes situées en troisième couronne de l'agglomération de La Rochelle. Objectif du projet pilote : offrir une solution de mobilité dans des zones peu denses, oubliées des transports publics.

C'est la base d'un Renault Partner électrique aménagé pour le transport des passagers. Le volant a été conservé, mais c'est bel et bien un ordinateur qui conduit. C'est la base d'un Renault Partner électrique aménagé pour le transport des passagers. Le volant a été conservé, mais c'est bel et bien un ordinateur qui conduit.
C'est la base d'un Renault Partner électrique aménagé pour le transport des passagers. Le volant a été conservé, mais c'est bel et bien un ordinateur qui conduit. © Radio France - Julien Fleury

Le futur c'est maintenant dans huit communes de la troisième couronne de l'agglomération rochelais. Maintenant, ou plus exactement dans un an, quand les quatre navettes autonomes, sans conducteur, "Yelo Meta" pourront commencer à emporter des passagers, pour aller d'un village à l'autre. Objectif de ce projet pilote initié et largement financé par l'Etat (8 millions d'euros sur les 13 du projet) : proposer une solution de mobilité dans des secteurs peu denses, oubliés des transports publics traditionnels. Le coup d'envoi officiel du projet a été donné samedi 14 octobre sur la zone artisanale de Croix-Fort à Saint-Médard-d'Aunis.

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"Attention à la fermeture de la porte." À première vue, c'est une navette classique, modèle Renault Master. Huit places et un moteur électrique. Sauf qu'ici, le conducteur, "c'est un ordinateur qui est là" précise Isabelle Paulin-Jardel, cheffe du projet rochelais pour la société parisienne Milla, qui a mis au point cette navette. "La navette décélère, décrypte Isabelle Paulin-Jardin. Elle a détecté quelque chose : c'est un piéton qui en train de traverser."

Jusqu'à 60 km/h sur les petites routes

Il faudra encore un an pour cartographier les petites routes de l'Aunis, et décrocher toutes les autorisations pour circuler au milieu du trafic habituel.
Il faudra encore un an pour cartographier les petites routes de l'Aunis, et décrocher toutes les autorisations pour circuler au milieu du trafic habituel. © Radio France - Julien Fleury

Le système n'a, a priori, rien à envier à ce que Google fait déjà en Californie. "Parce qu'on est sur une route ouverte, avec une circulation de type européen, avec des routes sinueuses où les gens ne respectent pas forcément beaucoup le code de la route ! C'est vraiment un exploit" se félicite la cheffe de projet. Objectif de ce "projet-pilote" qui doit se dérouler sur trois ans : rouler jusqu'à 60 km/h sur des petites routes de campagne très fréquentées.

Pour cela, la navette est bien sûr bardée de capteurs : quatre caméras, une dizaine de lidars, "et on pense à ajouter des radars" précise Isabelle Paulin-Jardel. Sans oublier une liaison avec plusieurs satellites, et une connexion en 4G/5G permanente avec un centre de supervision, où un opérateur suivra les navettes en permanence. Un "safety driver", un conducteur de secours, sera même présent à bord dans les premiers temps de l'expérimentation.

Laisser la voiture au garage ?

De quoi angoisser malgré tout quelques passagers. Un stress sur lequel vont travailler des chercheurs de La Rochelle Université. "Ils vont équiper les usagers d'un gilet avec des capteurs physiologiques, précise le président de l'université, Jean-Marc Ogier, pour mesurer la fréquence cardiaque, entre autres. Et en fonction de ce qu'on va détecter, on pourra envoyer tout de suite de l'information pour rassurer l'usager."

Aucune angoisse pour Céline, au contraire : "ce sont les nouvelles technologies, il faut s'adapter" plastronne la jeune quadra. Pour le travail, Céline prend le train pour La Rochelle tous les jours à La Jarrie. Elle cherche encore un moyen pour aller de chez elle à la gare : "l'été, on prend le vélo, mais en hiver, on est encore obligé de prendre la voiture, et je trouve ça dommage... alors que l'on pourrait profiter de technologies comme ça."

Céline qui rêve de revendre l'une des deux voitures du ménage. L'autre solution, ce serait d'aller s'installer directement La Rochelle. Céline rit jaune : "il y a un problème de budget." Le prix de l'immobilier a énormément flambé sur la côte, rejetant de nombreuses familles dans les campagnes environnantes. Offrir une alternative crédible à la voiture en milieu périurbain, c'est tout l'enjeu de ce projet pilote.

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Transport à la demande

Roger Gervais, maire de Saint-Médard-d'Aunis, vient de faire un petit tour en navette autonome. Lui qui a déjà testé les modèles Google cet été à San Francisco est déjà conquis : "c'est très bien. On ne s'en rend même pas compte qu'il n'y a pas de conducteur."

Pour du transport à la demande, la solution est idéale pour la desserte de son village un peu oublié des bus classiques : "il y a neuf hameaux et les personnes sont systématiquement obligées de prendre un véhicule, ou de se faire emmener, pour rejoindre une ligne de bus. A l'avenir, quelqu'un qui a besoin, il prendra l'application ou téléphonera, et il pourra avoir une navette qui va venir le chercher à telle heure."

Un plus pour le budget des habitants, grignoté par la flambée du prix des carburants. Et pour la sécurité, imagine Jérôme, installé à La Jarrie : "je ne me vois pas laisser mon fils en trottinette la nuit, en plein hiver, sur les petites routes. La navette autonome est un bon compromis."

Pas de danger pour l'emploi... pour l'instant

Jérôme, par ailleurs conducteur de bus à la RTCR, la régie des transports rochelais, n'est pas forcément inquiet de voir des ordinateurs prendre le volant : "avant qu'on y arrive directement en centre ville de La Rochelle, de l'eau va passer sous les ponts. Avec toutes les priorité à droite, les cyclistes, et les piétons qui ont les yeux rivés sur leur téléphone."

Pas question de remplacer les lignes existantes, confirme le directeur de la RTCR. David Cronenberg veut plutôt apporter un nouveau service dans des secteurs peu denses, "parce que s'il n'y a pas de demande, on va payer des conducteurs à attendre, tandis qu'avec ce type de matériel, on est beaucoup plus enclin à mettre des moyens dans ces zones."

Pour monter à bord. Il faudra encore un an, le temps de cartographier les routes, et de décrocher toutes les autorisations nécessaires. "Merci pour votre patience" annonce la voix dans la navette au moment de redémarrer.

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