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La Retirada en Cerdagne

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Une marée humaine déferle sur la Cerdagne. Hélène Legrais, la Retirada en montagne.

Hélène Legrais
Hélène Legrais © Radio France - Sébastien Giraud

La semaine dernière vous nous avez parlé du passage des républicains espagnols par Cerbère, Le Perthus et le Vallespir … il nous manquait la Cerdagne.

Et c’est un cas particulier. La Cerdagne a été coupée arbitrairement et artificiellement en deux par le Traité des Pyrénées en 1659 mais le plateau cerdan est un tout à travers lequel on circule sans difficulté. Chaque cerdan a de la famille de l’autre côté, à quelques kilomètres seulement. Ce qui arrivent en Cerdagne concerne tous les cerdans. Pendant la guerre civile, les bombardements et les exécutions perpétrées par les anarchistes à Puigcerda inquiètent en France. Les réfugiés, surtout des femmes, des enfants, n’ont cessé d’affluer : après la prise du Pays Basque par les putschistes dès août 1936, puis de juin à septembre 37 et enfin en 38 quand les franquistes occupent le haut Aragon. Début 39 c’est la 4e et ultime vague. La Cerdagne française compte 8 000 habitants … 60 000 personnes déferlent sur Bourg-Madame et Palau de Cerdagne, à travers les champs ou la montagne comme à Valcebollère, d’autres encore par la vallée du Carol après avoir été refoulés par la principauté d’Andorre. Certains poussent devant eux du bétail. Beaucoup arrivent par le pont de Llivia : le pont international qui sépare Bourg-Madame de Puigcerda a été emporté par une crue du Rahur en 1937 et remplacé par une passerelle en bois ; elle ne supporterait pas le poids des camions et encore moins des blindés et des canons quand les soldats sont autorisés à entrer le 5 février. Certains militaires républicains vont briser leurs armes ou les jeter dans le lac de Puigcerda pour ne pas les abandonner à l’armée française. Les champs sont couverts de malheureux épuisés, affamés, grelottant dans la neige. Il y a beaucoup de blessés : les aviations italienne et allemande, alliées de Franco, mitraillent les colonnes de réfugiés. Les cerdans de France sont sous le choc. On essaie de les nourrir, de les réchauffer mais ils sont si nombreux …

On est loin des camps des plages, que va-t-on faire d’eux ?  

Les femmes, enfants et vieillards sont envoyés par trains entiers vers les centres d’hébergement dans l’ouest, le centre et les autres départements du sud  à partir de la gare Internationale de Latour de Carol. Les familles sont séparées des hommes valides, civils ou militaires qui restent dans les camps provisoires de Bourg-madame, Latour de carol, Osséja, Palau, Caldégas ou la citadelle de Mont-Louis notamment pour la colonne Durruti. Avec le froid,  entre -10 et -15, les nuits dehors sont terribles. On fabrique des huttes avec de la terre, on débite les arbres pour les brûler, on mange des écorces, des branches. Dans le cimetière d’Enveitg un monument entretient le souvenir de ceux qui n’ont pas survécu. Le 10 février, les nationalistes occupent Puigcerda, à 14h15, le dernier républicain passe officiellement en France, à 14h30, une colonne de Navarrais s’avance vers la frontière à Bourg-Madame et la bandera des franquistes est hissée. 

NB : Toutes les infos et les photos dans le magnifique livre de Frédérique Berlic « Retirada février 1939 : la Cerdagne se souvient »

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