Production de foie gras : L214 dénonce des "habitudes" dont il est "difficile de s'extraire"
L'association L214 espère l'interdiction du foie gras en France. Elle a déposé pour cela une requête au tribunal administratif de Strasbourg. La cofondatrice de l'association de défense des animaux, Brigitte Gothière, est l'invitée de France Bleu Alsace vendredi 17 mai.
L'association L214 a saisi la justice pour demander l'interdiction du gavage et donc du foie gras en France car l'Etat n'appliquerait pas entièrement une directive européenne. "On a un paradoxe car on ne veut pas maltraiter les animaux mais notre gastronomie repose sur des produits d'origine animale", souligne sur France Bleu Alsace, la co-fondatrice de L214, Brigitte Gothière.
"On veut mettre l'Etat français face aux violations du droit européen", explique-t-elle s'appuyant sur une directive européenne de 1998 qui interdit les souffrances inutiles et les dommages infligés aux animaux. "La production de foie gras c'est forcer l'animal à l'alimentation avec une quantité de nourriture qu'il n'aurait pas prise spontanément et développer le plus rapidement possible une stéatose hépatique."
Une centaine d'emplois en Alsace
La France "n'a pas fait en bonne et due forme la recherche d'alternatives" au foie gras. Le rapporteur public a demandé le rejet de la requête, car il n'est pas nécessaire de transposer intégralement la directive européenne : "On a des habitudes et on a du mal à s'en détacher parce qu'on est aussi victime de la publicité, du marketing et c'est difficile de s'en extraire."
La filière du foie gras représentait en 2020 une centaine d'emplois. Certains éleveurs veulent créer une alternative sans gavage : "C'est un pas en avant mais ils sont bloqués [...] vous ne pouvez pas appeler foie gras ce qui n'est pas issu du gavage d'une oie ou d'un canard." Cela faisait aussi partie de la requête au tribunal administratif de Strasbourg.
"Regarder en face la sensibilité des animaux"
En réponse à une ancienne fermière-aubergiste qui revendique un gavage "à l'ancienne" et "sans excès", Brigitte Gothière dit s'appuyer "sur des avis scientifiques qui nous disent qu'il y a souffrance aiguë des animaux mais nous ne disons pas que les éleveurs sont des tortionnaires. On veut leur dire de regarder en face la sensibilité et la conscience des animaux".
La filière interprofessionnel du foie gras assure "respecter le cycle de digestion de l'animal pour obtenir des bons produits et les éleveurs cherchent surtout à ne pas faire souffrir les animaux". La décision du tribunal administratif de Strasbourg sera connue le 6 juin.