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Ouverture à la concurrence des TER : "pas de choc de qualité de service", selon la Fnaut Auvergne-Rhône-Alpes

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Une première étape pour l'ouverture à la concurrence des TER en Auvergne-Rhône-Alpes : le conseil régional doit voter ce principe en session plénière ce jeudi. "Un enjeu colossal", selon la Fnaut (Fédération des usagers des transports) mais sans réelle amélioration de la qualité de service.

TER Auvergne-Rhône-Alpes en gare de Grenoble Universités. TER Auvergne-Rhône-Alpes en gare de Grenoble Universités.
TER Auvergne-Rhône-Alpes en gare de Grenoble Universités. © Radio France - Cédric Hermel

D'ici 2033, quand vous prendrez le train dans la Loire, vous n'aurez peut-être plus de billet SNCF. La Région Auvergne-Rhône-Alpes vote ce jeudi une délibération sur l'ouverture à la concurrence du réseau TER. Des entreprises comme Keolis ou Transdev pourraient exploiter certaines lignes donc, à la place de la SNCF. Pour cette opération, le réseau TER régional  est découpé en quatre lots géographiques et un lot dit "fonctionnel"; le premier qui sera ouvert à la concurrence concerne l'Auvergne en 2029. La Fnaut (Fédération des usagers des transports) Auvergne-Rhône-Alpes est particulièrement attentive à ce changement, avec des attentes fortes et quelques doutes déjà, selon son président Nicolas Peyrard.

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France Bleu Saint-Étienne Loire : Les usagers ont ils beaucoup à gagner ou à perdre avec l'ouverture à la concurrence pour les TER ?

Nicolas Peyrard : Alors on assez mitigé. Au-delà des annonces, on s'aperçoit que concrètement, pour les usagers, ça ne devrait pas changer grand chose. On a entendu dans le journal de 7h30 le vice-président de la Région faire cette annonce-là et je pense qu'il a raison. Concrètement, pour les usagers, l'ouverture à la concurrence ne devrait pas changer grand chose parce qu'on aura toujours des personnes, SNCF ou non SNCF, qui feront circuler les trains. Par contre, l'enjeu de ce changement dans les dix ans à venir est colossal.

Le président de la région Provence Alpes Côte d'Azur, la première région qui a lancé les appels d'offres il y a maintenant trois ans, assure qu'avec l'ouverture à la concurrence, "c'est deux fois plus de trains pour le même prix pour l'usager et pour le contribuable". Ça vous fait rêver ?

Ça fait rêver. Malheureusement on est un petit peu plus sceptique en Auvergne-Rhône-Alpes et peut être d'ailleurs en Provence Alpes Côte d'Azur où on s'aperçoit que l'ouverture à la concurrence va probablement réussir à faire un choc d'offre limité, c'est-à-dire peut-être plus de trains ou peut-être des trains un petit peu moins chers. Mais par contre, on s'aperçoit que les effets d'annonce d'il y a maintenant quelques années en Provence Alpes Côte d'Azur sont assez limités sur l'effet largement bénéfique de l'ouverture à la concurrence pour les usagers.

Quels bénéfices attendiez-vous ?

On espère surtout une meilleure qualité de service et on s'aperçoit que l'ouverture à la concurrence, notamment sur les questions d'infrastructure, de retards ou d'offres supplémentaires, ne sont pas forcément de l'exploitant, mais bien de l'autorité organisatrice, donc de la région et des moyens financiers nécessaires.

La SNCF peut-elle continuer d'exploiter toutes les lignes TER de la région ?

C'est la vraie question. Aujourd'hui, quatre appels d'offres ont été lancés et trois appels d'offres sur les quatre ont été gagnés par la SNCF et par ses filiales. Donc aujourd'hui, la concurrence, c'est aussi d'avoir une offre avec plusieurs opérateurs pour pouvoir choisir et pour pouvoir essayer d'améliorer la qualité de service. C'est bien là l'objectif premier de cette ouverture à la concurrence, ce qui nous semble très important.

Si les appels d'offres en Auvergne Rhône-Alpes étaient remportés par plusieurs entreprises différentes cela rendrait-il les voyages d'un bout de la région à l'autre plus compliqués ?

Ça sera forcément compliqué parce qu'aujourd'hui l'opérateur unique fait qu'on a une certaine forme d'unicité du réseau, à la fois national et régional. On va s'apercevoir que pour voyager à l'intérieur de la région, ce sera probablement un petit peu plus compliqué. Mais si on imagine des tronçons, des parcours, au-delà de la région ou avec l'articulation avec des lignes nationales, là ça s'annonce très compliqué. Par exemple pour acheter son billet, aujourd'hui, on peut aller sur SNCF Connect, on peut aller sur sur des sites. Demain, si la SNCF n'est plus titulaire d'un lot, elle ne vendra plus forcément ces train- là. Et donc ça pose beaucoup de questions pour les usagers pour acheter aussi en cas de service après-vente, de retards ou d'annulation.

Le conseil régional a-t-il bien fait d'attendre de voir comment se passait le processus dans d'autres régions avant d'engager l'ouverture de la concurrence sur le réseau TER ?

On salue cette initiative. La région Rhône-Alpes est une grosse région ferroviaire avec beaucoup d'interactions, notamment autour de Lyon. Donc prendre le temps d'essayer d'anticiper les contraintes qui seront réelles pour les usagers est une très très bonne chose.

Dix ans, est-ce suffisant pour mettre en place tous ces changements ?

C'est ambitieux. Malheureusement, nous n'avons pas le choix. L'Europe - et l'Etat français - a donné des objectifs précis en termes de timing qu'il faudra respecter. Je ne doute pas que l'exécutif régional va tout faire en sorte pour associer au maximum les usagers, pour essayer que ce soit le plus indolore possible dans leur quotidien.

L'opération est perçue avant tout par certains comme la privatisation des TER, est-ce aussi votre analyse ?

C'est forcément une privatisation. Il faut garder à l'esprit que c'est la région qui va déterminer l'offre et donc le service public ferroviaire sera bien de l'ordre de la région et on va être très vigilant sur ce point-là. La personne qui fera circuler les trains, elle pourra certes être du privé, mais il faut qu'on ait ce service public à l'échelle de toute la région et de nos départements.

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