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Emmanuel Macron, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 22 mai 2024.
Emmanuel Macron, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 22 mai 2024. LUDOVIC MARIN/REUTERS

Vu de l’étranger. En Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron “veut l’apaisement à tout prix”

Lors d’une visite éclair, jeudi 23 mai, dans l’archipel du Pacifique, le président français s’est engagé à ne pas faire passer “en force” la réforme du corps électoral. Et a donné un mois aux responsables politiques locaux pour montrer leur capacité à s’entendre sur un accord politique global.

Voilà un déplacement surprise “rentabilisé au maximum”, observe Le Soir. La “visite éclair” d’Emmanuel Macron, jeudi 23 mai, en Nouvelle-Calédonie, après plus d’une semaine d’émeutes qui ont fait six morts, aura duré “une journée à peine”, mais son agenda était “rempli à ras bord”.

Sans toutefois parvenir à mettre tout le monde autour d’une même table, le président de la République “a réussi à voir toutes les parties, des loyalistes modérés aux radicaux en passant par les indépendantistes”, rapporte le journal belge.

“Même ceux accusés d’avoir soutenu les émeutes”, note pour sa part Le Temps.

Trois négociateurs désignés

Emmanuel Macron était venu dans l’archipel du Pacifique pour “tenter de pacifier” et “mettre fin à la crise la plus grave qu’ait connue la colonie depuis quarante ans”, contextualise El País.

Livrant ses conclusions très tard dans la nuit australe avant de quitter “ce territoire français à l’autre bout du monde”, il a assuré qu’il espérait bien que tous les participants au débat appellent à lever les barrages et au retour “à l’ordre et au calme” dans les heures suivant sa prise de parole, relate Le Temps, qui voit là “une priorité absolue et une condition sine qua non pour lever l’état d’urgence imposé depuis le 15 mai”.

Le chef de l’État a déclaré qu’il s’engageait dans le contexte actuel à ne pas faire passer “en force” la réforme du corps électoral donnant le droit de vote aux élections locales à tous les Français résidant sur place depuis plus de dix ans – “celle-là même qui a mis le feu aux poudres”, rappelle le quotidien suisse. Et il a donné environ un mois aux responsables politiques locaux pour montrer leur capacité à s’entendre sur un accord politique global, qu’il souhaite voir soumis au vote des Calédoniens.

De quoi faire dire au Soir qu’“Emmanuel Macron veut à tout prix l’apaisement”. “[Il] fait le pari qu’une mission administrative pourra dénouer l’écheveau dans les prochaines semaines. Trois hauts fonctionnaires, sans étiquette politique marquée, ont été désignés pour tenter de négocier un accord entre indépendantiste et loyalistes.”

“Du mou” donné aux indépendantistes

Le point d’étape prévu d’ici trente jours est “une manière d’assouplir l’ultimatum très critiqué qu’il avait posé”, analyse Le Temps, alors qu’il “avait exigé que tout le monde se mette d’accord avant la fin de juin, faute de quoi la réforme critiquée serait soumise au vote du Congrès français telle quelle”. Il donne ainsi “du mou aux indépendantistes kanaks, ne serait-ce qu’en [matière] de délais”. Mais cette “volonté d’apaisement” ne dit “cependant pas à quoi ressembleront précisément les éléments de la sortie de crise”.

Pour le média helvète, il y a en tout cas peu de chance que cela arrive avant juillet et les Jeux olympiques, comme prévu, voire exigé : “La route est encore longue, bien plus longue que le vol retour vers Paris.”

Jordan Bardella et Gabriel Attal, à Aubervilliers, lors d’un débat animé par la journaliste Caroline Roux sur France 2, le 23 mai 2024.
Jordan Bardella et Gabriel Attal, à Aubervilliers, lors d’un débat animé par la journaliste Caroline Roux sur France 2, le 23 mai 2024. THOMAS SAMSON/AFP

Pendant que vous dormiez. Débat Attal-Bardella, Taïwan, Tchad : les informations de la nuit

Vif débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella à deux semaines des élections européennes. Le “jeune” Premier ministre, Gabriel Attal (35 ans), et “l’encore plus jeune” président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella (28 ans), ont eu “le duel au sommet dont ils avaient besoin”, lors d’un débat “animé” sur France 2, jeudi 23 mai, “non sans tomber dans quelques pièges”, résume Le Temps. “L’un voulait présenter son parti, le RN, comme la seule [solution] alternative possible au macronisme. L’autre voulait faire exister la liste macroniste menée par la peu connue Valérie Hayer, qui est en train de plonger dans les sondages.” Le journal suisse évoque “un hold-up” de “ce duo qui cherche à s’approprier durablement le sommet du paysage politique français” et qui a “parfois viré à la caricature”.

La Chine affirme encercler Taïwan pour tester sa capacité à “prendre le pouvoir” dans l’île. La Chine a déclaré vendredi que les manœuvres en cours encerclant Taïwan avaient pour objectif de tester sa capacité militaire à “prendre le pouvoir” dans l’île autonome, quelques jours après l’investiture du nouveau président. Baptisées “Joint Sword-2024A”, ces manœuvres sont les plus importantes depuis que des exercices similaires ont été lancés contre Taïwan en août 2022 et avril 2023, relève The Guardian. “Pékin a déclaré que les exercices de cette semaine étaient une ‘punition’ pour des ‘actes séparatistes’ – c’est-à-dire le fait que Taïwan ait voté pour Lai Ching-te comme président”, explique le journal britannique.

Au Tchad, Mahamat Déby, l’ex-chef de la junte élu président, a prêté serment. Le général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de la junte militaire depuis trois ans avant d’être élu président dans un scrutin boycotté par l’opposition, a prêté serment, jeudi 23 mai, pour un mandat de cinq ans. “Il devient ainsi le tout premier président de la Ve République du Tchad”, note le site Journal du Tchad. Dans son allocution, il a fait “de grandes promesses”, notamment celle de défendre l’intérêt du pays avec force et conviction.

La dernière fois que Mohammad Rasoulof avait pu venir à Cannes, c’était en mai 2017. Cette année-là, son film “Un homme intègre” avait été primé dans la sélection Un certain regard. De retour en Iran, quelques semaines plus tard, le cinéaste avait vu son passeport confisqué.
La dernière fois que Mohammad Rasoulof avait pu venir à Cannes, c’était en mai 2017. Cette année-là, son film “Un homme intègre” avait été primé dans la sélection Un certain regard. De retour en Iran, quelques semaines plus tard, le cinéaste avait vu son passeport confisqué. Photo STÉPHANE MAHÉ/REUTERS

Cinéma. La présence de Mohammad Rasoulof au Festival de Cannes indigne la presse iranienne

Ce 24 mai, le cinéaste dissident iranien va monter les marches du Palais des festivals de Cannes. Une semaine après avoir pris le chemin de l’exil, il vient défendre son nouveau film, “Les Graines du figuier sauvage”, en lice pour la Palme d’or. Une situation fraîchement accueillie par la presse officielle.

C’est l’un des événements de cette fin de Festival de Cannes. Ce 24 mai, le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof doit monter les marches avant la projection de son nouveau film, Les Graines du figuier sauvage, en sélection officielle. Il y revient sur le mouvement “Femme, vie, liberté”, déclenché en Iran en automne 2022, à travers le personnage fictif d’Iman (Misagh Zare). Père de deux filles, celui-ci vient de prendre ses fonctions de juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand éclatent les manifestations.

Le réalisateur dissident de 52 ans vit désormais en Europe. Le 13 mai, il a annoncé qu’il avait fui son pays et pris la voie de l’exil, après sa condamnation à cinq ans de prison par la justice iranienne.

“Il a humilié la République islamique”

La nouvelle de son exil, comme celle de la projection cannoise de son film, passe évidemment mal auprès des médias proches du pouvoir iranien. “Rasoulof, ce cinéaste pro-occidental dont les films amers montrent un Iran plongé dans la noirceur, a tourné le dos à son pays pour devenir le favori du festival politico-cinématographique de Cannes”, réagit par exemple Iran Newspaper, publication du gouvernement.

Au cours de sa carrière, depuis deux décennies, Mohammad Rasoulof a réalisé la quasi-totalité de ses œuvres sans autorisation de tournage. Et il a régulièrement abordé des sujets considérés comme tabous au sein de la République islamique. Par exemple l’assassinat d’intellectuels par la police secrète (Les manuscrits ne brûlent pas, 2013), la corruption (Un homme intègre, 2017) ou encore la peine de mort (Le diable n’existe pas, 2020). Dans tous ses documentaires et films, il “a directement et indirectement attaqué et humilié la République islamique avec son regard destructeur”, regrette donc Iran Newspaper.

“Les festivals et cérémonies comme Cannes et les Oscars sont soutenus financièrement et politiquement par les dirigeants de leur pays, et ils n’adressent de louanges qu’aux films et cinéastes qui servent les objectifs de ces derniers”, assène encore le média gouvernemental.

“Le porte-parole des Occidentaux”

Iran Newspaper feint de regretter que Rasoulof “ne soit pas resté en Iran, comme de nombreux autres réalisateurs”, afin de “montrer à la fois la laideur et la beauté” du pays dans ses films. “Mais il a été trompé par le glamour et les faux slogans des Occidentaux et est devenu leur porte-parole”, dénonce le média d’État.

Un autre média étatique accuse le cinéaste d’avoir “vendu son pays à l’Occident” en quittant le pays et se rendant en Europe. “Il semble que nous assistions à une série d’événements prévus pour lui assurer la Palme d’or”, lance Hamshahri, organe de la mairie de Téhéran.

Le quotidien compare Rasoulof au cinéaste turc Yilmaz Güney (1937-1984) qui avait été sacré à Cannes, en 1982, pour son film Yol. La permission. Condamné pour son engagement kurde, le réalisateur “s’était évadé de prison et s’était rendu en Suisse pour monter son film”, raconte Hamshahri. Il s’était ensuite installé en France. “L’opposition du gouvernement turc à la présence illégale d’un criminel en France avait aidé le film et son réalisateur à remporter la Palme d’or”, assure le média de la municipalité.

L’exil, une “troisième voie”

Dans les médias de la diaspora, le son de cloche est bien sûr tout autre. Le traitement des artistes par les autorités iraniennes reste similaire à celui choisi par les régimes totalitaires de l’ex-Allemagne de l’Est et de l’Union soviétique, constate ainsi le média d’opposition Iran International. “Si les artistes veulent progresser et recevoir du soutien, ils doivent se soumettre aux exigences du gouvernement”, indique-t-il.

Ainsi, avant de quitter l’Iran, Rasoulof devait faire face “au dilemme de la censure ou de l’isolement dans son pays”, estime le site, établi à Londres. Cependant, Rasoulof a choisi” une troisième voie : combattre la tyrannie à travers le cinéma, depuis l’Europe”, écrit Iran International.

Le soutien de l’ami Jafar Panahi

En Iran, le destin de Rasoulof est associé à celui du célèbre cinéaste Jafar Panahi : les deux amis et collègues avaient déjà été arrêtés en 2009, lors du tournage d’un film, pour avoir soutenu le “mouvement vert”, qui contestait la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence. Ils sont en Iran “les pionniers du cinéma social sans autorisation”, note Radio Zamaneh, un média de la diaspora situé aux Pays-Bas :

“Panahi et Rasoulof ont montré aux cinéastes iraniens qu’il était possible de réaliser des films sans budget et de réussir à être sélectionnés dans de prestigieux festivals étrangers.”

Jafar Panahi a salué la sortie de son collègue du pays. “Comme Don Quichotte défiant les moulins à vent, le ministre [de la Culture et de l’Orientation islamique] continue de menacer les cinéastes iraniens et de promettre la mort du cinéma indépendant”, a écrit Panahi sur sa page Instagram. “Mais quel faux rêve ! Le ministre sait bien que ce qui restera à la fin, c’est le cinéma indépendant iranien. Soit dans le pays, soit dans le monde entier, grâce à des cinéastes comme Rasoulof.”

Récemment, le journal iranien Etemad a rapporté que “71 films clandestins”, dont des documentaires, des courts-métrages et des longs-métrages, avaient été envoyés d’Iran pour participer à l’édition 2024 du Festival de Cannes. “Il suffit de regarder les stands vides de la République islamique à Cannes pour se rendre compte de la faillite du gouvernement”, note de son côté Radio Zamaneh.


Les Graines du figuier sauvage, le nouveau film de Mohammad Rasoulof, sortira bientôt en France, à une date qui reste à préciser.

Une étudiante de la JNU proteste contre des scène de violences anti-musulmans dans l’Etat du Tripura, le 1er novembre 2021. PHOTO IMTIYAZ KHAN/ANADOLU/AFP
Une étudiante de la JNU proteste contre des scène de violences anti-musulmans dans l’Etat du Tripura, le 1er novembre 2021. PHOTO IMTIYAZ KHAN/ANADOLU/AFP IMTIYAZ KHAN / Anadolu via AFP

Reportage. “Nous ne sommes pas des terroristes” : l’université de Delhi victime d’une cabale nationaliste

Connue pour être un lieu privilégié de débats intellectuels, l’université Nehru de New Delhi est la cible d’attaques virulentes centrées sur l’anathème de l’“islamo-gauchisme” – à la sauce indienne. À la manœuvre, la droite nationaliste hindoue, favorite des élections législatives qui doivent se clore ce 1ᵉʳ juin. Immersion.

Mercredi 10 avril 2024. L’université Jawaharlal-Nehru (JNU), à New Delhi, vient tout juste de décrocher le titre de meilleur établissement d’enseignement supérieur du pays au classement international QS [l’un des plus prestigieux au monde]. Il est 21 heures, et la résidence universitaire Narmada brille de mille feux. Tandis que les étudiants dînent dans la cafétéria, à l’extérieur, une dizaine d’acteurs se préparent près de trois vans remplis de matériel de cinéma. Ils participent au tournage d’une web-série signée Sudhir Mishra, qui retrace le parcours d’étudiants pendant la période de l’état d’urgence [1975-1977].

Cinq étudiants de première année au Centre d’études russophones passent devant les comédiens sans s’arrêter. C’est surtout l’agitation qui règne dans le bâtiment d’en face – le siège de la JNUSU, l’association représentant les étudiants sur le campus – qui retient leur attention. L’All India Students Association (Aisa) y tient une réunion publique pour dénoncer la “marchandisation du campus”. Le petit groupe, curieux, s’installe sur le perron pour suivre les débats. À l’intérieur, Sucheta De, l’ancienne présidente de la JNUSU, s’exprime devant une trentaine d’étudiants : certaines personnes cherchent à altérer l’identité de la JNU, connue pour “son métissage d’univers et d’expériences”, prévient-elle.

Les cinq étudiants, tous originaires de différentes régions du pays, discutent quelques instants du tournage en cours. Mais bien vite, la conversation dérive vers les récentes critiques qui visent la JNU – et qui ont bien failli dissuader leurs parents de les laisser s’y inscrire. “À l’extérieur, les gens nous traitent de terroristes”, confie l’un d’eux.

Sortir de l’ordinaire

Fondée en 1969, la JNU regroupe 10 facultés et 18 résidences universitaires en brique apparente, disséminées sur plus de 400 hectares. Pour les étudiants comme pour les enseignants, l’université est un lieu d’éveil politique, qui promeut la culture du débat dans les amphis et au-delà, jusque sur les pelouses du campus et dans ses dhabas [“échoppes”, en hindi].

Sur son site Internet, l’université se présente comme “un centre d’enseignement et de recherche de renommée internationale”, avec “une structure académique sortant quelque peu de l’ordinaire”.

Si l’établissement est perçu de manière si différente par ses membres et par le grand public, c’est notamment à cause de deux films, qui se retrouvent en plein cœur du débat : Bastar. The Naxal Story, sorti en mars, et JNU. Jahangir National University, qui devrait arriver dans les salles indiennes prochainement.

Le premier se présente comme inspiré de la véritable histoire de l’insurrection maoïste dans le district de Bastar, dans l’État du Chhattisgarh [dans le centre du pays]. Dans la bande-annonce, la comédienne Adah Sharma, qui interprète une policière, évoque la glorification, au sein de la JNU, du massacre de 76 soldats : “Une université aussi prestigieuse qui célèbre le meurtre de nos soldats… Comment en est-on arrivé là ?” s’interroge son personnage.

Réputation erronée

L’affiche de Jahangir National University, quant à elle, est ornée du slogan : “Une simple fac peut-elle faire imploser la nation ?”, accompagné d’un immense poing se refermant sur une carte de l’In

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Un navire dans le port de la ville roumaine de Sulina, située dans le delta du Danube, tout près de la frontière ukrainienne, et par où transitent beaucoup de céréales ukrainiennes, le 5 août 2023.
Un navire dans le port de la ville roumaine de Sulina, située dans le delta du Danube, tout près de la frontière ukrainienne, et par où transitent beaucoup de céréales ukrainiennes, le 5 août 2023. photo ANDREEA CAMPEANU/NYT

Analyse. Avec la guerre, l’Ukraine a redécouvert son voisin roumain

Après de longues années passées à se tourner le dos, la Roumanie et l’Ukraine ont été poussées par la guerre à enterrer leurs différends et à investir dans leurs infrastructures de voisinage. De la Bucovine frontalière à Kiev en passant par Bucarest, le journal économique polonais “Gazeta Prawna” raconte l’épanouissement de ces relations bilatérales.

L’invasion russe a fait redécouvrir à l’Ukraine un voisin qu’elle avait oublié : la Roumanie. À la suite de la fermeture des ports ukrainiens de la mer Noire, le 24 février 2022, les exportations et importations ukrainiennes, y compris l’aide militaire, sont devenues dépendantes comme jamais des routes commerciales qui passent par la Pologne et la Roumanie.

Le port [roumain] de Constanta est ainsi devenu une plaque tournante, d’importance comparable à celle de Jasionka, près de Rzeszow [ville polonaise proche de l’Ukraine dotée d’un aéroport international]. De même pour le Danube et les routes terrestres roumaines.

La Roumanie n’a d’ailleurs pas été épargnée par les drones russes. L’un des dragueurs de mines roumains a été endommagé par une mine.

“De tous les pays de l’Otan, la Roumanie est le plus proche de la guerre. Lviv [proche de la frontière polonaise] est rarement bombardée. Odessa, située près de la frontière roumaine, en revanche, est l’une des principales cibles des attaques russes”, remarque le commentateur et politologue ukrainien Oleh Saakian.

Trous perdus

Avant 2022, Roumains et Ukrainiens se tournaient le dos. Vue de Kiev, la frontière roumaine semble bien lointaine et inintéressante. La frontière longe l’oblast d’Odessa, à laquelle aucune route correcte n’a jamais mené pendant des années, et la région du delta du Danube, presque inhabitée, est dépourvue de pont. Quant à la Transcarpatie ou à la Bucovine [régions situées à la frontière entre les deux pays], elles sont synonymes de trous perdus. Vus de Bucarest, les Ukrainiens sont des voisins bien moins importants que les Moldaves, qui parlent la même langue.

Les relations bilatérales étaient de surcroît placées sous le signe du différend autour de l’île des Serpents. À cela s’ajoutaient la conflictuelle délimitation du plateau continental de la mer Noire, l’agrandissement du canal de Bystroe, dans le delta du Danube, qui concurrence les routes roumaines, et enfin l’enseignement de la langue roumaine en Ukraine.

Pendant que les Ukrainiens regardaient d’un mauvais œil la minorité roumaine de Bucovine prendre des passeports roumains, Bucarest en voulait à Kiev de reconnaître la spécificité de la langue moldave. De tous ses voisins, c’est Bucarest qui a reconnu l’indépendance de l’Ukraine en dernier, le 8 janvier 1992, un mois après la Pologne. Kiev a aussi entretenu de bonnes relations avec les séparatistes de Transnistrie, en Moldavie, ce qui a eu le don d’irriter la Roumanie. Ce n’est qu’après l’invasion russe que le pays a fermé sa frontière avec cet État autoproclamé et a complètement changé de rhétorique.

Le conflit sur la frontière maritime s’est soldé en 2009 par un jugement de la Cour internationale de justice, qui a attribué 80 % des eaux contestées aux Roumains. Le reste de la polémique a été étouffé après le 24 février 2022, ce qui a ouvert la voie à une amélioration des relations. “Au début, les Ukrainiens avaient peur de fuir la guerre vers la Roumanie. Ils pensaient vraiment que les Tsiganes les dépouilleraient. Tout a changé en deux semaines, quand il s’est avéré que la Roumanie était un pays normal, disposant de gens prêts à aider. Au total, deux millions de réfugiés sont passés par la Roumanie”, précise Alexandru Greceniuc.

Pour les Ukrainiens de Roumanie, cet homme de 30 ans vivant à Cluj, la capitale de la Transylvanie, est une institution. Greceniuc est un militant de la minorité ukrainienne, président du Congrès mondial des organisations de jeunesse ukrainiennes, membre du Conseil de la jeunesse du président Volodymyr Zelensky et représentant de la chambre de commerce et d’industrie ukrainienne en Roumanie. Il travaille également en tant qu’architecte. Greceniuc a étudié à Cluj, mais il vient, à l’origine, d’une petite ville qui s’est retrouvée sép

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Les joueurs de l’Afrique du Sud lors du match de la Coupe du monde de rugby contre les Tonga, le 1er octobre 2023 à Marseille.
Les joueurs de l’Afrique du Sud lors du match de la Coupe du monde de rugby contre les Tonga, le 1er octobre 2023 à Marseille. photo ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP

Société. Le rugby sud-africain manque encore de diversité

Un rapport évaluant la diversité au sein du rugby sud-africain souligne qu’en dépit de progrès significatifs les joueurs blancs sont encore nettement surreprésentés dans les équipes professionnelles, notamment au sein des Springboks, vainqueurs des deux dernières Coupes du monde.

Désireux d’accélérer l’inclusion de toutes les communautés qui composent l’Afrique du Sud dans le sport en général, le gouvernement sud-africain a fixé des objectifs ambitieux à la fédération nationale de rugby. Mais un rapport interne à la fédération rendu public par le journal de langue afrikaans Rapport, le dimanche 19 mai, révèle que la plupart des équipes professionnelles sont encore loin du compte dans un pays où le rugby est traditionnellement considéré comme un “sport de Blancs”.

L’audit mené par la Fédération de rugby sud-africaine (Saru) avait pour but d’évaluer les progrès en matière de diversité dans le cadre d’un “plan de développement stratégique” gouvernemental qui impose notamment d’aligner des équipes composées à 60 % de joueurs noirs et “coloured” (métis) d’ici à 2030.

Dans cette perspective, en 2023, l’équipe nationale, les Springboks, vainqueurs des deux dernières Coupes du monde de rugby, devaient inclure 54 % de joueurs de couleur, dont 27 % de joueurs noirs. “Les Springboks n’ont pas atteint cet objectif”, constate le

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