Françaises, Français, Portraits - Guy de Maupassant

Nous déménageons à Etretat, elle le quitte et me refile aux curetons pour mon éducation. Allez savoir s’ils ont joué à touche pipi avec moi, mais, en tout cas, je vais détester copieusement la religion. Maman est une intime de Flaubert, elle a une culture littéraire hors du commun, elle m’apprend tout.

A 20 ans je suis mobilisé pour tenter de bouter les prussiens en dehors de nos frontières. Vu la taule qu’on prend en 1871, j’entame une carrière administrative. Marine et Instruction Publique. Je m’ennuie tellement que je me remets à écrire, rencontre Zola et les frères Goncourt grâce à Flaubert. Je chercherai toute ma vie à l’impressionner le Gustave, il est mon mentor. C’est «Boule de suif» qui lui fait dire «c’est un chef-d’œuvre qui restera». J’enchaîne alors les succès, «La Maison Tellier», «Bel ami» ou les «Contes de la Bécasse», fracassent tout et font rentrer la fraîche.

Je me la joue alors, Bolloré-Tapis, je me paie un yacht et voyage. Italie, Afrique du Nord, Angleterre, Sicile. De toute façon je m’en tape, je ne crois plus en rien. L’amour ? Mensonge. L’amitié ? Mensonge. La religion ? Je la vomis. L’homme ? Égoïste, cruel et bouffi de bêtise. Je déteste de plus en plus la société, je m’enferme, reclus dans ma maison. Totalement paranoïaque, dépressif, je sombre dans la folie, et meurs à 43 ans.

Ma mère et mon père me survivent, ainsi qu’à mon frère d’ailleurs. Je suis quand même avec Zola et Flaubert, le plus grand, durant les 10 années où j’écris. C’est à Paris, le 6 juillet 1893 que je disparais.