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Témoignages sur les expériences de mort imminente

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Revenir de la mort est une expérience étonnante. S'il n'est pas toujours facile d'en parler à ces proches, Les témoignages des expériences de mort imminente sont prises au sérieux par les chercheurs qui essaient de comprendre ce phénomène.

Il faut en moyenne 7 ans pour "digérer" une expérience de mort imminente.
Il faut en moyenne 7 ans pour "digérer" une expérience de mort imminente. © Getty - baona

"J'avais à peu près 26 ans et j'ai fait une grossesse extra-utérine. Je me suis sentie rapidement très, très mal. Des douleurs affreuses. J'ai été conduite à l'hôpital, dans le service de gynéco, j'avais un abdomen extrêmement gonflé, douloureux. J'ai entendu une sage-femme dire : "elle nous file entre les doigts". Je suis sortie de mon corps par la tête. Je suis partie dans ce qu'on appelle ce tunnel, avec une grande lumière, très douce, très accueillante, très enveloppante. C'était vraiment un moment de plénitude, de bonheur. Comme un vol." Nelly a vécu une expérience de mort imminente (EMI). Une expérience d'une extrême douceur qui contraste avec son retour à la vie, avec les douleurs physiques. "C'est très perturbant. Le retour à la vie n'est pas un moment facile." Mais ce que retient Nelly, c'est que la mort ne lui fait plus peur, parce que "pour moi en fait, c'est un petit peu le paradis". Beaucoup de personnes ayant vécu une EMI ressentent un grand apaisement vis-à-vis de la mort.

"Notre peur de la mort est viscérale"

Sylvie Cafardy, praticien hospitalier en soins palliatifs et en gériatrie, étudie les Expériences de Mort Imminente depuis des années. Au point de leur consacrer un livre "Expériences de mort imminente : si la mort n'était pas la fin de la vie", republié en poche aux éditions Marabout. "Dès le début de mes études, je me suis rendu compte que les personnes en fin de vie étaient mal prises en charge. Tout simplement parce que les soignants sont comme tout le monde, ils ont peur de la mort, donc des mourants. À l'époque, quand j'étais étudiante, les soins palliatifs n'étaient pas développés et j'ai assisté à des fuites qui m'ont un peu scandalisé, j'avoue. Et je me suis dit le meilleur moyen pour que les personnes âgées soient bien prises en charge, c'est de lutter contre cette peur de la mort. C'est pour ça d'ailleurs que je me suis formée aux soins palliatifs par la suite. C'est une peur viscérale qui vient de très loin. L'évolution nous a conduits à cette peur qui nous permet de survivre. Jusqu'au jour où j'ai croisé un être soignant qui lui par contre était parfaitement naturel, chaleureux et cordial avec les personnes en fin de vie, il n'avait pas du tout peur. Je m'entendais bien avec lui, je dis "toi alors, tu n'es pas comme tout le monde". Et il m'a répondu : "c'est parce que j'ai vécu quelque chose qui n'arrive pas à tout le monde". Je lui ai dit :"il faut que tu me le dises parce que là, on en a grand besoin". C'était une expérience de mort imminente."

"Il faut que les gens partent apaisés"

Sylvie Cafardy étudie donc les expériences de mort imminente dans leur aspect thérapeutique. Elle considère que ces expériences sont un moyen intéressant d'accompagner les fins de vie. Toutes les EMI ne reflètent pas un bonheur cotonneux. "Dans un cas sur sept, d'après les statistiques d'un groupe de recherche du CHU de Liège qui les étudie, ce sont des expériences effrayantes. Savoir ce qui provoque ces expériences de mort imminente effrayantes permet de savoir comment les éviter. Ce sont souvent des sentiments négatifs, de colère, de haine. Ce que j'ai retenu de cette expérience, c'est qu'il faut que les gens partent apaisés." Les EMI nous enseignent que les fins de vie sont plus faciles quand les mourants peuvent dire "au-revoir" à leurs proches.
Dans une expérience de mort imminente sur trois, la personne est en danger de mort. Mais pour les deux EMI sur trois, les personnes sont en parfaite santé. Cet état est atteint en lien avec " un événement, un choc émotionnel, une méditation. Ils sont au chevet d'un proche qui est mourant et ils vivent avec lui les premières étapes de son décès " détaille Sylvie Cafardy.

"Logiquement, je n'aurais dû être pas bien, mais j'étais bien"

Marylène se souvient de son EMI, elle montait dans "un jardin magnifique, une sérénité, un calme. On n'avait pas envie d'en partir. Mais tout d'un coup, j'ai vu mes deux enfants très jeunes, de l'autre côté et je suis repartie de l'autre côté". Depuis ce voyage, elle n'a plus peur de la mort. Ce que confirme Sylvie Cafardy : "effectivement les gens qui en reviennent et qui ont vécu une EMI classique n'ont plus peur de la mort. Mais en même temps, ils ne cherchent pas à mourir. Ils ont en même temps conscience de la valeur de la vie et la savourent à tout instant". 
Béatrice a vécu une EMI lors d'un accident de voiture. Au premier tonneau, elle perd connaissance. "Je voyais ce grand couloir noir avec la lumière intense au bout. La lumière restait quand même assez loin. J'ai vu mes quatre enfants. J'étais une jeune maman, c'est vrai que souvent, on a peur de la mort. Mais on est dans un bien-être, il n'y a pas de douleur. J'avais vécu des pires tonneaux, logiquement, je n'aurais dû être pas bien, mais là, j'étais bien, j'étais sereine. Je n'avais pas d'émotion."

"J'ai eu une espèce d'orgasme spirituel"

C'est lors de son transport en ambulance du SAMU pour une crise cardiaque que Jean-Claude a vécu une expérience de mort imminente. "J'ai survolé l'autoroute, je voyais le fourgon". Inconscient dans la civière de l'ambulance, il parle, en décrivant ce qui se passe sur la route, comme cette voiture qui coupe la route de l'ambulance alors qu'il ne peut pas voir ce qui se passe. Il et sait précisément sur quelle partie de la route se trouve l'ambulance. Des années après, les images sont d'une grande précision. Il en revient, bouleversé : "je prête une attention particulière à toutes les formes de vie aujourd'hui. J'ai eu une espèce d'orgasme spirituel. Je ne sais pas comment expliquer ça."

"Il faut 7 ans pour digérer une EMI"

Elsa est thérapeute et elle confirme les bienfaits de ces expériences, mais précise "que parfois le retour à la réalité est extrêmement difficile pour ces personnes-là, car effectivement, elles se retrouvent un petit peu beaucoup en décalage par rapport à tous ses proches et elles se sentent un petit peu désemparée". Au point, parfois, de développer une dépression, en raison d'un sentiment d'isolement.
Sylvie Cafardy le confirme : il y a un avant et un après une EMI. "Il faut savoir qu'effectivement une expérience de mort imminente, même quand elle se passe bien, est toujours un traumatisme. Les gens reviennent complètement chamboulés. Leur système de valeurs, leur perception du réel, de la vie, de la mort sont bousculés. C'est l'expérience la plus importante de leur vie et ils ne savent pas ce qui s'est passé et ils n'ont personne à qui en parler. Il faut en moyenne sept ans pour digérer une expérience de mort imminente".

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