Le taux d’occupation des bureaux a peu de chances de revenir prochainement aux niveaux d’avant la pandémie, si l’on en croit l’analyse du Financial Times :

“Des mois après la levée des dernières restrictions dues au Covid, les dernières données disponibles montrent que le nombre d’employés qui se déplacent pour aller travailler reste inférieur de près d’un quart aux niveaux observés en février 2020, avant que le coronavirus ne s’installe au Royaume-Uni.”

La baisse du nombre de “navetteurs” (les habitués des trajets domicile-bureau) observée dans le pays est bien plus spectaculaire qu’ailleurs en Europe – en Allemagne, par exemple, elle n’est que de 7 %. Et même si les données recueillies aux États-Unis et au Canada sont plus proches de celles du Royaume-Uni, elles montrent que dans ces deux pays également les travailleurs sont plus nombreux à fréquenter à nouveau leur bureau tous les jours.

La réticence à retourner au bureau est particulièrement aiguë à Londres. Les données livrées par Google font apparaître que les déplacements vers les lieux de travail ont diminué de plus de 30 % dans la capitale britannique. Selon les statistiques de Transport for London, le phénomène serait même encore plus prononcé : le nombre de voyageurs ayant fréquenté les gares de la capitale le dernier jeudi d’avril restait de 42 % inférieur aux niveaux d’avant la crise sanitaire – le jeudi étant traditionnellement le jour de pointe pour les déplacements domicile-bureau.

Des télétravailleurs convaincus d’être plus productifs

Pour Jack Leslie, économiste membre du think tank The Resolution Foundation, une combinaison de facteurs contribue au succès du télétravail au Royaume-Uni. “Le Royaume-Uni est une économie basée sur les services, ce qui signifie qu’une part plus importante du travail peut être effectuée à distance de manière permanente”, explique-t-il.

Les temps de transport ainsi que les coûts de déplacement sont également plus élevés qu’ailleurs, ce qui constitue un facteur important “alors que les ménages sont confrontés à la pression la plus sévère depuis des décennies sur leur niveau de vie”, souligne le Financial Times.

Selon Christopher Pissarides, professeur à la London School of Economics, les caractéristiques propres au marché du travail britannique, plus flexible et moins réglementé que celui d’autres pays européens, contribuent également à faire du Royaume-Uni une exception en matière de télétravail.

Selon une enquête menée auprès de 33 000 personnes en février dernier par plusieurs universités nord-américaines, les travailleurs britanniques apparaissent plus convaincus que les autres Européens que le travail à domicile a augmenté leur productivité. Ils sont aussi plus nombreux à se déclarer prêts à démissionner s’ils étaient contraints de retourner sur leur lieu de travail à plein temps.