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Carte linguistique de la France

Carte linguistique de la FranceCette carte offre une représentation de la situation linguistique et dialectale de la France métropolitaine au XXe siècle. Elle se fonde principalement sur le plan de classement de la Bibliographie des dictionnaires de patois galloromans (1550-1967) publiée en 1969 par le linguiste Walther von Wartburg (1888-1971) qui, dans son introduction, détaille le contour des aires selon lesquelles sont répartis les dictionnaires et glossaires dialectaux recensés.

Les délimitations proposées par Wartburg ont pour l'essentiel été conservées, certaines d'entre elles ayant été ponctuellement précisées à l'aide des atlas linguistiques régionaux ou de monographies dialectologiques. La principale modification concerne la création d'une aire particulière pour les parlers aurillacois, englobés par W. von Wartburg dans les parlers auvergnats alors qu'ils s'en distinguent par plusieurs traits.
Ces données ont été complétées, pour la délimitation des aires non galloromanes (basque, catalan, breton, parlers germaniques et corses), par celles des atlas linguistiques régionaux afférents.


Établir des limites précises entre des aires linguistiques est un exercice délicat – voire, en toute rigueur, impossible : en effet, selon les critères linguistiques et notamment phonétiques retenus (ex. évolution de c + a latin, de ā tonique...), les limites entre telle et telle aire ne seront pas les mêmes. Les isoglosses (ou limites des traits dialectaux : phonétiques, morphologiques, lexicaux pour l'essentiel), déterminant chacune une aire linguistique en soi, forment ensemble un faisceau de limites dont la médiane est certes considérée comme susceptible de servir de limite dialectale, mais au beau milieu d'une véritable « marche linguistique » de deux dialectes ou langues en contact. C'est pourquoi les différentes cartes linguistiques de la France publiées à ce jour ne comportent qu'une délimitation très vague des différentes aires, quand elles en comportent une. Il a paru néanmoins légitime et utile d'offrir une représentation cartographique un tant soit peu précise des limites linguistiques de la France métropolitaine, cela à des fins :
-    avant tout pratiques : comme pour la Bibliographie de W. von Wartburg (qui répondait déjà à un but pratique), cette carte a permis de classer selon des critères pertinents (i.e. la géographie linguistique plutôt qu'administrative) la documentation topo- et anthroponymique du Centre d'onomastique des Archives nationales, ainsi que les références formant le contenu d'une bibliographie onomastique raisonnée à paraître ;
-    mais également scientifiques dans la mesure où les aires linguistiques et dialectales déterminent fortement les formes des noms propres (graphie, phonétique, morphologie, syntaxe), mais aussi l'emploi de certains noms dans des zones bien précises, ce qui se vérifie encore aujourd'hui pour les noms de lieux (sauf transferts) et les noms de famille (sauf déplacements ou migrations).

Établie principalement à partir des délimitations des aires proposées par la Bibliographie de W. von Wartburg (qui s'appuyait sur l'Atlas linguistique de la France et sur des travaux dialectologiques), cette carte reprend logiquement les caractéristiques de ces dernières :
-    son degré de précision est celui du canton, l'échelon de l'arrondissement, trop vaste, comme l'échelon communal, trop détaillé, n'étant pas pertinents pour une telle carte. Il est à noter que la nomenclature cantonale utilisée est celle de 2013, avant la réorganisation de 2014 ayant entraîné la division par deux du nombre de cantons. En ce qui concerne les cantons partagés entre deux voire plusieurs zones linguistiques ou dialectales, ils ont été rattachés à celle dont dépend le plus grand nombre de communes.
-    elle se fonde sur des critères qui peuvent être linguistiques, historiques ou géographiques – critères qui coïncident rarement entre eux et ont donc entraîné des choix arbitraires, inévitable rançon du degré de précision souhaité. C'est ainsi, entre autres exemples, que l'aire des parlers tourangeaux et rouergats correspond respectivement aux limites des départements de l'Indre-et-Loire et de l'Aveyron (selon Wartburg) ; et que la limite entre les parlers de type picard et les parlers de type champenois suit approximativement le cours supérieur de l'Oise (selon les dialectologues).

Chacune des aires dialectales ou linguistiques est dotée d'un n° séquentiel selon le principe du Strich (ordre géolinguistique d'énumération des données ou des références dans la Bibliographie des dictionnaires patois galloromans et surtout le Französisches etymologisches Wörterbuch, ou FEW, dictionnaire étymologique de l'ensemble des parlers galloromans élaboré par W. von Wartburg). Cette numérotation, obéissant à un principe de proximité des traits dialectaux, rend compte de l'appartenance des aires dialectales du domaine galloroman à l'une des trois subdivisions de ce dernier :
-    aire française (ou « langues d'oïl ») : n° 1.1 à 1.18 ;
-    aire francoprovençale : n° 2.1 à 2.5 ;
-    aire occitane (ou « langues d'oc ») : n° 3.1 à 3.13.


Conseils d'utilisation
Cette carte offre la répartition des cantons entre les zones liguistiques et dialectales de la France métropolitaine. Il est possible d'afficher ou de masquer, à l'aide du menu supérieur droit, les aires linguistiques, les cantons colorés par zone dialectale, leurs limites seules, les limites départementales et les fleuves.

Attention, la carte peut être longue à charger en raison du volume des données (plus de 4.000 cantons). Dans un premier temps, pour plus de fluidité et pour zoomer rapidement, vous pouvez désactiver la coloration des cantons dans le menu supérieur droit.

Fonction expérimentale : un moteur permet de faire une recherche par nom de canton. Mais son fonctionnement n'est pas optimal. En effet, l'affichage de la liste des résultats peut être très long, car le moteur cherchera les occurrences de chacune des lettres saisies dans la liste des cantons. Il est recommandé de saisir rapidement le nom complet du canton recherché et non ses premières lettres. Une fois le toponyme sélectionné, valider avec la touche Entrée pour mettre en évidence le canton sur la carte et centrer sur celui-ci.

Dans le cas où vous ne saisiriez que quelques lettres et où l'affichage des résultats se ferait long, un message mentionnant un problème d'exécution de script est susceptible d'apparaître – notamment sous Firefox. Dans ce cas, cliquer sur « continuer » (en cochant « ne plus demander »).

 

 


Références
Bec (Pierre), La langue occitane, Paris, 1973.
Brun-Trigaud (Guylaine), Le Berre (Yves) et Le Dû (Jean), Lectures de l'Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont : Du temps dans l'espace, Paris, 2005.
Chaurand (Jacques), Introduction à la dialectologie française, Paris, 1972.
Tuaillon (Gaston), Comportements de recherche en dialectologie française, Paris, 1976.
Wartburg (Walther von), Bibliographie des dictionnaires patois galloromans (1550-1967), Genève, 1969.
Wartburg (Walther von), Französisches etymologisches Wörterbuch : Eine Darstellung des galloromanischen Sprachschatzes (FEW), Bonn/Heidelberg/Leipzig-Berlin/Tübingen/Basel, 1922-2002, 25 vol.

Présentation et consultation du FEW : http://www.atilf.fr/spip.php? article168.

Carte linguistique de la France
Conception : Pierre-Henri Billy (CNRS/LAMOP), Sébastien Nadiras (Archives nationales)
Réalisation : Jean-François Moufflet (Archives nationales), avec la participation de Chloë Fize (IUT Paul-Sabatier, Toulouse).

Contact : onomastique-sigillographie.an@culture.gouv.fr