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Des magistrats arrivent à la Cour internationale de justice (CIJ) pour entendre la requête de l’Afrique du Sud concernant un cessez-le-feu à Gaza, à La Haye, le 24 mai 2024.
Des magistrats arrivent à la Cour internationale de justice (CIJ) pour entendre la requête de l’Afrique du Sud concernant un cessez-le-feu à Gaza, à La Haye, le 24 mai 2024. NICK GAMMON / AFP

Guerre à Gaza. Décision de la CIJ sur Rafah : “la pression juridique sur Israël s’intensifie”

La Cour internationale de justice a ordonné vendredi 24 mai à Israël d’arrêter son offensive militaire à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné, vendredi 24 mai, à Israël de suspendre ses opérations militaires à Rafah, plus de sept mois après le début de la guerre à Gaza déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre.

La plus haute juridiction de l’ONU, dont les décisions sont juridiquement contraignantes mais manque de mécanismes pour leur mise en œuvre, a également ordonné à Israël de maintenir ouvert le passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza, qu’il a fermé après le lancement de son opération terrestre dans la ville début mai.

“La CIJ dit en substance : ‘OK, ça suffit’“, décrypte Alonso Gurmendi, spécialiste du droit international au King’s College de Londres, interrogé par Al-Jazeera. “Il s’agit d’une décision assez importante […] qui reflète, à mon avis, une perte de patience [à l’égard d’Israël].

Israël affirme avoir besoin d’entrer à Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne, pour y anéantir les derniers bataillons du Hamas et sauver les otages, malgré les mises en garde internationales sur le sort des civils. Mais, la CIJ, saisie par l’Afrique du Sud qui accuse l’État hébreu de “génocide”, “a statué que (ses) objectifs de guerre violaient effectivement les droits des Palestiniens en vertu de la Convention sur le génocide”, explique la chaîne qatarie.

“Historique”

L’arrêt de la CIJ marque “un jour ‘historique’”, se félicite Al-Jazeera dans un autre article. “La décision de la CIJ est importante pour les Palestiniens qui, pendant des décennies, ont misé sur le droit international et se sont toujours sentis trahis. C’est un jour historique pour la Palestine, Israël, les États-Unis et l’Afrique du Sud.”

Le Hamas s’est félicité des arrêts de la CIJ, tout en déplorant que la Cour se limite “seulement à Rafah”.

Israël s’est défendu en affirmant qu’il “n’a pas mené et ne mènera pas d’opérations militaires dans la zone de Rafah qui créent des conditions de vie susceptibles de conduire à la destruction de la population civile palestinienne, en tout ou en partie”, selon un communiqué commun du ministère des Affaires étrangères et du Conseil de la sécurité nationale.

Quelques minutes après la décision de la CIJ, une intensification des raids aériens israéliens à Rafah a été signalée, rapporte Al-Jazeera.

“Pression intense et soutenue sur plusieurs fronts”

“La décision de la CIJ ne lie pas les mains d’Israël à Rafah”, analyse Ha’Aretz. “L’arrêt […] sur Rafah n’est pas un ordre définitif d’arrêter toutes les opérations, mais la Cour a clairement indiqué qu’Israël doit faire de la sécurité des civils sa première préoccupation. Les dirigeants israéliens devraient écouter la Cour au lieu de s’acharner à la délégitimer.”

“Israël est confronté à des défis sans précédent alors que la pression juridique et diplomatique s’intensifie”, constate CNN, Le pays “un mois tumultueux”. Plus tôt cette semaine, “le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a rejoint les rangs des dirigeants mondiaux considérés comme des parias internationaux en devenant la cible de la Cour pénale internationale”, dont le procureur demande un mandat d’arrêt contre lui et son ministre de la défense, Yoav Gallant, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité lors de la guerre d’Israël à Gaza.

Pour la chaîne américaine, “jamais auparavant l’État (hébreu) n’avait fait l’objet d’une pression internationale aussi intense et soutenue sur plusieurs fronts en raison de sa politique à l’égard des Palestiniens”.

Cette photographie non datée diffusée le 24 mai 2024 par le commandement du théâtre oriental de l’Armée populaire de libération (APL) de Chine montre un navire naviguant en mer lors de l’exercice militaire “Joint Sword-2024A” dans un lieu inconnu.
Cette photographie non datée diffusée le 24 mai 2024 par le commandement du théâtre oriental de l’Armée populaire de libération (APL) de Chine montre un navire naviguant en mer lors de l’exercice militaire “Joint Sword-2024A” dans un lieu inconnu. - / AFP

Pendant que vous dormiez. Taïwan, États-Unis, Chili : les informations de la nuit

La Chine annonce la fin de ses manoeuvres militaires autour de Taïwan. La Chine a annoncé la fin des manoeuvres militaires d’ampleur qu’elle menait depuis jeudi autour de l’île de Taïwan pour manifester son opposition aux propos selon elle séparatistes du nouveau président taïwanais Lai Ching-te. L’armée chinoise « a achevé avec succès » les exercices nommés « Joint Sword-2024A » dirigées contre Taïwan, a déclaré vendredi 24 mai un présentateur de CCTV-7, la télévision étatique chinoise chargée de l’actualité militaire. Taiwan News fait de son côté état de 62 avions militaires et un record de 27 navires de guerre envoyés par la Chine autour de Taïwan.

États-Unis : des familles de victimes de la tuerie d’Uvalde attaquent Meta et Activision. Des familles de personnes tuées lors de la fusillade d’Uvalde (Texas) et des victimes survivantes ont assigné en justice vendredi Meta, ainsi que l’éditeur de jeux vidéo Activision et le fabricant de l’arme du crime, accusés d’avoir contribué au passage à l’acte du tueur, rapporte le Washington Post. “Ces poursuites […] pourraient être les premières du genre à établir un lien entre des tactiques agressives de commercialisation d’armes à feu sur les médias sociaux et les plateformes de jeu et les actes d’un tireur de masse”, note le journal. Le 24 mai 2022, un ancien élève de l’école élémentaire Robb Elementary School, Salvador Ramos (18 ans à l’époque), s’était introduit dans les locaux armé d’un fusil d’assaut AR-15, avant de faire feu, causant la mort de 19 enfants ainsi que de deux enseignantes, avant d’être abattu.

Chili : arrestation d’un pompier soupçonné d’avoir causé un incendie qui a fait 137 morts en février. Un pompier a été arrêté vendredi au Chili, soupçonné d’être à l’origine du “méga-incendie” qui a touché les communes de Viña del Mar, Valparaíso, Quilpué et Villa Alemana, dans la région de Valparaíso, début février, et qui a fait 137 morts 137 “et laissé 16 000 personnes sans abri”, rapporte La Nación. Le directeur de la police, Eduardo Cerna, a fait savoir, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de l’enquête, qu’un mandat d’arrêt avait été “délivré aujourd’hui à l’encontre de l’auteur des incendies qui se sont produits en février dans la région de Valparaiso”, où se situe la ville de Viña del Mar. Selon le journal, un deuxième suspect a été arrêté.

Un manifestant brandissant une pancarte sur laquelle on peut lire “Boycott Israël”, lors d’une manifestation à Copenhague, au Danemark, le 5 mai 2024.
Un manifestant brandissant une pancarte sur laquelle on peut lire “Boycott Israël”, lors d’une manifestation à Copenhague, au Danemark, le 5 mai 2024. Photo OLAFUR STEINAR RYE GESTSSON/AFP

Analyse. La guerre à Gaza est-elle en train de durablement transformer Israël en un État paria ?

Très dépendant du monde extérieur pour sa défense, son économie et son rayonnement culturel et universitaire, l’État hébreu, qui bénéficie encore du soutien des États-Unis, n’a pas les moyens d’être mis au ban des nations, prévient un chroniqueur économique israélien à “Foreign Policy”.

Si Israël se demandait encore s’il allait se retrouver au ban des nations à cause de la guerre à Gaza, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, lui a offert une réponse des plus claires lundi [20 mai], en réclamant un mandat d’arrêt international contre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant.

Le fait que des mandats d’arrêt soient également requis pour les dirigeants du Hamas Yahya Sinwar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif est une piètre consolation pour Israël, qui se retrouve mis sur le même plan qu’une organisation terroriste. Et surtout, ces mandats d’arrêt auront des conséquences bien plus graves pour l’État hébreu.

Israël n’est pas un pays isolé, il est parfaitement intégré au reste du monde grâce au commerce, aux investisseurs et au tourisme, mais aussi grâce à ses liens culturels, universitaires et scientifiques. Non seulement un mandat d’arrêt de la CPI entraverait les déplacements à l’étranger de Nétanyahou, mais il jetterait une ombre sur l’ensemble du pays. Israël serait la première démocratie occidentale à connaître le déshonneur d’avoir à sa tête un fugitif cherchant à se soustraire au droit international.

Le cas de la CPI résume à lui seul les défis auxquels est confronté Israël après presque huit mois de guerre à Gaza. Cette guerre suscite de plus en plus la désapprobation de la communauté internationale. Et ces critiques ont suscité une grande mobilisation dans une bonne partie de l’Occident afin d’isoler Israël, sinon économiquement, du moins psychologiquement et moralement par un boycott universitaire et artistique.

Les [éventuels] mandats d’arrêt de la CPI vont-ils permettre à ce mouvement anti-Israël d’élargir encore sa base et de monter en puissance ? L’opinion publique va-t-elle se détourner irrémédiablement d’Israël ? Les multinationales et les investisseurs, par exemple, vont-ils refuser de travailler avec Israël ? Et les gouvernements vont-ils imposer des sanctions économiques ?

Étant donné qu’il n’y a jamais eu de précédent, il est difficile de répondre à ces questions pour le moment. Une chose est sûre : les boycotts, même légers, les sanctions et l’éventuel retrait des investisseurs fragilisent Israël bien plus que tous les autres pays qui se trouvent dans le collimateur de la CPI.

Défense, économie : un pays dépendant du monde extérieur

Israël a beau être un pays riche, c’est un petit pays, et son marché intérieur ne peut justifier la production sur place de la plupart des produits dont il a besoin, qu’il s’agisse de voitures ou du pétrole qui les alimente, d’acier pour la construction ou de smartphones. Le commerce extérieur représente 61 % de son PIB. Les substitutions d’importations mises en place, avec plus o

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Des joints et des bourgeons de marijuana, également appelés « fleurs », sont visibles le 24 mai 2024 à Los Angeles, en Californie.
Des joints et des bourgeons de marijuana, également appelés « fleurs », sont visibles le 24 mai 2024 à Los Angeles, en Californie. MARIO TAMA / Getty Images via AFP

Drogue. Aux États-Unis, la consommation quotidienne de cannabis dépasse désormais celle d’alcool

La consommation quotidienne déclarée de marijuana des Américains a dépassé la consommation quotidienne d’alcool, selon une étude

Du jamais-vu aux États-Unis. Plus d’Américains déclarent désormais consommer de la marijuana quotidiennement ou presque que de l’alcool, selon les conclusions d’une étude publiée mercredi dans la revue Addiction, et relayée par le Washington Post jeudi 23 mai.

En 2022, environ 17,7 millions de personnes déclaraient consommer de la marijuana quotidiennement ou presque, contre 14,7 millions de personnes qui déclaraient boire de l’alcool à la même fréquence, selon cette étude.

Hausse “frappante” de la consommation de cannabis

Ces travaux de recherche s’appuient sur plus de quatre décennies de données (1979 à 2022) provenant de l’enquête nationale sur la consommation de drogues et la santé dans le pays (National Survey on Drug Use and Health). Les 27 enquêtes analysées ont impliqué plus de 1,6 million de participants au cours de cette période.

Les chiffres de la consommation en 2022 marquent la première année où cette enquête a enregistré plus grand nombre de consommateurs de cannabis que d’alcool.

L’étude qualifie de “frappante” l’augmentation de la consommation quotidienne ou quasi-quotidienne de cannabis.

Billie Eilish chante sur scène à l’occasion de la sortie de son album
Billie Eilish chante sur scène à l’occasion de la sortie de son album "Hit me Hard And Soft", le 15 mai 2024 à New York. Photo ARTURO HOLMES/Getty Images/AFP

Musique. Billie Eilish, une certaine idée du désir

Depuis sa sortie le 17 mai, “Hit me Hard and Soft”, le troisième album de Billie Eilish, fait l’unanimité chez les critiques musicaux. À 22 ans, la chanteuse américaine se fait l’écho de toute une génération en entretenant “un sentiment de désir très ancré dans notre époque”, estime Spencer Kornhaber dans “The Atlantic”.

En 1989, un certain Trent Reznor, homme à tout faire pour un studio d’enregistrement de Cleveland, s’isole en cabine pour enregistrer ses propres chansons. Ce jeune homme torturé souffrant de phobie sociale en ressortira avec l’un des plus grands témoignages de frustration sexuelle de l’histoire du rock and roll. Le tout premier album de son groupe Nine Inch Nails, Pretty Hate Machine, mêle alors mélodies synthétiques et rythmes dansants. C’est l’œuvre d’un loup solitaire abhorrant son propre besoin de lien social, de relations intimes et charnelles. “Je cherche quelque chose que je ne trouverai jamais !” confie le chanteur d’une voix éraillée, comme mourant de soif.

Cette anecdote pourrait servir de prélude à la sortie de Hit me Hard and Soft, l’extraordinaire nouvel album de Billie Eilish. Depuis ses toutes premières chansons d’ado publiées sur Internet, la chanteuse se fait l’écho des désirs et des peurs d’une génération qui vit recluse dans sa chambre, casque vissé sur les oreilles. Avec l’aide de son frère et producteur, Finneas, elle crée des sonorités éclectiques aux accents dépressifs, mêlant la folk et le jazz à l’héritage électro-gothique de Nine Inch Nails, New Order ou Portishead. Son troisième album, véritable quintessence de cet univers, entretient un sentiment de désir très ancré dans notre époque.

Une tension musicale

La force de l’album tient à sa production. Tandis que les ballades bruissent et s’écoulent avec la légèreté d’une plume, les morceaux plus rythmés offrent un minimalisme irrésistible, illuminé par d’étonnantes décisions créatives. Sur Lunch, des touches de guitares new-wave interviennent ainsi avec un léger contretemps, créant un sursaut extatique. Sur Chihiro, le clavier fait son entrée de manière inattendue, telle une alarme, avant de disparaître à nouveau. Quant à Blue, aux accents étonnamment intimistes, il donne l’impression de s’enfoncer dans la profondeur des bois : après un étrange interlude au piano, la pop alanguie du début cède la place à du trip hop envoûtant.

Au cœur de toute

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Dessin de Camelia Dobrin, Roumanie. Ikon Images

Vu de Belgique. Ces ados français accros aux mini-voitures sans permis

À partir de 14 ans, et moyennant une formation de huit heures, les jeunes Français peuvent se déplacer en voiturette, un mode de transport qui explose dans les quartiers chics de l’Hexagone. Et voilà une nouvelle génération d’amoureux de l’automobile qui naît, observe ce journaliste belge, mais pas forcément de conducteurs avisés.

Il est midi et les élèves de l’Institution de La Croix-Blanche, à Bondues, sortent de leur établissement pour aller déjeuner. Bon nombre d’entre eux traversent la rue pour rejoindre le parc de stationnement où sont garées des dizaines de voiturettes identiques. Ils montent à deux dans chaque voiture et effectuent quelques manœuvres, avec un succès variable.

Ce qui n’est pas surprenant. Pour conduire ce genre de voiture, pas besoin de permis. Il suffit d’une formation de huit heures. Et d’avoir 14 ans. Lucien Groensteen, 16 ans, et Gabin Cooren, 17 ans, sont des “anciens”. Plus de deux ans déjà qu’ils circulent avec leur voiture sans permis. “Mais depuis quelques mois, le phénomène a explosé”, constate Gabin. Au point que la municipalité a rasé une maison vacante pour y aménager un parking. Entre-temps, il est déjà plein et des dizaines de voitures sans permis sont garées dans les rues environnantes.

Un coup d’œil derrière les pare-brise de ces petits carrosses en apprend beaucoup sur leurs propriétaires. Une paire de chaussettes sales, des cigarettes électroniques jetables goût raisin, une légion de machins moisis dans l’une, une armée d’anges multicolores et une brosse à cheveux dans l’autre. Les jeunes conducteurs marquent l’intérieur de leur bolide de leur personnalité.

Une mode des quartiers huppés

Bondues n’est pas une commune française comme les autres. C’est l’une des plus riches de la périphérie de Lille. Et La Croix-Blanche est une école privée prestigieuse. C’est dans ce genre de quartier huppé, partout en France, que la mode des voitures sans permis s’envole.

Les Citroën AMI é

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Hélas, la thérapie chez le psy a remplacé la conversation entre amis.
Hélas, la thérapie chez le psy a remplacé la conversation entre amis. Dessin de Ajubel paru dans El Mundo, Madrid.

La pilule philosophique. Hélas, la thérapie chez le psy a remplacé la conversation entre amis

Chaque semaine, “Courrier international” vous propose un billet qui soulève des interrogations sur notre condition moderne en s’appuyant sur des œuvres littéraires, scientifiques et, bien sûr, philosophiques. Ce samedi, pour la revue littéraire “Letras Libres”, l’écrivaine espagnole Aloma Rodríguez préfère raconter ses problèmes à ses amis plutôt que de payer quelqu’un pour l’écouter.

Je ne saurais pas dire précisément quand et comment ça a commencé. Le député Íñigo Errejón [de la formation de gauche radicale Sumar] s’est exprimé devant le Parlement espagnol sur la “santé mentale”, et ça avait fait rire, preuve que la question était clivante, donc qu’elle avait un certain potentiel électoral. Le sujet était dans l’air du temps, aussi, ça se voyait sur les réseaux sociaux, à nos mugs barrés de messages de pensée positive, à l’état dans lequel nous sommes sortis de la pandémie, tous autant que nous sommes, et plus encore, sans doute, ceux qui à l’époque avaient la vingtaine, ceux qu’on appelle la “génération Z”.

C’est ainsi, subrepticement, que de “déstigmatisation des troubles mentaux”, on est venus à parler de “santé mentale”, un concept un peu vide, puis à concevoir la thérapie comme un attribut de standing, un truc à faire. C’est une lecture un peu littérale du fameux mens sana in corpore sano : sur leur temps libre, les jeunes sont enjoints d’aller à la salle de sport et chez le psy.

Le psychiatre Pablo Malo partageait dernièrement sur X un article paru dans la revue Cureus : “Dans le monde actuel, il est de plus en plus crucial de prendre acte, certes de la nécessité de sensibiliser aux troubles mentaux, mais aussi de la glorification indue de ces mêmes troubles qui est à l’œuvre dans certains milieux. Les réseaux sociaux ont promu auprès de la génération Z l’autodiagnostic et une image romantique des pathologies mentales. Un nombre croissant d’individus commence à reconnaître en ligne des tendances à l’autodiagnostic, et cela contribue à la normalisation des questions de santé mentale, à travers des mèmes, des vidéos TikTok et des tweets très repris. Mais cette tendance a aussi pour effet paradoxal de donner, dans une partie de la société, une image roma

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L’“atascaburras”, la pâte à tartiner de la Manche.
L’“atascaburras”, la pâte à tartiner de la Manche. photo Ibancito/wikimedia/Creative Commons

Le Courrier des recettes. L’“atascaburras”, la pâte à tartiner de la Mancha

Ce n’est pas une tartinade à mettre sur la table du petit déjeuner, à moins d’avoir l’estomac bien accroché. L’“atascaburras” de la Manche, région historique du centre de l’Espagne, est un mélange de morue, de pommes de terre et d’œufs, dont “El País” retrace l’histoire.

L’atascaburras, aussi appelé “ajo mortero” ou “ajo arriero manchego”, est un classique de la cuisine de la Manche – il apparaît dans Don Quichotte, c’est dire. Mélange de morue dessalée, de pommes de terre, d’huile d’olive et d’œufs, il se transforme sous l’effet magique de l’émulsion en une délicieuse tartinade.

Comme c’est souvent le cas dans la cuisine traditionnelle, l’atascaburras ne se résume pas à une recette gravée dans le marbre, mais se décline en autant de versions qu’il y a de cuisiniers, avec plus ou moins de morue, plus ou moins d’œufs, plus ou moins d’huile. Une chose est sûre : celui que l’on mange aujourd’hui est mieux garni en poisson que l’original, dont l’objectif était surtout de tromper la faim à l’aide d’ingrédients modestes, au premier rang desquels la pomme de terre.

Pour avoir testé plusieurs recettes, j’ai désormais ma favorite, agrémentée d’œuf dur – le tout, avec de gros morceaux de poisson et de tubercule, a alors une consistance irrésistible.

Car attention, il doit y avoir des morceaux. L’atascaburras n’a rien de sorcier, mais il exige pas mal d’huile de coude au moment de mélanger le filet d’huile (d’olive) dans le mortier – car il est formellement interdit de le faire au mixeur ou autre ustensile à lames rotatives qui broieraient nos ingrédients. Si vous préférez réserver votre énergie au paddle et que vous avez un robot pâtissier, utilisez éventu

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